GÉNIE Auguste

Par Jean Risacher

Né le 18 juillet 1861 à Oradour-sur-Vayres (Haute-Vienne), mort le 14 juillet 1938 à Montataire (Oise) ; ouvrier métallurgiste ; militant syndicaliste et socialiste ; conseiller d’arr. ; maire de Montataire.

Pendant plus d’un demi-siècle, Auguste Génie milita sur tous les plans dans la ville ouvrière de Montataire. Dès 1886, il groupa ses camarades de travail dans un syndicat des ouvriers métallurgistes dont il fut le secrétaire. Congédié de l’usine où il travaillait, il s’établit marchand de vins et continua son action. En 1893, avec quelques amis, il fonda la coopérative ouvrière « L’Égalitaire ». Il y a vraisemblablement identité avec A. Génie qui représenta des syndicats de l’Oise aux XIIIe et XIVe congrès nationaux corporatifs — 7e et 8e de la CGT — tenus respectivement à Montpellier, septembre 1902, et Bourges, septembre 1904.

Auguste Génie militait parallèlement au groupe socialiste de Montataire dont il fut un des premiers membres. Avec lui, le 29 décembre 1891, il adhéra à la Fédération d’unité socialiste révolutionnaire groupant quatorze groupes épars dans l’Oise. Au congrès de Beauvais (6 août 1893), cette fédération s’affilia au POF, mais le Comité républicain-socialiste de Montataire, dont Génie était membre et qu’il représenta en décembre 1899 au congrès de la salle Japy à Paris, se rallia au PSR. En 1905, tous se retrouvèrent dans la SFIO et Génie en représentera la fédération au congrès de Nîmes (février 1910). Le 16 septembre 1905, au lendemain de l’unité, il adressa dans Le Travailleur de l’Oise un appel à l’organisation : « Allons, camarades ouvriers, n’avez-vous pas encore assez sué et peiné au profit du capital ? Ne vous êtes-vous pas encore assez courbés devant les exploiteurs ? N’êtes-vous pas encore convaincus que l’émancipation des travailleurs ne peut être que l’œuvre des travailleurs eux-mêmes ? Si oui, apprenez à vous connaître. Rentrez dans les syndicats qui sont les foyers de l’éducation ouvrière. »

Auguste Génie fut constamment en lice dans les compétitions électorales locales. Il fut élu conseiller municipal de Montataire en 1893, 1896, 1900, battu en 1904, réélu en 1908 au deuxième tour avec trois autres socialistes, battu en 1912 avec 576 voix. Le 30 novembre 1919, avec toute la liste socialiste et 896 suffrages, il rentra à l’Hôtel de Ville et fut élu maire de Montataire, battant le modéré Daussin. Élu en 1925 au conseil d’arr. par le canton de Creil, il y siégea jusqu’en 1937 et présida plusieurs fois cette assemblée.

Il fut deux fois candidat aux élections législatives. En 1910, dans l’arr. de Compiègne, il recueillit 1 142 voix dont 543 à Montataire, tandis que ses adversaires modéré et radical en obtenaient dans cette ville 659 et 202. Le 16 novembre 1919, il figura au cinquième rang de la liste socialiste : il recueillit 13 908 voix, son chef de file Uhry étant seul élu.

L’ouvrier qui, tout jeune, brava l’incompréhension de ses camarades, était devenu une notabilité locale. La Légion d’honneur lui fut décernée. Ses obsèques civiles furent une grande manifestation de 4 000 à 5 000 personnes, à la fois officielle et populaire. Sa dépouille fut saluée par des orateurs socialiste et syndicaliste et par le sous-préfet de l’arrondissement.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76230, notice GÉNIE Auguste par Jean Risacher, version mise en ligne le 7 février 2010, dernière modification le 7 février 2010.

Par Jean Risacher

ŒUVRE : A. Génie a collaboré au Travailleur de l’Oise (1900 à 1912) et au Prolétaire de l’Oise qui lui succéda.

SOURCES : Arch. Mun. Montataire. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes I, op. cit., pp. 474-476. — Congrès général des organisations socialistes françaises (Paris, 3 au 8 décembre 1899), p. 451. — Le Travailleur de l’Oise. — Le Cri populaire, 24 juillet 1938.

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