HACKIN Joseph

Par Jean-Pierre Besse

Né le 8 novembre 1886 à Boevange-sur-Attert (Luxembourg), mort le 20 février 1941 en mer ; archéologue, conservateur ; militant syndicaliste ; résistant FFL ; Compagnon de la Libération.

Le père de Joseph Hackin exerçait le métier de cocher à Paris, puis en 1887 à Magny (Calvados) où il avait trouvé un emploi chez les Achard de Bonvouloir, lui comme cocher et sa femme comme domestique. Fils unique, Joseph Hackin fit ses études secondaires, de 1901 à 1903 au pensionnat Saint-Pierre à Dreux. Venu ensuite à Paris, il suivit les cours de l’École des Langues Orientales.

Passionné d’Archéologie, il obtint son diplôme de l’Ecole des Sciences-politiques en 1907. Également diplômé de l’École des hautes études (section des sciences historiques et philologiques) en 1911, il fut naturalisé français en 1912 et nommé conservateur-adjoint du Musée Guimet, en 1913.

Pendant la Première Guerre mondiale, il fut blessé trois fois en France et en Serbie. Il termina la guerre comme lieutenant et reçut la Légion d’Honneur et la Croix de guerre.

Démobilisé en juin 1919, Joseph Hackin retrouva ses activités au Musée Guimet dont il fut nommé conservateur en 1923. L’année suivante, il partit pour sa première campagne de fouilles en Afghanistan, s’intéressant particulièrement aux bouddhas géants de Bamiyan. Docteur ès-lettres, il fut nommé professeur à l’École du Louvre en 1929 pour l’archéologie et l’histoire de l’Inde.

Directeur français de la maison franco-japonaise à Tokyo de 1930 à 1933, Joseph Hackin fut détaché, en 1931 et 1932, comme archéologue auprès de la mission Citroën Centre-Asie (la "Croisière jaune") et dirigea cette mission difficile dans le Turkestan chinois. En 1934, il reçoit la direction de la Délégation archéologique française en Afghanistan.

Demeurant à Paris dans le XVIe arr., il fut, avec Eugène Hautecœur et René Huyghe, secrétaire adjoint du syndicat du personnel scientifique des musées nationaux fondé le 10 février 1938 et dont Louis Dreyfus était le secrétaire.

Jusqu’à en septembre 1939 il accomplit cinq longues campagnes de fouilles en Afghanistan espacées par des retours en France. Sa femme Marie Parmentier, née le 7 septembre 1905 à Rombas (Moselle), (mariage en septembre 1928) était étroitement et remarquablement associée aux recherches de son mari, aussi bien dans le cadre de ses missions en Orient que dans ses travaux scientifiques au musée Guimet.

Mobilisé en 1939, après l’armistice, il fut sollicité par Vichy pour occuper les fonctions de chef de la représentation diplomatique française à Kaboul. Refusant à la fois la défaite et le poste proposé, Joseph Hackin adressa le 6 juillet 1940, depuis Kaboul, un message d’adhésion totale au général de Gaulle. Ce dernier lui demanda de rester sur place pour défendre les intérêts français.

Quelques semaines plus tard, autorisé à rejoindre Londres, il embarqua à Bombay avec son épouse Marie et, à la mi-octobre, rejoignit l’Angleterre où le couple s’engagea dans les Forces françaises libres. Marie participa à la mise sur pied du Corps féminin de la France libre dans lequel elle servit comme sous-lieutenant, avec les premières volontaires dès le 7 novembre. Elle reçut une formation militaire à l’OCTU (Officer Cadet Training unit).

Joseph Hackin, en raison de sa connaissance approfondie des milieux et des questions asiatiques, fut chargé d’une mission en Inde. Représentant du général de Gaulle, il devait entrer en contact avec le Gouvernement de l’Inde et établir un rapport sur la situation dans les Établissements français de l’Inde. Avec son épouse Marie Hackin, il embarqua le 20 février 1941 sur le steamer Jonathan Holt. Le 24 février, le navire fut torpillé et sombra entre l’Écosse et les îles Féroé ; tous deux disparurent dans le naufrage.

Dans son ouvrage sur la France-Libre, Jean-Louis Crémieux-Brilhac mentionne plusieurs fois Joseph Hackin « haute figure de science et de conscience », « l’une des plus hautes figures de la France libre en 1940 ».

Joseph Hackin et Marie Hackin furent nommés Compagnon de la Libération le 13 mai 1941.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76129, notice HACKIN Joseph par Jean-Pierre Besse, version mise en ligne le 30 janvier 2010, dernière modification le 25 mars 2022.

Par Jean-Pierre Besse

SOURCES : Arch. PPo. 303, rapport du 6 juin 1938. — AVCC, Caen, AC 21P 53421 . — SHD, Vincennes, GR 16P 282906. — Site de L’Ordre de la Libération (photo). — Jean-Louis Crémieux-Brilhac, La France-Libre, Folio-Histoire, 2001, tome 1. — Notes Annie Pennetier.

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