GLAZIOU Yves

Par Alain Prigent

Né le 20 avril 1918 à Tonquédec (Côtes-du-Nord, Côtes-d’Armor), mort le 28 juillet 2003 à Paimpol (Côtes-d’Armor) ; instituteur ; secrétaire de la section départementale des Côtes-du-Nord du SNI (1944-1945) ; militant communiste.

Yves Glaziou est né dans la petite commune du Trégor, Tonquédec. Ses parents étaient de petits cultivateurs. Son père, grand blessé, revint invalide de la Grande Guerre. Son fils fut reconnu pupille de la Nation en 1925. Après avoir fréquenté l’école primaire communale puis l’école primaire supérieure de Guingamp où il obtint son brevet supérieur, il fut nommé en 1938 remplaçant au cours complémentaire de Plouaret dirigé par Jean-Marie Berthelot*. Réformé, il ne fit pas son service militaire. Adhérent du SNI dès son entrée dans l’enseignement, il participa à l’assemblée générale du syndicat en septembre 1939. Il se maria en août 1941 à Plouaret (Côtes-du-Nord).

L’assemblée générale de la section départementale du SNI désigna à la rentrée 1944 un nouveau conseil syndical chargé de réorganiser la vie syndicale et professionnelle. Quelques semaines plus tard, le 8 novembre 1944, Yves Glaziou fut élu secrétaire général de la section par défaut. La génération des syndicalistes d’avant-guerre étant investie sur d’autres terrains (partis politiques et mouvement de masse issus de la Résistance) laissa la place à ce jeune instituteur sans expérience syndicale. Dans le bulletin syndical d’avril 1945, Glaziou expliqua comment un novice mit son dévouement et sa foi au service du syndicat. À 26 ans, en poste à Plouaret, Yves Glaziou fit face à ses responsabilités, sans décharge syndicale, se déplaçant chaque jeudi à Saint-Brieuc pour régler les problèmes de la profession. Lors de la réunion du conseil syndical du SNI, les 27-28 mars 1945, il intervint sur la question de la syndicalisation des normaliens. Mais les interminables opérations du mouvement du personnel (12 jours et 2 nuits) eurent raison de son énergie. Il céda sa place à la rentrée suivante à François Collobert* qui accéda au poste de secrétaire général d’une section forte de 1570 syndiqués. De fait, le courant représenté par Georges Meyssonnier* qui dirigea la section à la fin des années 1930 en opposition à la direction nationale du SNI s’empressa de reprendre les affaires en main soulagé de la démission d’un militant trop marqué par son engagement communiste. Cependant, Glaziou, reconduit sur la liste unique proposée pour le conseil syndical, fut élu secrétaire adjoint lors de l’assemblée générale du 13 décembre 1945, gérant du bulletin. Dans le même temps, il fut élu au conseil départemental de l’enseignement primaire au début de l’année 1946 avec Salaun, Mlle Le Maux* et Mme Plourin*. Les candidats du SNI obtinrent plus de 95 % des suffrages exprimés par la profession. Il fut délégué au congrès de l’union départementale CGT les 30 et 31 mars. Au printemps 1946 les clivages qui ressurgirent lors de la préparation du congrès confédéral permirent de mesurer les rapports de forces. Le courant Collobert (Indépendance du syndicalisme et démocratie syndicale) obtint 16 voix au sein du conseil syndical contre 6 au courant Le Meur (courant unitaire). En octobre 1946, il remplaça Louis Le Meur* qui avait en charge les affaires administratives. À l’issue de l’assemblée générale de la FEN tenue le 12 décembre 1946, il fut élu membre du bureau de la FEN dirigé par André Laithier*, professeur au Lycée Le Braz de Saint-Brieuc. Il devint le secrétaire général de la section départementale de la FEN en 1947. Il fut délégué au congrès de Grenoble du SNI avec François Collobert et Lucie Le Grignou*. En mai 1947, la nouvelle règle électorale fut mise en place : le conseil syndical fut renouvelé pour sa première moitié au suffrage majoritaire, en outre 5 sièges étaient attribués d’office aux élus du personnel et à certaines commissions. Le courant dit « majorité confédérale » fut assez nettement battu n’obtenant qu’un siège sur les 8 à pourvoir (Marcel Gaillard*) permettant à Sylvestre Guillou* de devenir le nouveau secrétaire général de la section. Tout en étant réélu au conseil départemental, Glaziou participa avec ses camarades unitaires aux réunions qui débouchèrent sur l’autonomie en 1948. Lors du référendum de mars 1948, contre toute attente, les instituteurs firent dans un premier temps le choix de demeurer au sein de la CGT (oui à la CGT : 693 voix, non : 472). Il fut délégué de la section au congrès extraordinaire de Paris du 22 au 24 mars 1948 avec Sylvestre Guillou, Pierre André Quélen et A. Briand qui fit le choix de l’autonomie. Le conseil syndical réuni le 29 avril se rallia à cette position pour maintenir l’unité de la profession. La double appartenance étant permise 400 instituteurs et institutrices maintinrent leur adhésion à la FEN-CGT. En juin 1949, lors du renouvellement de la seconde moitié du conseil syndical, il fut élu sur la liste cégétiste au conseil syndical qui emporta les 8 sièges à pourvoir (446 voix contre 398). 3 conseillers syndicaux de la liste Indépendance du syndicat changèrent de camp permettant à la liste d’union de devenir majoritaire. Jean Geffroy* fut élu secrétaire général. La nouvelle minorité tenta une manœuvre de diversion en votant pour Glaziou (11 voix pour Geffroy, 6 voix pour Glaziou). Celui-ci fut élu au bureau de la section départementale chargé de la commission des jeunes. Il représenta le courant cégétiste au sein de la commission administrative de la FEN en 1949 dirigée par Laithier. Glaziou fut réélu en avril 1951 au conseil syndical lors d’un scrutin où fut rétabli la proportionnelle. Le courant unitaire ex-CGT obtint 13 sièges, les autonomes eurent 8 élus et le courant FO 3 sièges. Glaziou ne souhaitant pas être réélu au bureau départemental, il se consacra au canton de Paimpol où il venait d’être nommé à la direction du cours complémentaire. Après le départ de Jean Geffroy en 1952, il réintégra le bureau provisoire de la section départementale du SNI en 1953 après la démission controversée d’Alice Merrien*. En effet la nouvelle secrétaire de la section fut contrainte à renoncer à ses responsabilités pour avoir participé à des discussions avec l’IA alors qu’était évoquée son éventuelle mutation ce qui était contraire à la déontologie syndicale. Glaziou qui fut candidat sur la liste CGT à l’élection du conseil d’administration de la caisse primaire de sécurité sociale des Côtes-du-Nord le 17 novembre 1955 n’eut plus à partir de ce moment de responsabilité syndicale.

Militant de la cellule du PCF de Plouaret à la Libération, il anima des réunions dans le cadre de la campagne électorales pour les élections législatives en 1946. Il fut membre du PCF jusqu’en 1956 ne renouvelant pas son adhésion après la crise hongroise conservant, dit-il en 1997, toutes ses convictions communistes. Il prit sa retraite à Paimpol en 1973.

Il adhéra au SNUipp-FSU au moment de la scission de la FEN en 1992 renouvelant son engagement jusqu’à son décès en 2003.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76212, notice GLAZIOU Yves par Alain Prigent, version mise en ligne le 6 février 2010, dernière modification le 31 octobre 2021.

Par Alain Prigent

SOURCES : Arch. Dép. Côtes-d’Armor, 12W47, Rapport des RG au préfet, AP 70/D (collection du bulletin du SNI et de la FEN). — Archives de l’UD CGT des Côtes-d’Armor. — Archives de la FSU 22. - L’Aube Nouvelle, Ouest-Matin. — Alain Prigent, Les instituteurs des Côtes-du-Nord sous la IIIe République (Laïcité, amicalisme et syndicalisme), Éditions Astoure, 2005. — Entretien téléphonique en décembre 1996 et courrier janvier 1997. — État civil mairie de Tonquédec. – Note de Jacques Girault.

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