LERNER Boruch, dit Boria [alias OSTROVSKY]

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, Claude Pennetier

Né le 15 décembre 1914 à Lipcani en Bessarabie (Roumanie), fusillé par condamnation le 1er octobre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; monteur en radio TSF ; résistant au sein des FTP-Main-d’œuvre immigrée (FTP-MOI).

Boruch Lerner
Boruch Lerner
Photographie anthropométrique lors de son arrestation de juin 1943. Arch. PPo. MOI répertoire 731

Né dans une famille juive, fils de Michaël et de Bronia, Boruch Lerner quitta la Roumanie clandestinement en 1938 pour s’engager dans les Brigades internationales. Il n’alla pas plus loin que Paris car le recrutement avait cessé. Il s’engagea dans l’armée française en septembre 1939 dans le Régiment de marche de volontaires étrangers, son matricule au recrutement étant 5519.
Il quitta Paris en juin 1940 avec sa compagne Hadassa Tenenbaum ; le couple fut interné au camp de Gurs (Basses-Pyrénées, Pyrénées-Atlantiques) où naquit leur enfant Paul-Ilja. Transférés à Rivesaltes (Pyrénées-Orientales), ils perdirent leur enfant qui fut emporté par la maladie au mois d’août 1941. Ils s’évadèrent et rejoignirent Perpignan (Pyrénées-Orientales). Quelques jours plus tard, ils franchirent clandestinement la ligne de démarcation. Ils arrivèrent à Paris le 20 août 1941 et prirent contact avec les résistants juifs communistes de Paris.
Dépourvus depuis juin 1941 de carte d’identité, tous les deux se procurèrent une fausse carte, au nom d’Ostrovski, pour lui et de Mierzejewski pour elle. Ils habitèrent chez une amie 13 rue Rollin à Paris (Ve arr.) et dans différents hôtels de la capitale. En août 1942, ils louèrent un logement au 44 avenue Richaud à Arcueil (Seine, Val-de-Marne). Leur fils Claude Serge naquit le 27 août 1942.
Membre du deuxième détachement des FTP-MOI, adjoint de Mayer List, Boruch Lerner participa à plusieurs actions comme l’attaque à la grenade d’un hôtel d’officiers allemands boulevard Raspail (Paris, VIIe arr.) ou la pose d’une bombe au ministère de la Marine, place de la Concorde (Paris, VIIIe arr.). Devenu responsable technique de la région P 10 et donc de l’armement, il contrôla un dépôt d’armes 18 rue Dauphine (Paris, VIe arr.). Hadassa Tenenbaum était agent de liaison de Boruch Lerner et porteuse des productions explosives.
Boruch Lerner vécut en dernier lieu 43 avenue d’Ivry à Paris (XIIIe arr.). Il ne venait plus au domicile d’Arcueil, le couple avait convenu de rendez-vous au parc Montsouris (Paris, XIVe arr.). Lors de la rencontre du 26 juin 1943, Boruch Lerner conseilla à sa compagne de ne pas rentrer à Arcueil car il s’était rendu compte qu’il était filé. Hadassa Tenenbaum trouva un hébergement à Bobigny (Seine, Seine-Saint-Denis).
Se sachant filé, Boruch Lerner avait averti la direction qui lui demanda de quitter sa planque et le nomma dans l’Est de la France mais il fut arrêté avant d’avoir pu partir, le 29 juin 1943 vers 18 h 15, par trois inspecteurs de la Brigade spéciale no 2 (BS2) rue Dauphine. Les policiers saisirent dans le dépôt d’armes trente bombes de type « Lafayette », soixante-deux corps de bombe, quinze engins incendiaires, une grenade, cinq tubes d’aluminium devant servir à la fabrication d’engins explosifs, deux revolvers à barillet, trente-sept détonateurs...
Fouillé, Boruch Lerner fut trouvé porteur d’une fausse carte d’identité au nom de Serge Ostrovsky portant le cachet du Raincy (Seine-et-Oise, Seine-Saint-Denis), d’une fiche de démobilisation datée du 9 septembre 1940 au même nom établie à Caussade (Tarn-et-Garonne), de feuilles de tickets d’alimentation et d’une quittance de loyer au nom d’Ostrovsky au 43 avenue d’Ivry à Paris (XIIIe arr.). Lors de la perquisition de ce logement et du 44 avenue Richaud à Arcueil de faux papiers furent saisis.
Interrogé dans les locaux des Brigades spéciales, livré aux Allemands, Boruch Lerner fut condamné à mort pour « menées terroristes et activité de franc-tireur » le 20 septembre 1943 par le tribunal du Gross Paris qui siégeait rue Boissy-d’Anglas (VIIIe arr.).
Boruch Lerner fut passé par les armes le 1er octobre 1943 au Mont-Valérien en compagnie de André Engros, Mayer List et Nonnique Tuchklaper. Tous les quatre étaient membres du 2e détachement (détachement juif) des FTP-MOI.
Boruch Lerner fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 1er octobre 1943 division 40, ligne 47, n°51.
Hadassa Tenenbaum fut arrêtée par trois inspecteurs de la BS2 le 30 juin 1943 à Bobigny. Internée à Drancy sous le numéro 3194, elle fut déportée par le convoi no 58 le 31 juillet 1943 à destination d’Auschwitz (Pologne). Affectée au block 10, elle survécut aux épreuves et à la marche de la mort. Elle quitta la France en novembre 1948 pour rejoindre sa famille en Israël, avec son fils (appelé Daniel en Israël). Elle mourut à Tel-Aviv en 1970, mais elle est parfois dite par erreur morte en déportation. Son nom figure sur le mur des noms, Mémorial de la Shoah, rue Geoffroy-l’Asnier (Paris, IVe arr.) en tant que Hadassa Lerner-Tenenbaum.

Boruch Lerner fut reconnu Mort pour la France par le Ministère des anciens combattants le 9 avril 1946, il fut homologué Interné résistant (DIR) et FFI.
Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien et à Bagneux (Hauts-de-Seine) sur la stèle commémorative de l’association française des Bessarabiens.

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76209, notice LERNER Boruch, dit Boria [alias OSTROVSKY] par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, Claude Pennetier, version mise en ligne le 6 février 2010, dernière modification le 15 mars 2022.

Par Jean-Pierre Besse, Daniel Grason, Claude Pennetier

Boruch Lerner
Boruch Lerner
Photographie anthropométrique lors de son arrestation de juin 1943. Arch. PPo. MOI répertoire 731

SOURCES : Arch. PPo., répertoire 731 (Lynda Khayat), BA 2298, PCF carton 14, rapports hebdomadaires de la préfecture de police sur l’activité communiste. — La lettre des résistants et déportés juifs en France, mars 2002. — David Diamant, Par-delà les barbelés, Éd. 1986. — AVCC, Caen, Boîte 5 / B VIII dossier 4, Liste S 1744-303/43, AC 21 P 562304. — SHD Vincennes GR 16 P 365217 (nc) — Boris Holban, Testament, Calmann-Lévy, 1989. — Site Internet CDJC. — Site Internet Mémoire des Hommes. — MémorialGenWeb. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry. — Renseignements communiqué par son fils, Daniel Lerner en mai 2015.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable