GÉRARD Victor, Marius

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 20 mai 1879 à Oraison (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) ; cultivateur, cafetier, puis fabricant de conserves ; maire d’Oraison (Basses-Alpes, Alpes-de-Haute-Provence) ; secrétaire de la fédération socialiste puis communiste des Basses-Alpes ; Gérard quitta le Parti communiste en 1924 et redevint secrétaire de la Fédération SFIO.

Victor Gérard appartint d’abord à la Fédération qui couvrait son département et le département voisin des Hautes-Alpes. Elle se scinda en 1910 et V. Gérard fut délégué de la Fédération des Basses-Alpes au congrès national de Saint-Quentin (1911). Depuis son congrès constitutif au congrès d’Oraison (11 décembre 1910), il en était le secrétaire fédéral. Il avait été adjoint au maire d’Oraison et avait obtenu 228 voix sur 900 votants comme candidat au conseil général dans le canton des Mées (juillet 1910).

Incorporé le 15 novembre 1900, il avait été libéré le 30 mars 1902 comme soutien de famille. Mobilisé du 3 août 1914 au 19 février 1919, d’abord dans une section d’infirmiers militaires, il passa dans l’infanterie le 29 janvier 1917 et reçut la Croix de guerre.

Aux élections législatives de novembre 1919, Gérard se présenta sur la liste socialiste et il devint maire d’Oraison en décembre. Les militants du département votèrent à l’unanimité la motion Cachin*-Frossard* avant le congrès de Tours de décembre 1920 et V. Gérard n’adhéra au Parti communiste que pour éviter l’éclatement de la Fédération : « quand la pluie tombe, le plus sage est d’ouvrir son parapluie et de laisser passer l’orage » écrivait-il dans Le Travailleur des Alpes du 26 février 1921, et il ajoutait : « la scission socialiste est le résultat d’un accident historique. Elle a été préparée par Moscou ». Gérard resta secrétaire de la Fédération communiste et fut délégué au congrès de Marseille (décembre 1921). Dans Le Travailleur des Alpes, il publiait les positions de la droite du Parti sous la plume d’Henri Fabre ou du député communiste des Basses-Alpes, Charles Baron*. Le congrès départemental de Forcalquier, réuni le 1er octobre 1922, vota à la quasi-unanimité une motion affirmant que la Fédération « entend bien conserver son droit de libre examen, comme il convient à des hommes libres, militant dans un parti de libre-pensée, et dans cet esprit, s’élevant contre toute exclusion arbitraire, donne mandat à son délégué au congrès national de voter et de défendre la motion Verfeuil » (Le Travailleur des Alpes, 7 octobre 1922). L’exclusion de Verfeuil puis celle de Charles Baron* rendirent perplexe le secrétaire fédéral : « quels sont les moyens pratiques pour rester groupés ? Rester au Parti communiste ? Mais moralement les plus nombreux d’entre nous n’en sont-ils pas exclus ? [...] Aller à l’Union fédérative, qui n’est pas un parti mais une association de bonnes volontés qui tente de regrouper les forces révolutionnaires ? Rester autonome en attendant un rapprochement qu’amèneront fatalement les circonstances ? (Le Travailleur des Alpes, 31 mars 1923). Il décida de convoquer un congrès et, le 29 avril 1923, à La Brillanne, il annonça « sa décision irrévocable de ne plus assurer des fonctions qu’il ne peut remplir convenablement ». La scission fut consommée au congrès de Sisteron le 24 février 1924. Gérard avait été élu conseiller général communiste d’Oraison, aux élections des 29 juillet et 5 août 1923, avec 506 voix au premier tour et 584 au second. Le résultat prouvait le succès des idées d’extrême gauche dans les campagnes, car aux élections législatives de novembre 1919, il n’avait recueillit que 282 voix, dans les mêmes communes.

Les militants exclus par le congrès de Sisteron se réunirent le 9 mars 1924 à Oraison. Ils représentaient la moitié des effectifs, cinquante sections, trois cents adhérents dont sept conseillers généraux et sept conseillers d’arrondissement. Gérard posa le problème du « regroupement socialiste-communiste sur la base d’une Fédération autonome ou (du) retour à la SFIO ? » Une grande majorité se déclara en faveur de la SFIO, Gérard devint secrétaire de la Fédération. Les socialistes s’affirmèrent immédiatement comme la principale force politique du département en faisant élire deux députés (Charles Baron* et Aimé Aillaud) lors des élections législatives de mai 1924. En 1925, le secrétaire fédéral était entouré de Robert (secrétaire adjoint), Reynaud (trésorier), Telme et Thumin (membres du bureau). Il quitta sa fonction au congrès de Malijai, le 27 février 1927. Boucabeil lui succéda puis en octobre 1928, Martin-Bret. Gérard restait membre du bureau fédéral et représenta les Basses-Alpes au congrès national de Lyon, en avril 1927. Malgré ces succès électoraux, les effectifs de la Fédération socialiste baissaient. Un rapport de police du 24 avril 1929 lui attribuait vingt-trois sections et cent vingt membres. Gérard reprit le secrétariat au congrès de Sisteron, le 14 avril 1935 ; il était secondé par le trésorier Thumin et les membres du bureau : P. Jaubert, Mougin, Trouche, Chaix, Martin-Bret. En 1936, la Fédération avait trente sections et six cent cinquante adhérents ; les effectifs dépassèrent mille en 1938. À cette date, Victor Gérard était entouré par Gourdard et André, secrétaires adjoints, et les membres du bureau : P. Jaubert, Martin-Bret, Guigues, Brémond, Turrel... Il dirigeait Le Travailleur des Alpes avec l’aide de Borrely (administrateur) et d’André (rédacteur en chef).

Il resta maire d’Oraison et conseiller général des Mées jusqu’à la guerre. Gérard était un militant actif de la Ligue des droits de l’Homme ; il n’appartenait pas à la franc-maçonnerie.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76222, notice GÉRARD Victor, Marius par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 7 février 2010, dernière modification le 31 août 2020.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

SOURCES : Arch. Nat., F7/13030 et F7/13081. — Arch. Dép., Alpes-de-Haute-Provence, état civil et 6 M 134, f. 7, recensements d’Oraison, 1906, f. 34, 1921, f. 24, 1926, f. 21, 1931, f. 5, 1936, f. 7 ; classe 1899, matricule 730. — Compte rendu du congrès de Saint-Quentin, 1911. — Hubert Rouger Les Fédérations socialistes, I, pp. 90 et 91. — Le Travailleur des Alpes, 1920-1938. — Notes de Roland Andreani.

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