HURSTEL Françoise [née NURY Françoise]

Par Françoise Olivier-Utard

Née le 11 octobre 1938 à Strasbourg (Bas-Rhin) ; enseignant-chercheur, psychanalyste ; membre du comité fédéral du Bas-Rhin du Parti communiste français (1965-1968).

Le père de Françoise, Paul Nury (1913-1995) était directeur adjoint des impôts indirects à Strasbourg. Il était issu d’une famille de Sisteron (Basses-Alpes), catholique d’origine, devenue franc-maçonne et radicale-socialiste. Sa mère, Marianne Klein (1912-2006), était lorraine, née à Henridorff (Moselle), orpheline de mère et catholique. Le couple eut cinq enfants.

En 1939, la mère et les enfants se réfugièrent à Digne (Basses-Alpes), alors que le père était prisonnier de guerre. Françoise Nury commença ainsi ses études à Digne et les poursuivit après la Libération au lycée de jeunes filles des Pontonniers à Strasbourg. Après le bac, elle s’inscrivit en propédeutique mais passa aussi le concours de l’École d’art dramatique de la Comédie de l’Est, pour devenir comédienne. Elle rencontra Jean Hurstel*, qui était inscrit dans la section de scénographie. Le couple se maria à Strasbourg en janvier 1962 et eut trois enfants.

Attirée par la psychanalyse, Françoise Hurstel se réorienta et reprit rapidement ses études à l’université en psychologie. Elle entreprit aussi une psychanalyse avec Lucien Israël. Cela la conduisit à une carrière d’universitaire et de praticienne. À vingt-six ans, en 1964, elle obtint un poste d’assistante en psychologie à la faculté des lettres de Strasbourg. Elle soutint sa première thèse en 1965, sous la direction du professeur Bourget, sur « L’image du corps chez les enfants » et sa thèse d’État en 1984 sur « Famille et paternité, la fonction paternelle », sous la direction d’Andrée Tabouret-Keller *. Elle aborda une carrière universitaire : maître assistante, maître de conférences et, à 53 ans, professeur de psychologie clinique. Elle fonda un laboratoire de recherche, affilié au CNRS, intitulé Famille et filiation. Elle fut membre du Conseil scientifique de l’université Louis Pasteur de Strasbourg de 1994 à 1998. Elle prit sa retraite en 2000.
Parallèlement à ces travaux, elle eut une activité de terrain, auprès des enfants et des adultes.

Elle avait adhéré au Parti communiste en 1961 et accepta d’être membre du comité fédéral du Bas-Rhin pendant deux mandats, de 1965 à 1968. Aux côtés d’Andrée Tabouret-Keller, elle siégeait en tant que femme et universitaire. Son activité militante consistait à faire fonctionner l’organisation : distribution de tracts, vente de l’Humanité-Dimanche dans la partie francophone de la vallée de la Bruche. La liaison entre les intellectuels et la classe ouvrière ne se faisait que sur la base de l’ouvriérisme et, dans cette mesure, ne la satisfaisait pas. Le militantisme au quotidien ne la tentait guère. Elle considérait que son engagement se concrétisait dans ses travaux de recherche et ses initiatives universitaires. Elle décida de ne pas reprendre sa carte après les événements de 68 et la position qu’elle jugeait timorée du PCF.

Féministe favorable à l’accès des femmes à l’égalité des droits, elle fut très tôt aux côtés de Gisèle Halimi* qu’elle invita à Strasbourg pour une conférence. Ses axes de recherche la mettaient franchement à part des positions d’un PCF influencé par Jeannette Vermeersch-Thorez. 1994 fut un tournant dans sa vie intellectuelle. Après avoir écrit « Le paterfamilias est mort, que vivent les pères », elle avait orienté ses travaux sur la question de la démocratisation de la famille dans un contexte de société bafouant la démocratie. La revue La Pensée lui fournit l’occasion de collaborer avec des chercheurs marxistes, dans ce qu’elle jugeait une grande ouverture d’esprit. Elle en fut membre pendant huit ans, puis, à partir de 2007, elle fit partie du comité de rédaction et se trouva en charge des dossiers de sciences humaines et sociales.

Parallèlement à ses activités éditoriales et de recherche, elle poursuivit ses activités de terrain dans le domaine associatif. Elle assura en particulier la formation des jeunes travailleurs sociaux de l’Étage, association reconnue d’utilité publique, qui avait pour but d’orienter les jeunes errants de 18 à 28 ans. Elle anima les groupes Balint ou groupes de parole dans ce « quart-monde ». À partir de 2002, elle travailla aussi sur l’IVG des jeunes mineures, dans le Bas-Rhin et le Haut-Rhin, en organisant des groupes de parole tantôt à l’intérieur, tantôt à l’extérieur des collèges, de façon à ce que la question personnelle et singulière de chaque jeune fille puisse être entendue. L’axe transgénérationnel, qui lui semblait important, pouvait être pris en compte dans ce type d’action. Elle travaillait sous la direction d’Israël Nisand, chef du service de gynécologie des Hôpitaux universitaires de Strasbourg. C’est ce qu’elle appelait « l’activité clinique contextualisée ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76329, notice HURSTEL Françoise [née NURY Françoise] par Françoise Olivier-Utard, version mise en ligne le 13 février 2010, dernière modification le 5 octobre 2010.

Par Françoise Olivier-Utard

ŒUVRE : La déchirure paternelle, Paris, PUF, L’Éducateur, 1996

SOURCES : Arch. du PCF. — Entretien du 6 novembre 2009.— Etat civil.

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