RAKOSI Matiach. Pseudonymes : PINGOUÏNO, DJAKOMO, ANTONIO (en Italie), ACQUES, RAOUL (France), VILHELM Bräun, GROSZ Peter, MARBOCZI (Hongrie) (DBK)

Par Mikhaïl Pantéleiev, Serge Wolikow

Né le 9 mars 1892 à Ada, région deBatchka (Hongrie), mort en février 1971 à Moscou ; officier de carrière ; homme politique, militant du Parti, commissaire du peuple à la Production nationale (1919) ; secrétaire du Comité exécutif de l’IC (192122) ; secrétaire général du PC hongrois, devenu ultérieurement Parti des travailleurs) de Hongrie (1945-1956) ; président du conseil des ministres de la République populaire de Hongrie (1952-53).

Né dans une famille juive de marchands, Matiach Rakosi termina ses études à l’école populaire de Chopron, et entra à l’école secondaire de Ségued. En 1910-1912, il fit ses études à l’Académie militaire de Budapest. De l’automne 1912 au milieu de l’année 1913, il séjourna à Hambourg et fut correspondant d’une entreprise d’import-export puis jusqu’au début de la Première Guerre mondiale, il travailla à Londres, dans des entreprises commerciales. En 1914, il fut appelé sous les drapeaux. Ayant terminé ses études d’officier en décembre 1914, il obtint le grade de cadet puis fut envoyé sur le front russe, où il participa aux combats dans les Carpathes. En 1915, il fut fait prisonnier et déporté dans un camp de prisonniers de guerre en Sibérie, près de Tchita. En avril 1918, il fut échangé contre un prisonnier de guerre russe ; de retour en Hongrie il servit au bureau de la 6e division d’infanterie à Sabadka.

Au début de la Révolution, il partit pour Budapest. Il était entré au Parti ouvrier social-démocrate de Hongrie en 1910. À Hambourg, il avait milité au sein de l’Union des ouvriers de Hongrie et été secrétaire du Cercle Galilée, à Londres il avait été un des dirigeants du groupe hongrois du Club international des ouvriers communistes. Revenu de son exil russe, il avait cessé de militer jusqu’au début de la Révolution.

Rakosi adhéra au Parti communiste de Hongrie dès sa création en novembre 1918. Pendant la période de la République soviétique en Hongrie en 1919, il occupa des postes de commissaire adjoint au Commerce et à la Production nationale. Il fut membre du Soviet de Budapest et de son Comité exécutif, membre du Soviet de l’économie nationale ; il fut enfin commissaire de division et commandant de la Garde rouge. Après la chute de la République le 1er août 1919, il émigra à Vienne où il fut arrêté et mis en prison. Libéré en mai 1920, il se rendit en Russie. Il participa au IIe congrès de l’IC, travailla pour le compte de l’appareil du CE de l’IC dans plusieurs commissions. En 1921, il était représentant du CE de l’IC en Tchécoslovaquie : il participa au congrès constitutif du Parti communiste d’Italie (janvier 1921) où il s’attira l’hostilité de Gramsci par ses remarques grossières contre Bordiga. Il assista à une réunion du Comité central élargi du PC d’Allemagne. Après le IIIe congrès de l’IC (1921), il fut élu secrétaire du CE de l’IC et le resta jusqu’au IVe congrès (novembre 1922), ensuite il occupa le poste de secrétaire adjoint du CE de l’IC jusqu’au Ve congrès (juillet 1924). Du IVe au Ve congrès, il fit plusieurs missions pour l’IC en Italie (à Rome), en France (Paris, Lyon), en Allemagne (Berlin, Francfort) et représenta le CE de l’IC dans ces pays. Lors du Ve congrès de l’IC, il prit part au travail de la commission italienne mais il n’intervint pas dans la discussion et ne fut pas réélu au Secrétariat. De 1922 à 1924, il fut membre du PCR (b).

En 1924, il fut envoyé en Hongrie pour réorganiser le Parti communiste de Hongrie et le bolcheviser. Il participa au congrès de réorganisation du PCH avec Bela Kun, Gyula Alpari*, Eugène Landler et d’autres en août 1925 à Vienne. Arrêté en septembre 1925, il fut condamné d’abord à huit ans et demi de prison, puis en 1934 à la réclusion à vie. Après son arrestation, Rakosi fit à la police hongroise des dépositions sur l’activité de l’IC, ce qu’une commission spéciale de l’IC devait ultérieurement qualifier d’erreur. L’affaire fut close en février 1941 après les explications écrites de Rakosi. Absent lors du VIIe congrès de l’IC (1935), il fut élu au Présidium de son Comité exécutif. En octobre 1940, il fut mis en liberté dans le cadre d’un échange de prisonniers politiques entre les gouvernements soviétique et hongrois.
De 1940 à 1944 il dirigea le bureau étranger du Parti communiste hongrois à Moscou. En mai 1943, Rakosi fut le seul Hongrois à signer le Manifeste de dissolution de l’IC. Revenu en Hongrie en février 1945, il fut secrétaire général du PC hongrois jusqu’en juin 1948, puis du Parti hongrois des travailleurs (PHT) jusqu’en juin 1953 ; de cette date à juillet 1956 il fut le premier secrétaire du PHT. De 1945 à 1952, il fut également vice-président du conseil des ministres de la République populaire de Hongrie. En juillet 1953, ce fut Imré Nagy, qui devint premier ministre : il fut donc durant ces années le personnage le plus puissant de Hongrie. Rakosi dirigea les délégations du PHT aux 19e et 20e congrès du PCUS. En juillet 1956, conformément à une décision du CC du PHT, Rakosi fut relevé de ses fonctions et renvoyé du bureau politique du PHT. Pendant l’insurrection hongroise qui eut lieu en octobre 1956, il émigra en URSS. Il vécut en exil en Asie centrale et mourut dans l’obscurité.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76001, notice RAKOSI Matiach. Pseudonymes : PINGOUÏNO, DJAKOMO, ANTONIO (en Italie), ACQUES, RAOUL (France), VILHELM Bräun, GROSZ Peter, MARBOCZI (Hongrie) (DBK) par Mikhaïl Pantéleiev, Serge Wolikow, version mise en ligne le 24 janvier 2010, dernière modification le 24 janvier 2010.

Par Mikhaïl Pantéleiev, Serge Wolikow

SOURCES : RGASPI, passim. — P. Broué, Histoire de l’Internationale…, op. cit.

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