MARTINON DE SAINT-FERRÉOL Amédée [MARTINON de Saint-Ferréol Pierre, Ignace, Amédée, dit Saint-Ferréol]

Né à Brioude (Haute-Loire) le 29 juillet 1810 (le 30 juillet d’après Arch. Dép. 4 M 60), où son père, de tendance légitimiste, fut substitut, puis juge ; mort à Brioude en 1894 ; député en 1849, puis en 1885 ; membre de la Société des droits de l’Homme, républicain démocrate-socialiste exilé en Belgique et en Suisse sous le Second Empire ; membre du Groupe ouvrier à la Chambre des Députés après 1888.

Amédée Saint-Ferréol fit ses études secondaires au collège de Brioude (1819-1823), puis à Clermont (1823-1826), enfin ses études supérieures de droit (1830-1832) à Paris où il suivit les conférences saint-simoniennes de la salle Taitbout.

Inscrit au barreau de Brioude, il écrivit dans Le Patriote du Puy-de-Dôme, journal républicain, et s’affilia à la Société des droits de l’Homme, puis à l’Association en faveur de la liberté de la presse.

Après la révolution de Février qui fit de lui un sous-commissaire de la République à Brioude, il entra en relations suivies avec le Comité central des démocrates socialistes. Élu député à la Législative, second sur six, par 23 882 voix, sur 43 874 votants et 77 111 inscrits, il siégea à la Montagne.

Il participa à l’activité du club de la salle Roisin, 169, faubourg Saint-Antoine, présidé par l’abbé de Montlouis. À la séance de ce club du 1er juin 1849, il déclarait : « Les républicains de la Montagne se mettront en communauté avec le peuple, près de qui ils viendront puiser de nouvelles forces. » Rodomontade, ou allusion aux préparatifs médiocres de ce qui devait être la piteuse journée du 13 juin ?

Hostile à l’expédition de Rome, à la loi Falloux, et à sa loi restrictive du suffrage universel, Saint-Ferréol signa la proclamation de Victor Hugo contre le coup d’État.

Au lendemain du 2 décembre 1851, il fut expulsé et résida de fin janvier 1852 à 1870 — sauf quelques brefs séjours à Brioude après 1859 — à Bruxelles et Genève. Il en profita pour visiter la Suisse, l’Italie, l’Allemagne, la Bohême, l’Angleterre et la Hollande.

En 1866, il publia la Réponse d’un vieux démocrate, ouvrage qui s’adressait à la jeune génération républicaine. Le 6 mai 1866, La Rive gauche en publia un compte rendu d’inspiration proudhonienne : tout en appréciant ce qu’il y avait de socialiste dans cette œuvre, elle lui reprochait de trop compter sur l’action des pouvoirs publics et sur la politique.

Au début de 1870, il fit paraître à Bruxelles un ouvrage très documenté : Les Proscrits français en Belgique ou la Belgique contemporaine vue à travers l’exil, volume qui eut plus de succès qu’une brochure analogue et antérieure : Impressions d’exil à Genève.

Rentré en France avec la guerre franco-prussienne, il fut successivement membre de la Commission municipale, puis maire de Brioude durant le second semestre 1870, mais il donna sa démission quelques mois plus tard, en 1871.

Candidat radical extrême, patriote affirmé et accusé de bellicisme par le centre et par la droite, il avait été battu le 8 février 1871 aux élections à l’Assemblée nationale.

Au cours d’une polémique avec Guyot-Montpeyroux, député républicain modéré élu en 1869, ce dernier l’accusa d’avoir soutenu la Commune (dossier 3 M 4/5 des Arch. Dép.). Sans avoir adhéré à proprement parler à la Commune, Saint-Ferréol, conseiller municipal de Brioude, fut délégué à Lyon au Congrès des villes républicaines pour soutenir la Commune de Paris. Après la défaite de celle-ci, il serait parti avec Maigne, « chef du parti démagogique à Brioude », pour Paris et la Belgique « à ce qu’on soupçonne » et dans le but « de porter des secours aux réfugiés » (Enquête parlementaire sur l’insurrection du 18 mars 1871, rapport du préfet, p. 145-146).

Élu député de la Haute-Loire, en 1885, sur une liste de Défense républicaine menée par Charles Dupuy, il se fit inscrire au groupe d’extrême-gauche radical, puis, en 1888, au groupe ouvrier de Camélinat et Clovis Hugues.

Retiré de la vie publique, il publia de 1888 à 1893, cinq volumes de Mémoires et un appendice, ainsi que divers ouvrages d’archéologie et d’histoire locale. Il avait antérieurement écrit des ouvrages et opuscules sur des problèmes sociaux et économiques, notamment sur la question agraire. Saint Ferréol était riche. Ses revenus étaient évalués à 30 000 F par le sous-préfet de Brioude, en décembre 1871.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75975, notice MARTINON DE SAINT-FERRÉOL Amédée [MARTINON de Saint-Ferréol Pierre, Ignace, Amédée, dit Saint-Ferréol], version mise en ligne le 18 janvier 2010, dernière modification le 16 février 2020.

SOURCES : Arch. Nat., BB 18/1 474. — Arch. Dép. Haute-Loire, 3 M 4/5 et 4 M 60. — Mes Mémoires, par Saint Ferréol, Brioude, Chouvet, 1887-1893, pt in-8°, 5 vol. + 1 vol. (appendices). — Robert, Bourloton et Cougny, Dictionnaire des Parlementaires français.

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