GONTIER Léon

Par Yves Le Maner

Né le 19 janvier 1886 à Amiens (Somme), mort en déportation le 30 décembre 1944 à Neuengamme (Allemagne) ; employé de préfecture ; syndicaliste et militant socialiste, secrétaire adjoint de la fédération socialiste de la Somme ; résistant.

Léon Gontier était issu d’un milieu bourgeois, conservateur et catholique. Il rompit rapidement avec l’idéologie familiale et adhéra au Parti socialiste SFIO dès avant 1914. Rédacteur, chef de bureau à la Préfecture de la Somme, il fut l’un des plus actifs propagandistes socialistes dans ce département pendant l’entre-deux-guerres malgré les conséquences néfastes de cet engagement pour sa carrière professionnelle. Secrétaire du syndicat confédéré des employés de la préfecture, il conserva ce poste au sein de la CGT réunifiée après la fusion de 1935. Membre de la commission administrative de la Fédération socialiste de la Somme, il en devint l’un des secrétaires adjoints après le passage au néo-socialisme de plusieurs dirigeants de la « vieille garde » en 1933.

Léon Gontier fut également président du comité départemental du Rassemblement populaire de la Somme de 1936 à 1938, président de la section d’Amiens de la Ligue des droits de l’Homme et président de la section départementale de cette dernière organisation. Comme la plupart des dirigeants socialistes de la Somme pendant l’entre-deux-guerres, il appartenait à la Franc-Maçonnerie et fut vénérable de la Loge « Picardie » d’Amiens jusqu’en 1939 ainsi que conseiller de l’ordre du GODF au début de la guerre.

Réfugié en Normandie au lendemain de la débâcle de mai 1940, Léon Gontier revint à Amiens en septembre et entreprit immédiatement de reconstituer la Fédération socialiste de la Somme dans la clandestinité et en prit la direction. En compagnie de Léon Tellier*, il organisa les premières réunions de militants qui donnèrent naissance à la résistance socialiste en Picardie. Toujours secondé par Tellier, il créa le Comité d’Action socialiste de la Somme et un groupe de la « France au Combat » qui se transforma bientôt en unité départementale du mouvement « Libération-Nord ». Léon Gontier fut arrêté par la Gestapo en gare du Nord à Paris, en compagnie de Biondi (député-maire de Creil), le 13 janvier 1944 alors qu’il se rendait à une réunion nationale du CAS. Détenu pendant quelques semaines à Amiens, il se distingua par son courage et son dévouement, suite à au bombardement de la prison (opération Jéricho) en aidant les personnes blessées et ensevelies à gagner la sortie, malgré la pression de son entourage qui l’encourage à fuir. Léon Gontier fut alors retenu par les Allemands et il fut ensuite déporté en Allemagne via Compiègne. Il mourut d’épuisement à Neuengamme le 31 décembre 1944.
Chevalier de la Légion d’honneur et décoré de la croix de guerre, Léon Gontier a donné son nom à l’une des places de la ville d’Amiens.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article75984, notice GONTIER Léon par Yves Le Maner , version mise en ligne le 20 janvier 2010, dernière modification le 10 février 2022.

Par Yves Le Maner

Hommage à Léon Gontier dans le journal Libération en février 1945.

SOURCES : Arch. Dép. Somme, Z 317. — Arch. GODF (dossier Léon Gontier) — Le Cri du Peuple, 19 février 1938. — Libération (Bulletin mensuel du mouvement de résistance « Libé-Nord » pour la Somme), février 1946. — Renseignements fournis par Léon Tellier — Roger Catel, Le Centenaire de la Respectable Loge de Picardie à l’Orient d’Amiens, Paris, GO Éditions, 1992 — Notes de Julien Cahon (renseignements fournis par l’arrière-petit-fils de Léon Gontier).

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