TAILLARD Jean

Par José Gotovitch

Né le 1er janvier 1897 à Molenbeek (Bruxelles), mort le 13 avril 1981 à BerchemSaint-Agathe (Bruxelles) ; comptable ; fondateur du PCB ; administrateur de la presse communiste, membre du comité central ; homme de liaison de l’appareil international, déporté en Allemagne ; conseiller provincial et sénateur.

Jean Taillard au camp du Vernet en juin 1940 (assis 1er rang, avec lunettes).
Jean Taillard au camp du Vernet en juin 1940 (assis 1er rang, avec lunettes).

Jean Taillard était issu d’une famille ouvrière. Son père de nationalité française, était membre du syndicat des métallurgistes et libre-penseur. Taillard adhéra aux Jeunes gardes socialistes en 1914 et milita au Syndicat des employés. En 1916, il devint le beau-frère de Joseph Jacquemotte qu’il suivit dans la gauche socialiste et lors de la fondation du PCB en 1921. Il fut l’un des inculpés du procès de 1923. Il subit encore des emprisonnements en 1925, 1928, 1932 et 1940. Il succéda à Jacquemotte comme secrétaire permanent du Syndicat (socialiste) des employés lors de l’élection de celui-ci au Parlement en 1925. Il assuma également le secrétariat de la Fédération bruxelloise du PC. Comptable de formation, il remplaça l’administrateur de la presse communiste passé en 1928 dans le camp trotskyste, en même temps qu’il devenait trésorier national du Parti.

C’est par son canal et par le biais de fréquents voyages à Düsseldorf que l’argent de l’IC lui fut remis par Eberlein pour assurer la parution du Drapeau Rouge quotidien de 1928 à 1929. Eberlein vint régulièrement à Bruxelles et fut d’ailleurs arrêté en Belgique lors d’une de ses missions financières. Mais l’IC n’était pas satisfaite de la diffusion et coupa les crédits : le journal redevint hebdomadaire.

Repassé dans le privé de 1930 à 1932, Taillard fut à nouveau permanent en 1932 et trésorier jusqu’au lancement du nouveau quotidien La Voix du Peuple, en octobre 1936, dont il fut l’administrateur. En mai 1936, il fut élu conseiller provincial du Brabant. En février 1937, il fut convoqué par l’IC
— c’était son premier voyage en URSS — pour faire rapport sur les difficultés du journal. Avec Xavier Relecom, il rencontra Dimitrov.

Il devait assurer, avec l’argent de l’IC, la gestion financière et technique de la presse de l’Internationale qui parut à Bruxelles en 1939-1940 ainsi que celle des journaux semi-légaux du PCB. Il était en relation suivie avec Léon Mauvais.

C’est en cette qualité qu’il fut arrêté dans une imprimerie le 4 avril 1940 et déporté au camp du Vernet en mai. Rentré en août, il devint employé communal au ravitaillement à Ganshoren et assura clandestinement des responsabilités financières. Il fut arrêté le 4 octobre 1941 et déporté à Mauthausen et Natzweiler.
Rapatrié en mai 1945, sénateur suppléant depuis 1939, Taillard assuma le mandat d’un camarade mort dans les camps.
Réélu en 1946, puis en 1949-1950, il fut trésorier national puis à nouveau administrateur de la presse et membre du comité central de 1946 à 1954. Il fut président d’associations de déportés ainsi que secrétaire de l’Association Belgique-Roumanie jusqu’à son décès. Son frère Henri Taillard (1892-1945), patron cartonnier, militant communiste à Anderlecht, avait été arrêté le 22 juin 1941. Déporté, il mourut à Bergen-Belsen.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76060, notice TAILLARD Jean par José Gotovitch, version mise en ligne le 3 octobre 2010, dernière modification le 11 avril 2017.

Par José Gotovitch

Jean Taillard au camp du Vernet en juin 1940 (assis 1er rang, avec lunettes).
Jean Taillard au camp du Vernet en juin 1940 (assis 1er rang, avec lunettes).

SOURCES : RGASPI, 495 193 16. — CARCOB, dossier CCP. — Interview par l’auteur, 1967. — Le Drapeau Rouge, 14 septembre 1981.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable