WOOG Edgar. Pseudonymes : STIRNER Alfred, EGGI (DBK)

Par Brigitte Studer

Né le 24 avril 1898 à Liestal (Bâle-Campagne), mort le 20 juin 1973 à Zurich ; bibliothécaire polyglotte ; émigré au Mexique dont il représenta le PC à l’IC, laquelle l’admit au sein de sa commission de contrôle et dont il fut le secrétaire ; rapporteur au Secrétariat latin au début des années 1930, intégra ensuite le département d’organisation ; membre du BP du Parti communiste suisse (PCS) à partir de 1936 ; participa, par la suite, à des opérations en Espagne.

Edgar Woog
Edgar Woog

Portant le pseudonyme de Alfred Stirner, appelé aussi Eggi (de l’abréviation bâloise Edgi pour Edgar), Edgar Woog joua un rôle important dans le PCS, comme dans l’Internationale. Né dans une famille juive propriétaire d’un magasin de textile, d’origine alsacienne, mais naturalisée en 1919, orphelin de père dès son plus jeune âge, citoyen de Bâle et de Zurich, Woog suivit une formation de bibliothécaire. Vers le milieu des années 1930, il parlait cinq langues : l’allemand, le français, l’espagnol, l’anglais et le russe.
En 1916, il adhéra à la Jeunesse socialiste et, de 1918 à 1920, au PS de Bâle. En 1920, il émigra au Mexique et ne reparut en Suisse qu’en 1935 pour y développer les éditions du Parti. Cette année-là , il avait épousé l’institutrice Klavdija Nazarova, dite Klawa, qui, n’ayant pas obtenu l’autorisation de quitter le pays, resta en Union soviétique ; dans une lettre datée de 1937, elle lui écrivit qu’elle avait même dû promettre de ne pas faire de nouvelle demande de départ avant 1940. D’après certaines sources, il aurait alors travaillé un temps à l’Humanité d’Alsace-Lorraine. En février 1936, il remplaça Jakob Fausch en tant que secrétaire du PC zurichois et reprit en même temps la fonction de dirigeant d’organisation de la section. Il semble que, au début de l’année 1936, le comité central suisse l’ait aussi élu au bureau politique du PCS. De l’extérieur, il apparaissait comme employé de bureau au Secrétariat. Devenu suppléant du comité central lors du 6 congrès en 1936, où il fut également parmi les quatre membres de l’importante commission de contrôle des mandats, dont il présenta le rapport. Il fut encore nommé en juin de la même année à trois commissions du secrétariat du PCS : la commission des questions paysannes et agraires et les deux commissions clés de la gestion du Parti et celle des questions d’organisation dont Hofmaier était le responsable. Il ouvrit la librairie Stauffacher à Zurich, gérée par Lydia Scherer devenue sa seconde femme en 1940, et fonda les éditions Freie Schweiz/Libre Suisse qui servirent très probablement aux transactions financières du Parti. Dès le début de la guerre d’Espagne, il organisa avec Hofmaier des passages illégaux de la frontière suisse pour les volontaires, après s’être lui-même rendu en Espagne, entre le 20 août et le 20 septembre 1936, officiellement comme correspondant de presse. En novembre de la même année, il gagna Moscou, où il séjourna deux mois. L’année suivante, il y retourna en septembre-octobre. À son retour, au début novembre 1937, il fut arrêté par la police qui trouva sur lui des sommes d’argent d’une certaine importance et, en 1938, il fut condamné à douze mois de prison. Au cours du 7e congrès du PCS en 1939, il siégea à la commission des statuts. En 1939, le Parti le chargea d’enquêter en Espagne sur l’affaire Brunner-Romoser. Il put consulter les dossiers à Barcelone, et étant le seul dans ce cas, il servit de témoin lors du procès en Suisse. Il intervint à la décharge de Brunner. Il fut à nouveau arrêté en 1941, puis en 1942 pour propagande communiste — le Parti était alors interdit — et condamné trois fois à six mois de prison.

Ces incarcérations successives et cette attention pour l’Espagne s’inscrivaient dans le prolongement des activités internationales de Woog, axées autour de Moscou et du monde hispanophone. En 1920, il avait émigré au Mexique, où il milita au PC sous le nom de Stirner et fonda une section des Jeunesses communistes avec les adresses que Münzenberg lui avait fournies. L’année suivante, il représenta le PC mexicain au IIIe congrès de l’IC à Moscou et les Jeunesses communistes mexicaines au IIe congrès de l’Internationale communiste des Jeunes. En 1922, au IVe congrès de l’IC, il fut élu au Comité exécutif (il était alors le seul représentant latino-américain), fonction au nom de laquelle il participa, en 1923, au 3e plénum du CE de l’IC. Lors du Ve congrès de l’IC en 1924, il devint membre de la commission de contrôle de l’Internationale et, jusqu’en 1927, également son secrétaire. En 1928, il travailla au bureau de l’Europe occidentale (WEB) à Berlin. Il était parmi les quelques Suisses à être affiliés au PC de l’Union soviétique dont il était membre depuis 1924. Durant l’hiver 1929-1930, ilsuivit des cours à l’École léniniste. En automne 1930, le Comité exécutif de l’IC l’envoya comme instructeur en Espagne, où il fut arrêté, ayant sur lui un faux passeport suisse et extradé vers le Mexique. Il retourna à Moscou et travailla au Secrétariat latin comme rapporteur, puis, dès janvier 1932, au département d’organisation où il dépouillait le matériel statistique. Trois années plus tard, il demanda son rapatriement en Suisse où il s’estimait plus utile et où son activité ne cessa de se déployer.

Il fut parmi les membres fondateurs du Parti suisse du Travail, fut élu à son comité central et fut, de 1949 à 1968, son secrétaire général. En 1946, il fut élu à l’exécutif de la ville de Zurich, mais il dut démissionner l’année d’après, suite à un scandale financier. Il siégea au Conseil national entre 1947 et 1955. Durant cette période d’immédiat après-guerre, Lydia Woog-Scherer lui servit maintes fois de courrier pour les pays balkaniques, sous le couvert de voyages d’affaires.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76111, notice WOOG Edgar. Pseudonymes : STIRNER Alfred, EGGI (DBK) par Brigitte Studer, version mise en ligne le 29 janvier 2010, dernière modification le 5 octobre 2010.

Par Brigitte Studer

Edgar Woog
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SOURCES : RGASPI, 495 12 n° 73, 495 19, n° 426et 495 274, n° 6-I. — Archives fédérales suisses, Berne, E 4320 (B) 1974/47, vol. 81 et E 5330 (1), vol. 2296. — Bibliothèque de la Ville, La Chaux-de-Fonds 6. Parteitag der Kommunistischen Partei der Schweiz op. cit., p. 65/1. — Sous l’œil de Moscou. Le Parti communiste suisse et l’Internationale 19311943. Archives de Jules Humbert-Droz, vol. IV (encours de publication), document 753. — P. Stettler, Die Kommunistische Partei der Schweiz, op. cit., p. 512. — Historische Kommission der Partei derArbeit der Schweiz (dir.), Zur Geschichte der kommunistischen Bewegung in der Schweiz, op. cit., p. 369-376. — O. Rosenberg-Katzenfuss, Lydia Woog, eine unbequeme Frau, Schweizer Aktivistinund Kommunistin, Zurich, Weltwoche-ABC-Verlag, 1991, 209 p. — Entretien avec Lydia Woog, 16 mai 1990.

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