JAHAN Yves, Noël

Par Paul Foulet

Né le 30 décembre 1908 à Mont-de-Marsan (Landes), déporté, mort le 20 octobre 1942 au camp de Birkenau ; professeur de collège ; militant communiste et syndicaliste du Loir-et-Cher.

Yves Jahan
Yves Jahan

Fils de François Jahan, inspecteur primaire, et de Marie-Louise Delépine, professeure à l’École normale d’institutrices de Mont-de-Marsan, Yves Jahan fit ses études secondaires au lycée de Mont-de-Marsan, puis obtint en Sorbonne sa licence ès lettres et son diplôme d’études supérieures. Il était alors pensionnaire à la Cité universitaire et, selon la police, était anarchiste.

Il se maria en avril 1931 à Paris (XIVe arr.) et eut avec son épouse deux filles. Il fut affecté professeur délégué au lycée du Havre (Seine-Inférieure) en 1931, puis fut titularisé au collège de Boulogne-sur-Mer et nommé enfin au collège Augustin Thierry de Blois (Loir-et-Cher) en 1936, sur le poste de Laurens, élu député.

Secrétaire de la section de Blois du Parti communiste, il fut désigné comme responsable du PC pour l’arrondissement. Aux élections au conseil général pour le canton de Blois-Ouest, en octobre 1937, il fut candidat du PC, battu avec 580 voix sur 3 957 suffrages exprimés. Son action politique en Loir-et-Cher fut importante ; il prit la parole le 19 décembre 1937 à la grande manifestation organisée à Blois par les comités antifascistes de Loir-et-Cher, et le 24 janvier 1938, à une réunion de Paix et Liberté, mettant en cause la responsabilité de l’Angleterre dans la politique de non-intervention en Espagne.

Il fut aussi, en 1938, secrétaire départemental du nouveau Syndicat du personnel de l’enseignement secondaire, affilié à la FGE-CGT, et l’un des quatre professeurs de collège sur 139, qui appliquèrent l’ordre de grève donné par la CGT le 30 novembre 1938.

Déplacé d’office à Compiègne en avril 1941, Yves Jahan fut arrêté dans sa classe par les autorités allemandes le 9 juillet 1941 et interné au camp tout proche de Compiègne Royallieu (matricule 1299). Selon le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse, il aurait protesté lors de son inculpation, en affirmant qu’il n’avait « plus fait de politique depuis avant la guerre ».

Dans le camp, il donna des cours d’histoire, de latin, de psychologie (en compagnie de Georges Cogniot qui donnait des cours d’anglais et de russe), propageant discrètement des thèses marxistes ; il s’avéra, sur des sujets littéraires, un conférencier érudit et plein d’humour qui soutenait le moral de ses compagnons de captivité.

"Sélectionné" avec plus d’un millier d’otages désignés comme communistes et une cinquantaine comme juifs, il fut déporté en juillet 1942 au camp d’Auschwitz (Pologne) sous le matricule 45682. Il mourut du typhus le 20 octobre 1942 à Birkenau selon l’administration SS du camp, date repotée sur l’état civil de Mont-de-Marsan. Sa femme et ses deux filles ignorèrent son sort jusqu’en juin 1945.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76160, notice JAHAN Yves, Noël par Paul Foulet, version mise en ligne le 1er février 2010, dernière modification le 1er juillet 2021.

Par Paul Foulet

Yves Jahan
Yves Jahan

SOURCES : Arch. Nat., F60/ 1554. — Arch. Dép. Loir-et-Cher, série M, élections. – Bulletin des Comités antifascistes de Loir-et-Cher, 1937-1938. — Livre d’Or de l’Enseignement public de Loir-et-Cher, 1939-1945, Blois, s.d. — Paix et Liberté, bulletin du comité Amsterdam-Pleyel de Blois. — Article sur le site, Mémoire vive des convois des 45000 Auschwitz-Birkenau. — Notes d’Alain Dalançon et de Jacques Girault.

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