GERVAIS Eugène [GERVAIS Jean-Baptiste, Eugène, Louis]

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 30 décembre 1873 à Firmi (Aveyron), mort le 10 décembre 1966 à Capdenac (Lot) ; instituteur ; syndicaliste et militant socialiste de l’Aveyron.

Fils d’un forgeron, aîné d’une famille ouvrière de neuf enfants, E. Gervais fit ses études à l’école professionnelle d’Aubin, puis à l’École normale de Rodez (Aveyron). Successivement instituteur à Gua, Pruines, Combes, Montbazens, Monastère-sous-Rodez, il fut le fondateur de l’Amicale des instituteurs de l’Aveyron et siégea pendant six ans au conseil départemental de l’enseignement primaire. Il fut acquis au syndicalisme dès 1905 et subit des poursuites administratives en 1913.

Gervais fut mobilisé comme caporal en août 1914. Après avoir combattu sur le front d’Artois, il fut détaché au camp d’aviation de Villacoublay (janvier 1917). Ce sont vraisemblablement ses relations avec les milieux socialistes gouvernementaux qui lui permirent d’être nommé aide-contrôleur de la main-d’œuvre militaire à Decazeville en janvier 1918. Dès 1916, Gervais avait repris sa collaboration au journal socialiste de l’Aveyron, L’Éclaireur. Un de ses frères mourut à la guerre.

Il ne prit ses fonctions d’instituteur à Boisse-Penchot — il était également secrétaire de mairie — et se présenta sur la liste socialiste aux élections législatives de novembre 1919. Selon un rapport de police, Gervais était alors « réticent par rapport au bolchevisme » tout en jouant un rôle syndical actif. Le congrès de l’Union départementale CGT, réuni le 7 septembre 1919 à Millau, lui confia la présidence des séances et le délégua au comité confédéral CGT de Lyon (15-21 septembre). Gervais se rallia à la IIIe Internationale dans les premiers mois de 1920. Au congrès fédéral socialiste du 15 février 1920, les partisans de la IIIe Internationale proposèrent l’élection d’un nouveau bureau comprenant Gervais et Laborie comme secrétaires, Boutonnet comme trésorier, mais l’ancienne équipe dirigeante se maintint par 133 voix contre 114. Gervais siégea seulement à la commission fédérale permanente. Il présida le congrès fédéral du 19 décembre 1920 (préparatoire au congrès de Tours), où la motion Cachin*-Frossard* obtint 282 voix contre 174 à celle de Longuet et 7 à celle de Blum. La même année, l’administration le censura pour avoir voté la motion du 2 avril 1920 favorable au chômage du 1er Mai et emmené ses élèves en promenade ce jour-là.

Gervais devint secrétaire de la Fédération communiste, secondé par Laborie, trésorier. Son organisation conserva les huit-dixièmes des adhérents socialistes. Son action politique lui valut une perquisition le 23 mai 1921. Toujours actif sur le plan syndical, il démissionna le 12 mai 1921 du conseil départemental de l’enseignement pour protester contre la répression anti-syndicale. Les instituteurs le réélirent à cette charge. Gervais fut lui-même sanctionné et déplacé d’office en novembre 1921, pour avoir, lors de l’inauguration d’un buste de Jaurès, terminé son discours par « À bas la guerre. Vive la Révolution ». L’administration le nomma à Couffoulens (Aude). Il fut néanmoins réélu conseiller départemental en 1923, avec 468 voix sur 548 votants et 584 inscrits (Ère nouvelle, 18 mars 1923).

En 1926, nous retrouvons Gervais, conseiller général SFIO d’Aubin-Cransac. Il garda cette fonction élective jusqu’en 1934 au moins. La commission fédérale socialiste, réunie le 4 janvier 1931, le chargea de réorganiser l’Association des élus socialistes. Eugène Gervais* présida le congrès fédéral du 22 mai 1932 qui l’élut à la commission exécutive et le nomma délégué adjoint aux conseils nationaux. Il avait évolué alors vers la droite du parti : au congrès fédéral du 9 avril 1933, il soutint la motion Renaudel-Déat (387 voix contre 99 à P. Faure et 65 abstentions). Avec le député Ramadier, il entraîna la majorité des militants au Parti socialiste de France. Le congrès du 26 novembre 1933 le nomma secrétaire de la commission exécutive fédérale et le délégua au congrès national du 3 décembre 1933.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76220, notice GERVAIS Eugène [GERVAIS Jean-Baptiste, Eugène, Louis] par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 6 février 2010, dernière modification le 6 février 2010.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat. F7/12974, F7/13032, F7/13081, F7/13091. — L’Éclaireur, 1916-1921. — Le Syndicaliste, 1919. — Le Progrès de l’Aveyron, 1931-1933. — Bulletin de la section SNI de l’Aveyron, 1923.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
fiches auteur-e-s
Version imprimable