Par Nicole Racine
Né et mort à Paris, 22 novembre 1869-19 février 1951 ; Écrivain ; prix Nobel de littérature (1947) ; membre du Comité directeur de la revue Commune (1932-1933), président du « Comité international pour la libération de Thaelmann et des antifascistes allemands emprisonnés » (fondé en 1934).
Fils de Paul Gide, professeur agrégé de Droit à la Faculté de Paris, et de Juliette Rondeaux, A. Gide s’était marié le 7 novembre 1895 avec Madeleine Rondeaux. Il eut une fille, Catherine, d’Élisabeth Van Rysselberghe.
Dans les années 1930, André Gide fit figure de « compagnon de route » du communisme. La place qu’il occupait dans la vie littéraire française depuis plus de trente ans, sa personnalité et son prestige d’écrivain donnèrent à ce ralliement un éclat particulier, éclat que les communistes amplifièrent encore. Bien que de courte durée (1932-1936), le « compagnonnage » de Gide avec le communisme fut une des originalités de la vie intellectuelle française durant cette période.
Les premières déclarations d’André Gide en faveur de l’Union soviétique — écrites en 1931 — publiées dans la Nouvelle Revue française de juillet à octobre 1932 provoquèrent l’étonnement dans les milieux littéraires. L’auteur des Nourritures terrestres (1897), de L’Immoraliste (1902), de La Porte étroite (1909), des Caves du Vatican (1914) s’était jusqu’alors peu préoccupé de politique. En 1916, il avait sympathisé avec l’Action française, mais ce rapprochement ne dura pas. Pourtant Gide ne se désintéressait pas des questions politiques et sociales. Il avait accepté de se présenter aux élections municipales à La Rocque (Calvados) en 1896, commune dont il resta maire jusqu’en 1900. Il demanda à figurer parmi les jurés des cours d’assises, mais il attendit six ans avant d’être désigné par le sort ; de son expérience à la cour d’assises de Rouen en 1912 sortit son livre, Souvenirs de la Cour d’assises (1913), dans lequel il décrivait les insuffisances du système judiciaire.
La première « intervention » de Gide dans le domaine véritablement politique date de 1927-1928 lorsqu’il décida, au retour d’un voyage au Congo et au Tchad (juin à novembre 1925, novembre 1925 à mai 1926) de publier son Voyage au Congo (1927), suivi de Retour du Tchad (1928). Gide qui rêvait de connaître, après l’Afrique du Nord, l’Afrique noire, avait pu se rendre au Congo où Marc Allégret l’accompagna, investi d’une mission officielle du ministère des Colonies. Bouleversé par les révélations qu’il eut de la condition des Noirs, des exactions des grandes compagnies concessionnaires, il décida de parler : « Désormais une immense plainte m’habite ; je sais des choses dont je ne puis pas prendre mon parti. Quel démon m’a poussé en Afrique ? Qu’allais-je donc chercher dans ce pays ? J’étais tranquille. À présent je sais : je dois parler. » Le Voyage au Congo, sans mettre en cause explicitement le système de la colonisation, était en fait un réquisitoire impitoyable contre les méthodes de la colonisation en Afrique. Le livre entraîna un débat à la Chambre des députés, le 23 novembre 1927, sur le régime des grandes concessions. Léon Pierre-Quint n’avait pas tort de voir dans le mouvement qui avait conduit Gide à se révolter contre les réalités coloniales le même mouvement qui allait le conduire vers 1931-1932 à exprimer sa révolte contre le capitalisme et à adhérer au communisme. Ce fut en 1932, en effet, que Gide intervint de nouveau dans le domaine politique en publiant ses « Pages de Journal (1929-1932) » dans la Nouvelle Revue française de juillet à octobre ; il y exprimait sa sympathie pour l’URSS et le communisme (ces pages furent publiées en volume sous le titre Pages de Journal, 1929-1932, Gallimard 1934). « Je voudrais crier très haut ma sympathie pour l’URSS, et que mon cri soit entendu, ait de l’importance. Je voudrais vivre assez pour voir la réussite de cet énorme effort ; son succès que je souhaite de toute mon âme, auquel je voudrais pouvoir travailler. Voir ce que peut donner un État sans religion, une société sans cloisons. La famille et la religion sont les deux pires ennemies du progrès » (à la date du 27 juillet 1931, Pages de Journal (1929-1933), op. cit., p. 116). Ainsi paradoxalement, l’individualisme, l’anticonformisme de Gide étaient la SOURCE de son admiration pour l’URSS. Il affirmait d’ailleurs qu’il n’y avait pas d’antinomie entre les droits de l’individu et un communisme bien compris. Gide voyait l’URSS comme un pays affranchi de ce qui le heurtait dans la société bourgeoise et comme un pays qui menait un effort de justice sociale sans précédent. Il disait la « curiosité passionnée » que provoquait en lui l’expérience soviétique : « Mais surtout j’aimerais vivre assez pour voir le plan de la Russie réussir, et les États d’Europe contraints de s’incliner devant ce qu’ils s’obstinaient à méconnaître. Comment une réorganisation nouvelle eût-elle pu être obtenue sans, d’abord, une période de désorganisation profonde ? Jamais je ne me suis penché sur l’avenir avec une curiosité plus passionnée. Tout mon cœur applaudit à cette gigantesque et pourtant, tout humaine entreprise » (à la date du 13 mai 1931, Pages de Journal..., op. cit., pp. 71-72). Ou encore : « Simplement mon être est tendu vers un souhait, vers un but. Toutes mes pensées même involontairement, s’y ramènent. Et, s’il fallait ma vie pour assurer le succès de l’URSS, je la donnerais aussitôt (...) » (Pages de Journal..., op. cit., 23 avril 1932..., p. 159). Pourtant à la date du 29 juillet 1932, il avait noté : « Terrible désarroi après lecture des manifestes trotskystes confiés par Pierre Naville. » Il avait aussitôt ajouté : « Mais, si bien fondées que puissent me paraître certaines critiques, il me semble que rien ne peut être plus préjudiciable que les divisions du parti. »
En 1934, Gide signa une protestation collective contre la mesure d’expulsion de Trotski par le gouvernement français, aux côtés notamment de Marcel Martinet, André Breton et René Lefeuvre (Le Populaire, 3 mai 1934).
Au-delà de son admiration pour la Russie soviétique, Gide proclamait son adhésion au communisme. Cependant, il se hâtait de reconnaître qu’il ne s’avançait qu’avec crainte dans le domaine des questions politiques, économiques et sociales. Cette adhésion était une adhésion morale — ainsi qu’il le reconnut lui-même — dans laquelle les considérations doctrinales tenaient peu de place. « Pourquoi je souhaite le communisme ? — écrit-il en 1932 — Parce que je le crois équitable, et parce que je souffre de l’injustice, et je ne la sens jamais tant que lorsque c’est moi qu’elle favorise. Parce que le régime sous lequel nous vivons encore ne me paraît plus protéger aujourd’hui que des abus de plus en plus fâcheux. Parce que, du côté des conservateurs, je ne vois plus aujourd’hui que des choses mouvantes ou mortes, des mensonges, des compromis ; parce qu’il me paraît absurde de se cramponner à ce qui a fait son temps, parce que je crois au progrès ; parce que l’on ne peut empêcher l’avenir, et que je préfère ce qui sera, ce qui doit être, à ce qui a cessé d’exister » (Pages de Journal..., op. cit., « Autres feuillets », pp. 193-194).
Gide reprit cette analyse en 1935, lors d’un entretien contradictoire organisé par Ramon Fernandez, le 26 mars à l’Union pour la Vérité : « Ce qui m’a fait venir au communisme, et de tout cœur, c’est que la situation qui m’était faite dans le monde, cette situation de favorisé ne paraissait intolérable. » Déjà dans son Journal en 1928, Gide avait noté : « En face de certains riches, comment ne pas se sentir une âme de communiste ? » (5 janvier). Gide voyait dans le communisme la relève du christianisme, infidèle à ses origines évangéliques. Il s’était élevé contre le mot de « conversion » employé pour désigner son rapprochement vers le communisme : « Mais communiste, de cœur aussi bien que d’esprit, je l’ai toujours été, même en restant chrétien, et c’est bien pourquoi j’eus du mal à séparer l’un de l’autre et plus encore à les opposer [...]. Ne parlez pas de « conversion » ; je n’ai même pas changé de direction ; j’ai toujours marché droit devant moi ; je continue ; la grande différence c’est que je ne voyais rien devant moi, que l’espace et que la projection de ma propre ferveur. À présent j’avance en m’orientant vers quelque chose ; je sais que quelque part mes vœux imprécis s’organisent et que mon rêve est en passe de devenir réalité.
Au demeurant parfaitement inapte à la politique. « Ne me demandez donc point de faire partie d’un Parti » (13 juin 1932, Pages de Journal..., op. cit., pp. 171-172). Il est vrai que la profession de foi de Gide ne s’accompagna à l’origine d’aucun engagement militant. Gide, malgré les sollicitations qui commençaient à affluer, réussit à préserver un temps sa liberté d’action. En décembre 1932, il refusa d’adhérer à l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires qui se fondait : « Écrire désormais d’après les « principes » d’une « charte » (je reprends les expressions de votre circulaire), cela ferait perdre toute valeur réelle à ce que je pourrais écrire désormais ; ou plus exactement, ce serait pour moi, la stérilité » (lettre à Henri Barbusse, 13 décembre 1932, citée dans Littérature engagée, Gallimard, 1950, p. 18). On peut suivre les réticences de Gide à entrer dans l’action « militante » — ainsi qu’on l’en pressait du côté communiste — en lisant les notes prises par la « Petite Dame », Maria Van Rysselberghe. Il accepta cependant, après l’avènement de Hitler, de présider la première manifestation publique de l’AEAR contre le fascisme allemand (21 mars 1933) et d’y prononcer sa première allocution publique. Le nom de Gide figura à partir de juillet 1933 au Comité de direction de la revue de l’AEAR, Commune, et y resta jusqu’à la fin 1936. En juillet 1933, Les Caves du Vatican commençaient à paraître dans l’Humanité. Les communistes s’attachèrent à donner une valeur exemplaire à l’adhésion de Gide ; Aragon dans l’Humanité du 25 juin 1934, Paul Nizan dans l’Humanité du 17 novembre 1935 (au moment de la publication des Nouvelles Nourritures) firent de Gide le symbole du passage de la meilleure part de la culture bourgeoise aux côtés des révolutionnaires.
De 1933 à 1936, Gide s’engagea de plus en plus profondément dans l’action antifasciste. Avec celui de Malraux, son nom symbolisa l’antifascisme intellectuel durant ces années. De la fin 1933 à la fin 1934, Gide anima avec Malraux la campagne pour la défense et la libération de Dimitrov, membre du CC du Parti communiste bulgare et du CE de l’Internationale communiste (arrêté le 27 février 1933 au lendemain de l’incendie du Reichstag, en même temps que trois de ses camarades) ainsi que la campagne pour Thaelmann, chef du Parti communiste allemand (emprisonné quelques jours plus tard, sans qu’un acte d’accusation ait pu être dressé contre lui et à qui on refusait un défenseur). Gide présida avec Malraux le premier meeting pour la libération de Thaelmann. Le 4 janvier 1934, Gide et Malraux firent le voyage de Berlin pour obtenir la libération de Dimitrov et de ses camarades et faire appliquer le verdict d’acquittement. Le 31 janvier 1934, lors d’un meeting pour la libération de Dimitrov, se constitua le Comité international pour la libération de Thaelmann et des antifascistes allemands emprisonnés ou Comité Thaelmann, présidé par Gide et Malraux. Le 9 mai 1934, Gide était présent au meeting du Comité Thaelmann pour protester contre la création du Tribunal du Peuple, le 1er mai à Berlin. Le 23 décembre 1935, Gide prononçait un discours lors d’un meeting du Comité Thaelmann, commémorant le deuxième anniversaire de l’acquittement de Dimitrov (« Deux ans après le procès de Leipzig »).
Gide fut une des figures marquantes du Congrès international des écrivains pour la défense de la culture, réuni à Paris du 21 au 25 juin 1935, où il apparut aux côtés de compagnons de route célèbres. Le congrès d’initiative communiste fit la part belle aux compagnons de route. La séance d’ouverture du congrès fut placée sous la double présidence d’André Gide et d’André Malraux ; Gide prononça le discours d’ouverture centré sur la notion de culture en danger dans lequel il rappela que la culture était « faite de l’addition des cultures particulières de chaque pays, que cette culture est notre bien commun ». Le 22 juin, Gide prononça un long discours intitulé « Défense de la culture ». Il y réaffirmait sa conception d’un communisme qui n’était pas en contradiction avec les droits de l’individu mais qui au contraire leur assurait un plus grand épanouissement ; il s’élevait contre le reproche d’uniformisation et de nivellement, couramment fait à l’URSS et au communisme ; il redisait son admiration pour l’URSS qui « nous offre actuellement un spectacle sans précédent, d’une importance immense, inespérée, et j’ose ajouter : « exemplaire » ». Bien que Gide — sans d’ailleurs renier les œuvres du passé — eût longuement dénoncé le caractère artificiel de la culture occidentale, il tint à mettre en garde la littérature soviétique officielle contre certaines de ses tendances : « Je m’inquiète, je l’avoue, d’entendre au Congrès des Écrivains, à Moscou, grande quantité d’ouvriers de toutes sortes qui demandent aux écrivains : parlez de nous, représentez-nous, peignez-nous. La littérature n’a pas, ou — du moins — pas seulement un rôle de miroir [...]. La littérature ne se contente pas d’imiter ; elle informe ; elle propose ; elle crée. »
Déjà, lors du compte rendu du Congrès des Écrivains soviétiques à Paris qu’il avait accepté de présider (23 octobre 1934), Gide s’était élevé contre toute utilisation de la littérature à des fins de propagande : « Il y a une convention bourgeoise contre laquelle j’ai toujours lutté ; mais osons le dire ici il peut y avoir également une convention communiste. J’estime que toute littérature est en grand péril dès que l’écrivain se voit tenu d’obéir à un mot d’ordre. Que l’art, que la littérature puissent servir la Révolution, cela va sans dire, mais il n’a pas à se préoccuper de la servir. Il ne la sert jamais si bien que quand il se préoccupe uniquement du vrai. La littérature n’a pas à se mettre au service de la Révolution. Une littérature asservie est une littérature avilie, si noble et si légitime que soit la cause qu’elle sert. Mais comme la cause de la vérité se confond dans mon esprit, dans notre esprit, avec celle de la Révolution, l’art en se préoccupant uniquement de la vérité, sert nécessairement la Révolution. Il ne la suit pas, il ne s’y soumet pas ; il ne la reflète pas. Il l’éclaire. C’est ainsi qu’il diffère essentiellement des productions fascistes, hitlériennes qui, elles, répondent à un mot d’ordre puisqu’il ne s’agit pas pour elles de dire la vérité, mais de la couvrir » (« Littérature et révolution »).
Jusqu’à la date de son départ pour l’URSS en juin 1936, Gide proclama publiquement son attachement à l’URSS. Cependant ce ne fut pas en croyant qu’il entreprit ce voyage ; il avait eu de longues discussions sur l’URSS et la situation soviétique avec ses amis, ainsi qu’en témoigne le journal de la « Petite Dame ». Depuis le Congrès des Écrivains (20-25 juin 1935), il était saisi du cas Victor Serge : ce fut grâce à son intervention que Magdeleine Paz et Charles Plisnier purent, malgré l’obstruction des Soviétiques, prendre la parole (le 24 juin), la veille du jour de clôture du congrès, à la séance qui traitait de « la dignité de la pensée ». Gide clôtura toutefois cette séance en affirmant publiquement son soutien à l’URSS : « Notre confiance dans l’Union soviétique est la plus grande preuve d’amour que nous puissions lui donner » (paroles rapportées par Monde, 27 juin 1935). Cependant cette affaire lui avait causé un grand malaise. Au lendemain du congrès, il sollicita un entretien de l’ambassadeur soviétique ; le 29 juin, il lui adressa une lettre (Littérature engagée, pp. 97-98). Victor Serge fait dater de ce Congrès le début du revirement de Gide. Après sa libération en mai 1936, Serge adressa une lettre ouverte à Gide qui fut publiée dans Esprit du 1er juin). À la veille de son voyage en URSS, Gide était déjà averti de certains problèmes. Pierre Naville, militant trotskyste, préfaçant le livre posthume de son frère Claude, jeune militant de l’opposition de gauche, André Gide et le Communisme (paru en juin 1936) disait avoir ouvert à Gide avant son départ, le dossier de la répression en URSS.
Invité du gouvernement soviétique, Gide séjourna un peu plus de deux mois en Union soviétique, du 17 juin au 22 août 1936. Il fut accompagné durant son voyage par cinq compagnons communistes ou communisants qu’il avait lui-même choisis : Pierre Herbart, jeune écrivain communiste qui travaillait depuis 1935 à Moscou, à la rédaction de la Littérature internationale (il publiera en 1937 ses notes de voyage dans En URSS 1936, avec un appendice sur l’affaire du Retour de l’URSS de Gide ; il reviendra sur ce voyage dans La Ligne de force, paru en 1958) ; Jef Last, militant communiste hollandais ; l’éditeur Jacques Schiffrin, d’origine russe ; Louis Guilloux, auteur du Sang noir, membre de l’AEAR ; Eugène Dabit, ancien membre du groupe populiste, membre de l’AEAR. Gide arriva à Moscou le 17 juin, le jour de la mort de Gorki (la nouvelle de la maladie de l’écrivain avait hâté son départ). Il fut accueilli en URSS avec beaucoup d’égards et d’honneur. Il fut invité à prononcer l’éloge funèbre aux obsèques de Gorki, sur la Place Rouge, en présence de Staline et des dignitaires du parti. Il y déclara : « Le sort de la culture est lié dans nos esprits au destin même de l’URSS » (20 juin 1936). Il rendit visite à Ostrovski, l’écrivain soviétique devenu paralysé et aveugle qui était le symbole de la nouvelle littérature soviétique. Il visita de nombreux établissements sportifs, culturels. Gide, qui avoua avoir parfois éprouvé de la gêne devant l’accueil officiel, dira en revanche la joie profonde que lui auront apporté les nombreux contacts plus spontanés avec le peuple soviétique, ouvriers, jeunes, poètes.
À son retour d’URSS, Gide notait dans son Journal, à la date du 3 septembre 1936 : « Un immense, un effroyable désarroi. » Deux jours plus tard, il écrivait qu’il avait lu le compte rendu du procès de Moscou « avec un indicible malaise » : « que penser de ces seize inculpés s’accusant eux-mêmes, et chacun presque dans les mêmes termes, et célébrant la louange d’un régime et d’un homme pour la suppression desquels ils aventuraient leur vie ? ». Le 7 septembre, il écrivait à Roger Martin du Gard : « J’ai hâte de me mettre à la rédaction de notes sur la Russie, que tout à la fois il me tarde et que je redoute d’écrire. » L’écrivain réserva ses impressions que seuls connurent quelques intimes. Prévoyant les réactions qui allaient entraîner son livre, Gide appréhendait les attaques qui ne manqueraient pas de s’ensuivre. Il resta cependant inébranlable sur le principe de la publication.
Lorsque Retour de l’URSS, dédié à la mémoire d’Eugène Dabit, parut en novembre 1936, il fit l’effet d’une bombe. Gide avait soumis son texte à plusieurs personnes, notamment à son compagnon de voyage Pierre Herbart qui lui demanda de surseoir à la publication, en raison de la guerre d’Espagne et de l’aide que la Russie soviétique s’apprêtait à donner à l’Espagne républicaine. Herbart, après la parution du Retour rendit publique une « lettre à André Gide » (Vendredi, 20 novembre 1936) dans laquelle il disait que le moment était mal choisi pour révéler certains points de la situation en URSS. Victor Serge a raconté dans ses Carnets la rencontre qu’il eut avec Gide en novembre 1936, avant la publication du Retour, rencontre qui fut tenue secrète car Gide ne voulait pas qu’on pût croire que Serge l’avait influencé pour son livre. « J’emporte l’impression — écrit-il — d’un homme extrêmement scrupuleux, troublé jusqu’au fond de l’âme, qui voulait servir une grande cause — et ne sait plus comment. »
Dans l’esprit de Gide, cependant, ce n’était pas un livre de rupture. C’était plutôt l’histoire d’une déception. Ainsi dans l’« Avant-Propos » du Retour (que Chamson, de retour de Russie soviétique, avait décidé de publier dans Vendredi, le 6 novembre), Gide écrivait : « Qui dira ce que l’URSS a été pour nous ? Plus qu’une patrie d’élection : un exemple, un guide. Ce que nous rêvions, que nous osions à peine espérer mais à quoi tendaient nos volontés, nos forces, avait eu lieu là-bas. Il était donc une terre où l’utopie était en passe de devenir réalité. D’immenses accomplissements déjà nous emplissaient le cœur d’exigence. Le plus difficile était fait déjà, semblait-il, et nous nous aventurions joyeusement dans cette sorte d’engagement pris avec elle au nom de tous les peuples souffrants.
Jusqu’à quel point, dans une faillite, nous sentirions-nous de même engagés ? Mais la seule idée d’une faillite est inadmissible. »
Gide prenait soin de signaler que dans de nombreux domaines, les réalisations soviétiques étaient « admirables » (écoles, parcs de la culture et des loisirs, etc.) ; il disait son espoir que l’URSS triompherait des « graves erreurs » qu’il signalait. Selon son propre aveu, il n’avait pas voulu embrasser la totalité de la réalité soviétique ; il ne s’intéressait que médiocrement aux problèmes économiques. « Ce qui m’y importe c’est l’homme, les hommes, et ce qu’on en peut faire, et ce qu’on en a fait. » « Je ne suis pas un technicien et c’est par leur retentissement psychologique que les questions économiques m’intéressent. » Pourtant malgré l’incompétence qu’il avouait, et s’en tenant aux seules questions qui l’intéressaient, Gide donnera un témoignage sur la société soviétique beaucoup plus perspicace que ceux d’autres « invités » de la même époque. Gide espérait trouver en URSS une société libérée du conformisme social et moral qui l’étouffait dans les régimes bourgeois ; il a vite décelé que la société soviétique secrétait un nouveau conformisme aussi pesant que le conformisme bourgeois, dans tous les domaines. En tant qu’artiste, intimement convaincu que l’œuvre d’art ne tirait sa valeur que des interrogations qu’elle posait, il perçut vite que l’art courait en Union soviétique « un terrible danger », celui de l’orthodoxie. Sur le plan de la morale, il déplora que le non-conformisme (notamment en matière sexuelle) soit poursuivi. Sur un plan plus politique, il dénonça dans le culte rendu à Staline, la dictature d’un seul homme et le façonnement de l’opinion dans le sens de la plus grande conformité sociale. « En URSS, il est admis d’avance et une fois pour toutes que, sur tout et n’importe quoi, il ne saurait y avoir plus d’une opinion. »
Sous le nom d’esprit contre-révolutionnaire était pourchassé — affirmait-il — le véritable esprit révolutionnaire. Gide portait un jugement extrêmement dur sur la société soviétique : « Et je doute qu’en aucun autre pays aujourd’hui, fût-ce dans l’Allemagne de Hitler, l’esprit soit moins libre, plus courbé, plus craintif (terrorisé), plus vassalisé. » Il reviendra sur l’idée d’une similitude entre l’esprit des pays fascistes et celui du communisme dans son Journal en août 1937 ; il s’agit toujours de « croire, d’obéir et de combattre, sans examen, sans critique, avec aveugle soumission ».
Après avoir accusé le coup, les communistes ripostèrent au début 1937 au livre de Gide, d’abord en reproduisant les articles soviétiques contre lui, puis en lui opposant des arguments plus circonstanciés. Ce fut d’abord la Réponse à André Gide de Fernand Grenier, secrétaire général de l’Association française des Amis de l’Union soviétique. Une lettre de Romain Rolland, traitant le Retour de livre « médiocre », « superficiel », fut publiée dans l’Humanité (18 janvier 1937) ; puis parurent les articles de Jean Bruhat (l’Humanité, 19 janvier), d’André Wurmser dans Commune (janvier 1937), de Paul Nizan dans Vendredi (29 janvier 1937). Moins directement inspirée par le Parti fut la réponse de Georges Friedmann, parue dans Europe en janvier 1937 dans laquelle il reprochait à Gide d’ignorer les réalités économiques et sociales, d’extraire de leur contexte certaines observations particulières ; bien que Friedmann étayât fortement ses démonstrations, les arguments qu’il opposait à Gide n’étaient pas toujours convaincants. Des compagnons de route comme J. Cassou, sans répondre au fond à Gide, l’accusaient de « poignarder » l’Espagne dans le dos. Cette accusation était injuste ; Gide avait signé la « Déclaration des intellectuels républicains » en décembre 1936 contre la non-intervention ; il avait proclamé dans Vendredi en janvier 1937 sa sympathie pour la Révolution espagnole.
En juin 1937, Gide — préoccupé, en outre, par les seconds procès de Moscou — publia Retouches à mon Retour de l’URSS. Il voulait étayer les critiques du Retour dont il avait senti qu’elles avaient un caractère trop personnel. Alors que dans le Retour, Gide ménageait l’avenir, les Retouches était un constat argumenté de rupture. La violence des attaques communistes avait hâté une rupture que Gide, de plus en plus réservé devant l’évolution de l’URSS, souhaitait. On peut se demander aussi dans quelle mesure a joué dans ce « désengagement » de Gide le désir de ne plus sacrifier son œuvre d’écrivain aux exigences de l’action. Gide, dont une des raisons de vivre les plus impérieuses était celle d’écrire, avait conscience du manque de « fécondité littéraire » de sa période communiste. Il n’avait rien publié depuis les Nouvelles Nourritures (1935) que la presse communiste avait salué comme une preuve du ralliement de Gide (celui-ci écrira en 1943 que de tous ses livres, c’était « le plus inégal, le moins bon »). Il mit plusieurs années à terminer la pièce qu’il commença en 1934-1935, Robert ou l’intérêt général, dans laquelle il tenta d’exprimer ses convictions sociales ; la pièce, ne parut qu’en 1945 à Alger (on peut la lire dans Littérature engagée, op. cit.). Gide s’était d’ailleurs expliqué sur ce tarissement de son inspiration lors de l’entretien contradictoire qu’il eut à « l’Union pour la Vérité » en décembre 1935 ; à François Mauriac qui lui demandait ce qui le retenait aujourd’hui d’écrire, il répondait que c’était « la peur de l’Index », mais qu’il valait la peine de sacrifier quelques œuvres d’art à la formation du nouvel ordre social.
La publication du Retour puis de Retouches allait éloigner Gide de ses amis du Front populaire, comme en témoignent ses relations avec Vendredi. Gide avait collaboré à l’hebdomadaire dès sa fondation, il y donnait depuis janvier 1936 ses « Billets à Angèle » et il y comptait de nombreux amis. Cependant Vendredi (qui avait publié en janvier 1937 un violent article de Nizan contre Gide) refusa en novembre 1937 de publier la réponse de Gide à un article d’Ehrenbourg — insultant pour Gide — paru dans les Izvestia du 3 novembre dans lequel Gide qui avait protesté contre l’arrestation des militants du POUM était violemment critiqué sur ses positions dans la guerre d’Espagne. Ce fut la crainte d’aller contre la mystique du Front populaire qui amena la direction de Vendredi à refuser l’article de Gide. Celui-ci mit en cause la liberté d’expression de Vendredi et porta sa réponse à La Flèche de Bergery (« Mise au point », 20 novembre). Jean Guéhenno se justifia dans sa « Lettre ouverte à André Gide » (Vendredi, 17 décembre 1937) ; Gide adressa à son tour une « Lettre ouverte à Vendredi » qui fut suivie d’une dernière « Réponse à André Gide par Jean Guéhenno » (Vendredi, 24 décembre 1937).
Après sa rupture avec le communisme stalinien, Gide ne rejoignit pas les milieux de l’opposition de gauche comme ceux-ci parurent l’attendre un moment. Ainsi qu’il ressort de l’étude de Janine Robrieux, une visite d’André Gide à Trotsky au Mexique fut même espérée par Trotsky et son entourage.
Informé des procédés employés contre les militants du POUM, arrêtés après les événements de Barcelone en mai 1937, Gide s’engagea publiquement dans la campagne en faveur du POUM ; à la fin octobre, il signa un télégramme au gouvernement républicain espagnol pour demander que des garanties de justice fussent assurées aux accusés. Rudolf Maurer se demande si ce ne fut pas Magdeleine Paz qui entraîna l’écrivain à signer (A. Gide et l’URSS, p. 210). Gide accepta encore de donner une préface au livre d’Yvon, L’URSS telle qu’elle est (1938) dans laquelle il écrivit : « Le mensonge de l’URSS a dévoyé trop longtemps non seulement les naïfs, mais parfois les meilleurs d’entre nous. » Dans Retouches au « Retour de l’URSS », Gide s’était appuyé sur de nombreux faits rapportés par Yvon dans sa brochure Ce qu’est devenue la Révolution russe, qui relatait son expérience d’ouvrier durant onze ans en URSS (1936, brochure de La Révolution prolétarienne, 87 p., préface de Pierre Pascal). Cependant Gide poursuivit son chemin vers un « désengagement ». Après la mort de sa femme en avril 1938, il fit retraite et écrivit Et nunc manet in te. À l’automne 1938, il ne partagea pas les thèses pacifistes de certains de ses amis ainsi qu’en témoigne la correspondance qu’il échangea avec Roger Martin du Gard.
Au début de l’Occupation, Gide fut « attentiste ». Il continua à collaborer à la Nouvelle Revue Française dirigée par Pierre Drieu La Rochelle, mais cessa d’y écrire à partir d’avril 1941. Gide gagna Tunis en 1942, Alger en 1943. De retour en France en 1946, il reçut le prix Nobel de Littérature en 1947.
Le compagnonnage de Gide avec le communisme fut donc de courte durée. Faut-il n’y voir qu’une parenthèse dans une vie plus tournée vers la littérature que vers l’action politique ? Gide exprima là concrètement quelque chose qui fit toujours partie de sa personnalité profonde, la révolte contre les contraintes de la société actuelle et le désir d’une libération sociale et individuelle. Que Gide, nourri de la tradition humaniste et chrétienne, en soit venu, aux alentours de 1932, à adhérer au communisme, est caractéristique de ce mouvement qui poussa de nombreux intellectuels à se tourner vers l’URSS. D’une certaine façon, Gide fit figure de précurseur et son ralliement inaugura celui des compagnons de route de l’antifascisme. De la même façon d’autres allaient suivre après lui le chemin qu’il avait suivi. Ce que Gide, conscient de sa situation de privilégié de la culture et de l’argent, pensait trouver dans le communisme, était la réconciliation entre son désir d’une libération individuelle et son espoir d’une société plus juste. Le contact avec la réalité soviétique lui fit comprendre qu’il y avait loin de l’utopie à la réalité. La déception fut à la mesure de l’espoir suscité. Gide eut le courage de reconnaître qu’il s’était trompé sur le communisme soviétique. Ce fut douloureux pour lui car il tenait à la sympathie et à l’estime du nouveau public qu’il s’était gagné. « De ceux-là seuls je me sens frère, qui sont venus au communisme par amour, par grande exigence d’amour » (« Feuillets », été 1937). Mais il préféra dire la vérité qui s’était imposée à lui.
Par Nicole Racine
ŒUVRE choisie à dominante politique et sociale : Souvenirs de la Cour d’assises, Gallimard, 1913, 120 p. — Voyage au Congo. Carnets de route, Gallimard, 1927, 253 p. — Le Retour du Tchad, suite du Voyage au Congo. Carnets de route, id., 1928, 253 p. — Pages de Journal (1929-1932), Gallimard, 1934, 221 p. — Nouvelles Pages de Journal (1932-1935), id., 1936, 221 p. — « André Gide et notre temps. Entretien tenu au siège de l’Union pour la Vérité le 26 janvier 1935 », Bulletin de l’Union pour la Vérité, avril-mai 1935, 112 p. (À la suite d’un exposé de R. Fernandez, ont pris part à cet entretien, A. Gide, R. Gillouin, J. Guéhenno, D. Halévy, G. Marcel, J. Maritain, H. Massis, Th. Maulnier, Fr. Mauriac, G. Guy-Grand. Lettre à J. Schlumberger par A. Gide). — Retour de l’URSS, Gallimard, 1936, 128 p. — Retouches à mon Retour de l’URSS, id., 1937, 128 p. — Préface à Yvon, L’URSS telle qu’elle est, 1938, 288 p. — Pages de Journal. 1939-1942, id., 1946, 215 p. — Journal. 1942-1949, id., 1950.
Littérature engagée. Textes réunis et présentés par Yvonne Davet, id., 1950, 363 p. (contient les lettres, discours, messages, articles de Gide ayant trait à son engagement politique de 1930 à 1939, avec notamment le texte de l’entretien contradictoire « André Gide et notre temps » du 26 janvier 1935 à l’Union pour la Vérité. L’ouvrage contient également le texte de la pièce Robert ou l’intérêt général). — L’édition la plus utilisable du Journal et des œuvres de Gide est celle de la Bibliothèque de la Pléiade : Journal 1889-1939, Gallimard, 1948, 1373 p. — Journal 1939-1949, Souvenirs, id., 1954, 1280 p. — Romans, récits et soties, œuvres lyriques, id., 1958, XXXVIII-1615 p. — On se reportera aussi à André Gide — Roger Martin du Gard. Correspondance. Introduction par Jean Delay, Gallimard, 1968, 2 volumes. 1. 1913-1934, 739 p. — 2. 1935-1951, 581 p. — Pour la bibliographie générale d’A. Gide on consultera Arnold Naville, Bibliographie des écrits de André Gide. Préface de Maurice Bedel, G. Le Prat, s.d., 238 p. (bibliographie de 1891 à 1952). — Jacques Cotnam, Bibliographie chronologique de l’œuvre d’André Gide (1889-1973), Boston, G.K. Hall C°, 1974, X-604 p.
SOURCES : Le recueil Littérature engagée est très précieux pour l’étude du « compagnonnage » de Gide et celle de sa rupture avec le communisme. On peut consulter également I. Ehrenbourg, Duhamel, Gide, Malraux, Morand, Romains, Unamuno. Vus par un écrivain d’URSS, Gallimard, 1934, 223 p. — Claude Naville, André Gide et le communisme. Suivi d’Études et fragments. Avec une préface de Pierre Naville, Librairie du Travail, 1936, 148 p. — F. Grenier, Réponse à André Gide. Préface de Jean Lurçat, les Éditions des Amis de l’Union soviétique, 1937, 48 p. — P. Herbart, En URSS 1936, Gallimard, 1937, 175 p. — W. Drabovitch, Les Intellectuels français et le bolchevisme. La Ligue des droits de l’Homme. Le néo-marxisme universitaire. Quelques grands intellectuels : André Gide, Romain Rolland et certains autres, Les Libertés françaises, 1938, 223 p. — G. Friedmann, De la Sainte Russie à l’URSS, Gallimard, 1938, 287 p. — H. Talvart et J. Place, Bibliographie des auteurs modernes de langue française, Aux Horizons de France, tome VII, 1941, 428 p. — Richard Crossman, Le Dieu des ténèbres (The God that failed), par A. Koestler, I. Silone, R. Wrigth, A. Gide, L. Fisher, St. Spender. Introd. de R. Crossmann. Postface de Raym. Aron, Calmann-Lévy, 1950, 311 p. — Cl. Mauriac, Conversations avec André Gide (extraits d’un journal), Albin Michel, 1951, 287 p. — « Hommage à André Gide 1869-1951 », Nouvelle Revue française, novembre 1951, 421 p. — P. Herbart, À la recherche d’André Gide, Gallimard, 1952, 81 p. — R. Martin du Gard, Notes sur André Gide 1913-1951, id., 1952, 155 p. — L. Pierre-Quint, André Gide, l’homme, sa vie, son œuvre, entretiens avec Gide et ses contemporains, Delamain et Boutelleau, 1952, 569 p. — Maurice Lime, Gide, tel que je l’ai connu. Avec vingt lettres inédites, Julliard, 1952, 183 p. — Marc Beigbeder, André Gide, Éditions Universitaires, 1954, « Classiques du XXe siècle ». — Jean Delay, La Jeunesse d’André Gide. I. André Gide avant André Walter. — II. D’André Walter à André Gide (1890-1895), Gallimard 1956-1957, 2 vol., 605 et 683 p. — P. Herbart, La ligne de force, id., 1958, 185 p. — Georges I. Brachfeld, André Gide and the communist temptation, Genève, Droz, Paris, Minard, 1959, 149 p. — Claude Martin, André Gide par lui-même, le Seuil, 1963, 192 p. (« Écrivains de toujours », 62). — D. Caute, Le Communisme et les intellectuels français 1914-1966, Gallimard, 1967, 474 p. — Jacqueline Marc Chadourne, André Gide et l’Afrique. Le rôle de l’Afrique dans la vie et l’œuvre de l’écrivain, Nizet, 1968, 215 p. — G.D. Painter André Gide, Mercure de France, 1968, 225 p. — J.-P. Bernard, Le Parti communiste français et la question littéraire (1921-1939), Presses Universitaires de Grenoble, 1972, 341 p. — Le Centenaire, Cahiers André Gide (3), Gallimard, 1972, 362 p. (notamment P. de Boisdeffre, « André Gide, homme d’action » et Albert Memmi, « L’écrivain peut-il dire oui ? »). — (Maria) Van Rysselberghe, Les Cahiers de la Petite Dame. Notes pour l’histoire authentique d’André Gide. I. 1918-1929. Préface d’André Malraux, avant-propos de Claude Martin, Gallimard, 1973, XXXI-461 p. (Cahiers André Gide, 4) — II. 1929-1937, id., 1974, 672 p. (Cahiers André Gide, 5) — III. 1937-1945, id., 1975, XII-407 p. (Cahiers André Gide, 6). — Cl. Martin, La maturité d’André Gide. 1. De « Paludes » à « L’immoraliste » : 1895-1902, Klincksieck, 1977, 687 p. (Bibliothèque du XXe siècle). — A. Anglès, André Gide et le premier groupe de la « Nouvelle Revue française », Gallimard. 1. La Formation du groupe et les années d’apprentissage : 1890-1910, 1978, 478 p. — F. Kupferman, Au pays des Soviets. Le voyage français en Union soviétique 1917-1939, Gallimard-Julliard, 1979, 189 p. (Archives 78). — Rudolf Maurer, A. Gide et l’URSS, Berne, Éd. Tillier, 1983, 252 p. — Janine Robrieux, « Gide, Trotsky et l’URSS », Cahiers Léon Trotsky, 25, mars 1986, pp. 93-103. — Cécile Vargaftig, En URSS avec Gide. Mon journal, Arthaud, 258 p. — Note de Julien Chuzeville.