GUYONNET Émile [pseudonyme dans la résistance : commandant Bicot]

Par Pascale Quincy-Lefebvre, Eric Panthou

Né le 5 juillet 1897 à Sauviat (Puy-de-Dôme), abattu le 21 juin 1944 à Malintrat (Puy-de-Dôme) ; blessé de guerre pensionné à 100% ; volontaire de l’Espagne républicaine ; résistant au sein des Francs-tireurs et partisans (FTP) ; militant du Parti communiste (PCF).

Stèle commémorative GUYONNET Émile à Malintrat.

Émile Fafournoux fut légitimé par le mariage de sa mère Annette Fafournoux, métallurgiste à Montluçon (Allier) avec Léon Guyonnet, métallurgiste, le 1er octobre 1898 à Sauviat (Puy-de-Dôme).
Il se maria le 12 juin 1928 à Paris XVIII arr. avec Henriette Bourges, née en 1893 en Corrèze et décédée en 1972 à Paris. Ils eurent une fille née en 1931 à Paris XIII° arr.

Sa passion pour le cheval fit découvrir à l’adolescent de nouveaux horizons. En 1914, il était jockey en Roumanie lorsque la nouvelle de la déclaration de guerre lui parvint. Trop jeune pour être mobilisé, il revint néanmoins dans son pays d’origine et demanda son incorporation comme engagé volontaire à la mairie de Riom (Puy-de-Dôme) le 14 janvier 1915 au titre du 31 ème Régiment de chasseurs à cheval avant d’être versé dans le 4e tirailleurs Algériens.
Grièvement blessé le 9 juillet 1916 sur la Somme, il fut hospitalisé jusqu’au 14 février 1919 et soigné pour de graves blessures à la tête pour lesquelles il fut trépané trois fois. Décoré de la Croix de Guerre et de la médaille Militaire, le jeune homme fut pensionné à 100 %.
Ayant dû abandonner sa carrière de jockey, il réinvestit une partie de son énergie dans la vie militante. Les années trente firent de lui un activiste de la lutte antifasciste. Communiste, il fut chargé de recruter des hommes et des armes pour les Brigades internationales. Malgré son handicap, il combattit dans leurs rangs.

Il fut en 1942 l’un des premiers membres du Front national de lutte pour la libération et l’indépendance de la France (FN), dans le Puy-de-Dôme. Son expérience militaire et son engagement antifasciste firent d’Émile Guyonnet une recrue de valeur. Afin d’échapper aux recherches de la police de Pétain, il se réfugia en Corrèze où il forma le maquis d’Estivaux. Celui qui était devenu le capitaine Bicot participa à de nombreuses actions armées contre les troupes d’occupation, en particulier aux combats de Sainte-Féréole (Corrèze) qui firent 19 victimes parmi les résistants. En mars 1943, il participa à la réception d’un parachutage, le 15 août 1943 à l’attaque du camp de Chamalot à Moustiers-Ventadoux, au sabotage d’une ligne électrique en juillet 1943 près de Soudeilles, au sabotage de deux voies ferrées en décembre 1943 près de Soudeilles. Il était sous le commandement d’André Vialle alias commandant Bonnaud. Son dernier domicile connu était Estivaux (Corrèze).

Il fut arrêté le 1er février 1944 en Corrèze et resta prisonnier jusqu’au 2 mars 1944. Il fut emprisonné à Tulle et condamné à vingt ans de travaux forcés par le Tribunal de Limoges.
Délivré par des camarades mais traqué, il revint dans le Puy-de-Dôme. Il fut le commandant de la formation 8e Compagnie, devenue 104e Bataillon FTPF du Puy-de-Dôme, avec durée des services homologués du 1er décembre 1943 jusqu’à sa mort le 21 juin 1944. Avec ses hommes, il a accompli plusieurs missions audacieuses notamment la récupération d’une réserve d’essence en plein Clermont-Ferrand. Il fut abattu par un officier de la Garde Mobile à Malintrat (Puy-de-Dôme) le 21 juin 1944 alors qu’il venait avec trois de ses hommes de désarmer plusieurs Gardes et s’adressait à leur officier pour que lui et ses hommes rejoignent la résistance. Lors de l’échange de coups de feu, le Garde Républicain Roger Girardot fut abattu par les résistants. Son frère, Georges Guyonnet, lui-même membre des FTP, lieutenant, habitait Malintrat.
Émile Guyonnet a été enterré quelques jours plus tard au cours d’une cérémonie clandestine dans le cimetière de Saint-Dier-d’Auvergne, près du camp Guy-Moquet dont il était devenu l’un des Commandants. L’un de ses adjoints était Berthiaud, alias capitaine Cartel.

Il a été reconnu FFI, "Mort pour la France". Il a été homologué au grade d’assimilation de commandant à titre posthume avec prise de rang au 1er juin 1944.
Il a été homologué FFI pour la période du 1er décembre 1942 au 1er février 1944 au sein des FTP de Corrèze, puis pour la période du 30 avril 1944 au 21 juin 1944 au sein du 104ème Bataillon FTP du Puy-de-Dôme.
Arrêté le 1er février, il en fut libéré le 12.

Il reçu le titre d’Interné-Résistant (DIR) en 1971. Jusqu’à cette date, la commission nationale avait un émis défavorable à l’attribution du titre d’Interné-Résistant à Émile Guyonnet. Le refus fut motivé par le fait que l’emprisonnement avait été inférieur à 3 mois et d’autre part que Guyonnet ne s’était non pas évadé mais qu’il avait été libéré.
Ce titre lui fut accordé uniquement pour sa période dé détention en février 1944.

Son nom figure sur le Monument aux Morts d’Estivaux et sur la Stèle commémorative GUYONNET Émile à Malintrat.

Ses obsèques eurent lieu le 7 novembre 1944 à Malintrat, le Parti communiste lui rendant alors hommage dans son hebdomadaire, La Voix du Peuple. Au lendemain de la guerre, sa femme habitait Vitry-sur-Seine (ex Seine, aujourd’hui Val-de-Marne).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76407, notice GUYONNET Émile [pseudonyme dans la résistance : commandant Bicot] par Pascale Quincy-Lefebvre, Eric Panthou, version mise en ligne le 21 février 2010, dernière modification le 3 août 2022.

Par Pascale Quincy-Lefebvre, Eric Panthou

Stèle commémorative GUYONNET Émile à Malintrat.
Portrait d’Émile Guyonnet

SOURCES : SHD Caen dossier AC 21 P 622728 et AC 21 P 201096.— SHD Vincennes, dossier de résistant : GR 16 P 282093 (nc).— SHD Vincennes, dossier 19 P 63/7, membres du 104e Bataillon FTPF du Puy-de-Dôme .— "Biographie du Commandant "Bicot", 1 page dactylographiée, Archives privées de Roger Champrobert. — Notice manuscrite sur Émile Guyonnet, rédigée par Roger Champrobert, Archives privées de Roger Champrobert .— "Nos morts : Émile Guyonnet", La Voix du Peuple, 11 novembre 1944.— État civil Malintrat et Sauviat.

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