GUEYRAUD Albert, Pierre, Lucien.

Par Gérard Leidet

Né le 30 juillet 1923 à Gap (Hautes-Alpes),mort le 22 mai 2007 à Gap ; professeur ; syndicaliste, militant communiste des Hautes-Alpes.

Les parents d’Albert Gueyraud, instituteurs laïques et républicains, lui apprirent ses « premières leçons de républicanisme ». Son père, qui votait pour les candidats socialistes SFIO, et sa mère, née Roux en 1892 à La Salle-les-Alpes (hameau de Villeneuve), se marièrent en 1918 à La Salle-les-Alpes. Nommés respectivement instituteurs à Arvieux et à Brunissard, ils rejoignirent Valserres en 1924, Chauffayer, puis Gap à la rentrée 1934. Déplacés d’office en janvier 1941 à La Verne-de-Conte (Alpes-Maritimes), ils prirent leur retraite à La Salle-des-Alpes. Son père, communiste, était à la fin des années 1930, un des dirigeants départementaux des Amis de l’Union soviétique.

Albert Gueyraud participa aux manifestations sous le Front populaire : chorale, inauguration du stade de Veynes par Émile Meurier*, maire communiste, bal du Syndicat national des instituteurs animé par Anselme Gras*, sorties champêtres, aide à l’Espagne républicaine impulsée par Marcel Lobry, professeur de mathématiques à Gap et militant libertaire, accueil des réfugiés basques et création du camp de Pont-la-Dame à Aspres-sur-Buech à l’intention des femmes de Catalogne… Il adhéra au cercle des Jeunesses communistes de Gap en février 1939 qu’il avait contribué à créer, en devint le trésorier. Il participa à des activités clandestines avec les communistes de Gap jusqu’en janvier 1941. Chargé de la distribution de l’Humanité clandestine, il fut l’objet d’une mesure d’internement administratif mais il partit comme pensionnaire à l’école primaire supérieure d’Ussel (Corrèze) où il demeura d’octobre 1941 à juillet 1943 et obtint le brevet supérieur.

Gueyraud rencontra des résistants du mouvement « Combat » chez sa tante, professeur au collège de Brive et eut des contacts avec l’Armée secrète. Le 11 novembre 1942, il refusa de chanter « Maréchal nous voilà ! » pour entonner « Le Chant du départ » puis « La Marseillaise » avec ses camarades et les ouvriers de l’usine Montupet. Il rejoignit ses parents en juin 1943 et prit des contacts avec les communistes locaux. Refusant de se rendre aux Chantiers de jeunesse, il rejoignit le maquis de Vallouise-Béassac (Hautes-Alpes). En juin 1944, il s’engagea dans la compagnie de Francs Tireurs Partisans qui participa à la libération de Briançon et termina la guerre avec le bataillon des chasseurs alpins et les FFI. Il refusa d’utiliser les armes dans une perspective de prise du pouvoir par les communistes. En mars 1945, il entama une série de stages préparatoires à l’école de Coëtquidan pour devenir sous-officiers. Sergent, décoré de la Légion d’honneur à titre militaire, il effectua une demande de rengagement de dix-huit mois qu’il ne confirma pas en raison de la situation en Indochine. Il fut démobilisé le 18 février 1946.

Albert Gueyraud se maria en juillet 1955 à Saint-Chaffrey (Hautes-Alpes).

Après un mois de travail à l’agence des Allobroges, quotidien communiste régional, il entra en mai 1946 comme employé à la caisse de Gap des assurances sociales puis de Sécurité sociale, devint membre de la CGT puis secrétaire du syndicat des employés. Il anima des grèves en novembre et décembre 1947. Susceptible d’être remobilisé avec sa classe 43/2 pour lutter contre les actions des grévistes, il fut réformé pour « insuffisance cardiaque » après avoir mené une activité de propagande favorable aux grévistes dans les casernes réquisitionnées.

Albert Gueyraud adhéra au Parti communiste français en 1946 et fit partie de la commission fédérale de la jeunesse. Il devint secrétaire fédéral adjoint de l’Union de la Jeunesse républicaine de France, responsable de la presse et de la propagande. Il entra en 1947 au comité et au bureau de la fédération communiste. Secrétaire de la section communiste de Gap au début des années 1950, il abandonna le bureau fédéral pour des motifs professionnels en 1953. Dirigeant des actions pour la libération d’Henri Martin, contre les guerres d’Indochine, pour la signature de l’appel de Stockholm, il fut interpellé par la police.

Il travaillait comme professeur dans l’enseignement technique à Gap où il fut membre du bureau de la section communiste locale. Il entra à nouveau au bureau fédéral en 1957 et redevint simple membre du comité fédéral de 1962 à 1968. Au début des années 1960, professeur à Embrun, il devint le secrétaire de la section communiste d’Embrun. Parallèlement, il était à la fin des années 1950 le secrétaire départemental de France-URSS puis, au milieu des années 1960, devint membre de son comité national.

Albert Gueyraud, candidat en avril 1958 au conseil général dans le canton d’Embrun, obtint 487 voix sur 3 442 inscrits.

En septembre 1984, par lettre au comité central, il souhaitait que Rol-Tanguy devienne président du PCF. Dans les années qui suivirent, il critiqua radicalement les évolutions du monde communiste (« Je me faisais de moins en moins d’illusions sur la volonté de Gorbatchev de préserver le régime soviétique ») et celles de son Parti, notamment « la mutation » engagée autour de Robert Hue. Membre de l’Amicale des Vétérans du PCF, il adhéra alors au « Comité international pour la libération d’Honecker » dont il devint membre d’honneur. La conclusion de ses « Mémoires » laissait entrevoir un militant désenchanté mais fidèle à l’idéal de sa jeunesse et confiant dans l’avenir toujours renouvelé de l’espérance sociale : « …je ne regrette pas mon passé militant. Si c’était à refaire, je referai le même chemin. La disparition du camp socialiste laisse un grand vide dans ce monde, mais d’autres forces se réveilleront pour créer un monde dans lequel il y aura du pain et des roses pour tous. »

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76354, notice GUEYRAUD Albert, Pierre, Lucien. par Gérard Leidet, version mise en ligne le 15 février 2010, dernière modification le 16 juillet 2021.

Par Gérard Leidet

ŒUVRE : Un monde dans lequel il y aura du pain et des roses pour tous…Souvenirs d’un militant haut–alpin, édité par l’Institut CGT d’histoire sociale des Hautes-Alpes, août 2003. (présentation par Philippe Cottet).

SOURCES : Archives du comité national du PCF. – Cahier manuscrit du militant : École régionale des Jeunesses communistes, Grenoble 1939 (professeur : Jean Lautissier). ). — Entretien avec Albert Gueyraud (27 octobre 2005). — Notes de Anne-Marie Farrenq et de Jacques Girault.

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