Par Peter Huber
Né le 3 juin 1876 à Saint-Galle (Suisse), mort le 13 avril 1929 à Zurich ; zoologiste et médecin de formation ; militant antimilitariste ; membre du PS jusqu’à la scission (1921), puis sans-parti ; président du Secours rouge international suisse ; adhérent au PCS (Parti communiste suisse) en 1927.
Né dans une famille bourgeoise de la Suisse orientale, Max Tobler quitta sa ville natale en 1894 pour étudier la zoologie à Genève. Une brillante thèse sur une limace néo-zélandaise lui permit d’obtenir, en 1901, un stage à l’institut zoologique de Naples. Après une année d’assistant à l’université de Giessen (Allemagne), ayant lu L. N. Tolstoï, il s’embarqua pour l’Angleterre et y devint instituteur, ce qui lui permit de découvrir la classe ouvrière. Rentré en Suisse en 1903, il adhéra au PS et vécut les dix années suivantes à Zurich, en communauté avec F. Brupbacher, médecin et pôle de la pensée antiautoritaire au sein du PSS.
Devenu en 1904 rédacteur à Volksrecht, organe du PS zurichois, Tobler sut vite y imposer sa vision politique, qui se distinguait du marxisme orthodoxe par sa composante socialiste libertaire et fédéraliste. Il fut co-fondateur de la Ligue antimilitariste et écrivit dans Polis, une revue mensuelle (19061908) éditée par des intellectuels socialistes. Dégoûté par les différends survenus dans la rédaction de Volksrecht, il démissionna en 1910 et commença à étudier la médecine, dans le but de devenir indépendant et de l’État (zoologie) et du PS (rédacteur). Tobler vécut les premiers jours de la Grande Guerre à Berlin, et rentra traumatisé en Suisse. Actif depuis longtemps dans la « commission pour la formation » du PS, il déclara : « Le travail de formation de plusieurs décennies est anéanti. Nous devons réfléchir à recommencer le travail à zéro et d’une manière plus radicale. » Marié avec Minna Christinger (Tobler-Christinger), médecin comme lui, ils ouvrirent un cabinet en 1915, et ils furent, vers la fin de la guerre, avec F. Brupbacher, parmi les premiers intellectuels à prôner la rupture avec les « chefs socialistes ».
Tobler quitta le PS lors du congrès de scission (décembre 1920), sans pour autant entrer au PC. Militant très actif dans la « commission pour la formation » du PC, vénéré par le public, il jouit, selon son ami F. Brupbacher, devenu membre du PC, d’un statut « spécial » : « Sans appartenir au PC, il travailla dès le début avec nous au sein du Parti zurichois. Le Parti lui accorda ce statut du fait que Tobler passa pour un révolutionnaire éprouvé. » Ce statut peu commun correspondait parfaitement à son engagement à la tête du Secours rouge suisse : élu en 1923 président de la section suisse de cette organisation auxiliaire du Komintern, ce « sans-parti » incarna l’image que le SRI voulait se donner de lui-même. Membre du comité exécutif du SRI, Tobler participa avec W. Trostel*, secrétaire du Secours rouge suisse, à la IIe conférence internationale du SRI, tenue à Moscou (mars-avril 1927). Revenu en Suisse, impressionné par ce qu’il avait vu à Moscou, il adhéra au PCS. Bien qu’en opposition avec sa femme et avec F. Brupbacher, au sein de la direction du Parti, sur la condamnation de L. Trotsky en 1927, Tobler développa une activité fébrile, multiplia ses apparitions publiques, notamment lors de la campagne en faveur de Sacco et Vanzetti. Atteint d’un cancer, il mourut à Zurich le 13 avril 1929.
Par Peter Huber
ŒUVRE : M. Tobler, Soziale Ursachen der Tuberkulose, Zurich, 1911, 15 p. — M. Tobler, Aus Zürichs Kosakenzeit. Ein Stück Klassenkampf inder Schweiz, Zurich, Verlag der Jungburschenvereine, 46 p. — M. Tobler, Der revolutionäre Syndikalismus, Zurich, 1919, 21 p. — M. Tobler, Der Proletarier in der Literatur, Zurich, 1923, 24 p. — M. Tobler, Moskauer Eindrücke, Zurich, VerlagInternationale Rote Hilfe Schweiz, 1927, 94 p.
SOURCES : Nachlass Ch. Tobler-Christinger (Ar. 23), Studienbibliothek zur Geschichte der Arbeiterbewegung, Zurich. — F. Brupbacher, « MaxTobler gestorben », Die Aktion, (Berlin) no 3/4, (1929). — U. Rauber, « Als Bürgerkind geboren, lief erden Bürgern weg… », Vorwärts, (Zurich), 12 avril 1979. — H. U. Jost, Linksradikalismus in der deutschen Schweiz 1914-1918, op. cit., p. 114-117. — K. Lang, Kritiker, Ketzer, Kämpfer. Das Leben desArbeiterarztes Fritz Brupbacher, Zurich, LimmatVerlag, 1976, p. 137-140. — P. Stettler, Die Kommunistische Partei der Schweiz (1921-1931), op. cit., p. 445. — U. Frei, Ein toter Baum aus dem Bannwald der Demokratie. Das Volksrecht 1898 bis 1973, Zurich, Chronos, 1987, p. 293.