LE GALL René, Pierre [conseiller municipal de Paris]

Par Claude Pennetier

Né le 13 janvier 1899 à Edern (Finistère), fusillé comme otage le 7 mars 1942 à Ville-sous-la-Ferté (Aube), prison de Clairvaux ; ouvrier terrassier ; secrétaire de la Fédération CGTU du Bâtiment (1933-1935) ; conseiller municipal communiste de Paris (XIIIe arr.).

René Le Gall dans les années 1930
René Le Gall dans les années 1930
Nos édiles, op. cit.

Fils d’Alain Le Gall (né en 1871) cultivateur et fils de cultivateur, et d’Isabelle Toulhoat (1878-1929), ménagère, fille d’un journalier et d’une couturière, René Le Gall naquit dans une famille de quatre enfants (en 1906) dont il était l’aîné. Après son service militaire en 1919-1920 dans les Cuirassiers, il partit de sa Bretagne natale pour travailler comme ouvrier terrassier dans les chantiers de Paris. Dès 1921, il adhéra au syndicat général des ouvriers terrassiers et y resta après l’adhésion à la CGTU. Son rôle fut particulièrement important en 1925 lorsqu’il se prononça contre le passage à l’autonomie préconisé par les éléments anarcho-syndicalistes particulièrement influents dans cette corporation. Suivi par la majorité des adhérents parisiens, il devint délégué permanent appointé. Auguste Lemasson, qui fit sa connaissance cette même année, affirme que ses camarades de travail « appréciaient sa détermination car il payait toujours de sa personne, il avait une constitution et une santé robuste qu’il ne ménageait pas ». Son courage physique, conforme à la tradition du syndicalisme du Bâtiment, lui valut d’être condamné à deux mois de prison avec sursis, en août 1925, pour coups et violence, et à nouveau à la même peine, en octobre 1926, pour entraves à la liberté du travail. Ce n’était que le début d’une longue série d’interpellations pour sa participation musclée à des conflits sociaux. Son arrestation en juillet 1929 provoqua une intense mobilisation : « Des milliers de travailleurs employés aux chantiers des grands boulevards quittèrent le travail et manifestèrent dans la rue pour exiger sa libération qui ne tarda pas » (témoignage de Lemasson).
Membre du Parti communiste depuis 1926, Le Gall continua à se consacrer essentiellement au syndicalisme. Secrétaire adjoint du syndicat national en 1926, trésorier en 1928, il en devint secrétaire général en 1929 et fut réélu à plusieurs reprises. Le Gall eut également des responsabilités confédérales, particulièrement comme membre de la commission exécutive de la CGTU de 1929 à 1935. Il représenta à ce titre la CGTU au conseil d’administration de l’Humanité.
Il affronta pour la première fois le suffrage universel lors des élections municipales de mai 1935 dans le quartier Croulebarbe (XIIIe arr.) où il habitait depuis 1923. Il fut élu au second tour avec 1 643 voix grâce au désistement du socialiste SFIO l’architecte Henri Vergnolle. C’est sur sa proposition qu’un grand jardin dépendant de la Manufacture des Gobelins devint un square public qui, après la Libération, prit son nom. Il fut vice-président de la commission du métropolitain et vice-président du conseil général (1937-1938).
Militant des Bretons émancipés, mais à ne pas confondre avec son quasi homonyme Jean René La Gall, il était président d’honneur de la section du XIIIe arrondissement.
Responsable à l’organisation de la Région communiste Paris-Ville en 1938, il fut chargé en octobre 1939 de mettre à l’abri la caisse de la Fédération CGT du Bâtiment (plus d’un milllion de francs). La police l’arrêta le 15 novembre 1939 alors qu’il dirigeait un centre clandestin d’impression du Parti communiste. Il fut déchu de son mandat municipal le 21 janvier 1940 et condamné, le 14 mai 1940, par le 3e tribunal militaire de Paris, à cinq ans de prison, 5 000 francs d’amende et cinq ans d’interdiction de ses droits civils et politiques pour infraction au décret interdisant le Parti communiste français. Emprisonné à Bourges (Cher) (15 novembre 1939-11 juillet 1941) puis à Clairvaux (Aube) (11 juillet 1941-7 mars 1942), il y a été fusillé comme otage le 7 mars 1942, suite aux attentats de Dijon des 28 décembre 1941 et 10 janvier 1942, avec quatre camarades. Les témoignages des détenus attestent qu’il fit preuve jusqu’aux derniers instants du courage qui avait marqué sa vie militante (témoignage de Pierre Kaldor).
Les cinq condamnés montèrent dans un camion qui contenait leur cercueil, le véhicule se dirigea vers un petit bois près du cimetière de la centrale puis sans poteau ni mur d’exécution ils ont été fusillés dans le dos.
Les cinq victimes sont : Paul Chabassière, René Le Gall, Félicien Parize, Maurice Romagon et Bernard Roy.

Son corps repose au cimetière du Père-Lachaise près du Mur des Fédérés aux côtés de ceux des autres élus communistes parisiens fusillés.
Il fut en effet un des six conseillers municipaux et conseillers généraux de la Seine à être fusillé avec Jules Auffret, Corentin Cariou, Léon Frot, Maurice Gardette, Jean Grandel.
René Le Gall laissait une veuve, Marie-Louise, cultivatrice puis ouvrière confiseuse, née le 12 juin 1900 à Edern (Finistère), épousée le 16 janvier 1923 à Edern. Leur seul enfant, né en 1926, n’avait pas survécu.

Son nom est inscrit sur le Monument commémoratif des fusillés de la prison de Clairvaux à Ville-sous-la-Ferté.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76208, notice LE GALL René, Pierre [conseiller municipal de Paris] par Claude Pennetier, version mise en ligne le 7 octobre 2015, dernière modification le 27 novembre 2022.

Par Claude Pennetier

René Le Gall dans les années 1930
René Le Gall dans les années 1930
Nos édiles, op. cit.
Collection du Musée de la Résistance nationale, fonds des entreprises du boulevard Poissonnière. Date inexacte 7 mars et non 7 février
Collection du Musée de la Résistance nationale, fonds des entreprises du boulevard Poissonnière. Date inexacte 7 mars et non 7 février

SOURCES : Arch. Dép. Seine, DM3 ; D3 M2, listes électorales et nominatives. – Arch. PPo. 101. – Arch. André Marty, E VIII. – DAVCC, Caen, BVIII dossier 3. – L’Humanité, 6 et 13 mai 1935. – La Barricade, 2 mars et 4 mai 1935. – Agendas de la Bourse du Travail de Paris. – Nos édiles, op. cit. – Le XIIIe arrondissement de Paris du Front populaire à la Libération, Éditeurs français réunis, 1977. – Souvenirs d’Auguste Lemasson. – État civil, Edern et Ville-sous-la-Ferté. — Service historique de la Défense, Vincennes, GR 16 P 354899. — Filae.

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