GEORGET Auguste

Par Jacques Omnès

Né en 1883 à Saint-Denis-du-Maine (Mayenne), tué le 13 avril 1915 au cours de l’assaut de Marcheville ; instituteur ; syndicaliste de la Mayenne.

Né à Saint-Denis-du-Maine en 1883, Auguste Georget fréquenta l’École primaire supérieure d’Ernée (Mayenne), puis l’École normale de Laval (Mayenne). Il prit son premier poste d’instituteur à Trélazé (Maine-et-Loire).

Il se maria — après une année de service militaire — et vint s’installer à Saint-Fraimbault-de-Prières (Mayenne) avec sa femme. Les débuts furent difficiles : une grande surexcitation régnait dans le département en raison des inventaires. Georget, requis de servir de témoin, se vit fermer beaucoup de portes.

Lecteur assidu de la Bataille Syndicaliste, de la Vie Ouvrière, des Temps Nouveaux, Auguste Georget fut élu le 25 mai 1912 au conseil syndical de la section des institutrices et instituteurs publics du département de la Mayenne fondée en 1905-1906 — (voir Lhuissier Camille*) et devint secrétaire trésorier, succédant ainsi à Camille Lhuissier*. À la même date il remplaça Omer Brunet* comme délégué de la section à la Bourse du Travail de Laval.

Le 25 août, à la suite du congrès de Chambéry de la Fédération nationale des syndicats d’instituteurs, il fut sommé par lettre du Préfet agissant sur ordre du ministre de l’Instruction publique de procéder à la dissolution de la section syndicale avant le 10 septembre. Dans l’incapacité de réunir une assemblée générale en raison de l’absence de nombreux membres, Georget accusa immédiatement réception mais demanda au préfet — qui refusa — un délai jusqu’en octobre pour faire connaître la décision des militants de la section.

Le 26 septembre, après avoir entendu les explications d’Auguste Durand*, délégué de la Mayenne au congrès de Chambéry, et les communications de Georget, les instituteurs syndicalistes mayennais réunis en assemblée générale extraordinaire votèrent à l’unanimité un ordre du jour dans lequel ils affirmaient « leur respect scrupuleux de la légalité et leur dévouement inaltérable à l’École laïque et à la République » mais déclaraient également « ne pas comprendre pourquoi on leur ordonne de dissoudre leur groupement, légalement constitué ».

Vers la même époque, les signataires du Manifeste de Chambéry — dont Georget — qui réclamaient le droit syndical pour les fonctionnaires furent convoqués à l’Inspection académique. Ils refusèrent de remplir le questionnaire que l’inspecteur voulait leur soumettre et remirent à ce dernier la déclaration écrite suivante :

« 1. En ne déférant pas à l’invitation de M. le Ministre, je n’ai manqué ni à la discipline, ni au respect de la légalité, car ni le gouvernement, ni vous, ni moi n’avions qualité pour juger sans réserve la valeur juridique des statuts des syndicats des instituteurs. En 1905, le Tribunal civil de la Seine déclarait que, par déférence pour le Parlement, il laissait nos organisations syndicales vivre jusqu’au jour où le pouvoir législatif donnerait un statut aux fonctionnaires. Je n’ai pas commis de faute en rappelant cet état de fait et les engagements ministériels qui le confirmèrent.

2. Quant à l’accusation d’antipatriotisme qui a été portée contre les signataires du Manifeste, je ne la comprends pas. J’ai conscience d’avoir toujours à ce sujet fait mon devoir d’éducateur. Qu’on établisse des faits répréhensibles, qu’on formule des accusations précises. J’aurai alors l’occasion de fournir les explications que je jugerai nécessaires. »

Quelques jours plus tard, Georget et ses camarades recevaient communication d’un arrêté de l’Inspecteur d’académie leur infligeant la peine de « réprimande » ainsi justifiée : « Considérant que le fait, pour un fonctionnaire de l’Enseignement public d’avoir signé un manifeste publié par la voie de la presse, où le gouvernement de la République est pris à partie et où s’affirme la volonté de résister aux ordres de M. le ministre de l’Instruction publique, constitue un acte d’insubordination grave. »

Mais les ennuis de Georget n’étaient pas terminés. Lorsqu’il avait été convoqué à l’Inspection d’académie, il avait pu, conformément à la loi, prendre connaissance de son dossier d’instituteur. Il avait alors constaté que les appréciations positives portées par son directeur avaient été modifiées par l’inspecteur primaire. Il avait fait oralement part de son étonnement à l’Inspecteur d’académie et dénoncé les faits dans un article sur « les notes secrètes » publié par L’Émancipation de l’Instituteur de janvier 1913. Quelque temps après, Georget et deux de ses camarades — dont Madame Brunet — se virent reprocher de n’avoir pas respecté le caractère « personnel et confidentiel » de la communication de leur dossier. L’École Émancipée avait en effet fait état de ces « notes secrètes » dans deux articles datés du 26 octobre et du 16 novembre 1912, sans cependant citer les noms. Le 13 mars 1913, Georget et Madame Brunet comparurent devant le conseil départemental. Après avoir, conformément à leur demande, présenté eux-mêmes leur défense, ils furent « censurés » par sept voix et quatre bulletins blancs. Les instituteurs amicalistes élus au conseil départemental ne s’étaient donc pas opposés à la sanction. Leur attitude devait être condamnée plus tard par la Fédération nationale des Amicales.

À l’assemblée générale du 10 mai 1913, Georget fut remplacé au poste de secrétaire de la section syndicale par Gaumert.

Mobilisé le 2 novembre 1914, il partit pour le front à Verdun. Le 13 avril 1915 il tomba avec sept soldats de son escouade sur onze à l’assaut de Marcheville. Le 2 août 1914 il avait crié publiquement en gare de Mayenne : « Vive la paix ! À bas la guerre ! »

Pendant les quelques mois qui vont de sa mobilisation à sa mort, Auguste Georget a tenu des « carnets », un journal où il a décrit jour après jour, parfois heure après heure, la vie au front, ses réflexions sur le passé et sur l’avenir du syndicat après la guerre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76224, notice GEORGET Auguste par Jacques Omnès, version mise en ligne le 7 février 2010, dernière modification le 7 février 2010.

Par Jacques Omnès

SOURCES : Arch. Dép. Mayenne. — L’Émancipation de l’Instituteur, 1912-1913 et octobre 1919. — Bulletin de l’association amicale des instituteurs et institutrices de la Mayenne. — Carnets d’Auguste Georget. — Renseignements fournis par M. Paul Georget, fils d’Auguste Georget.

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