LABORIE Paul

Par Julien Cahon

Né le 19 février 1922 à Parlan (Cantal), mort le 17 juillet 1997 à Amiens (Somme) ; inspecteur des impôts ; militant communiste et syndicaliste CGT dans la Somme ; membre du bureau fédéral (1961-1965), secrétaire départemental du Mouvement de la paix (1957-1965), secrétaire départemental de l’Association France-URSS (1967-1984) ; conseiller municipal d’Amiens (1971-1977).

D’origine auvergnate, Paul Laborie n’avait que quatre ans quand sa famille quitta Parlan, (hameau de Laborie) – une borie est une ferme – près d’Aurillac, et vint s’installer à Paris en 1926. Sa mère, Gabrielle Laborie, tenait une épicerie dans le XVIIIe arrondissement, et son père, Jean Laborie, était employé aux halles de Paris. Paul Laborie fit toutes ses études dans le XVIIIe arrondissement. En 1943, souhaitant rejoindre l’armée du général Leclerc en Afrique du Nord, il prit le train vers l’Espagne, mais près la frontière espagnole, à Saint-Jean de Luz, il fut arrêté par des soldats allemands et déporté en avril 1943. Paul Laborie faisait partie du convoi dit des « Tunisiens », car venant de Tunis via Alexander Platz, et comprenant une quarantaine de Français. Après un passage à Compiègne (camp de Royallieu), il fut transféré à une trentaine de kilomètres de Berlin au camp d’Oranienbourg-Sachsenhausen, affecté au kommando Falkensee, et flanqué du matricule 66215. A son retour, en raison de sa grande faiblesse et d’un mauvais état de santé (il avait contracté la tuberculose), il passa un an dans un sanatorium suisse puis six mois à Chamonix.

De retour dans la Somme, il reprit ses études, obtint son baccalauréat et entama un cursus pour devenir inspecteur des impôts, profession qu’il exerça ensuite.
Il adhéra au PCF à en 1946. Dans la foulée, il adhéra à la CGT et à l’association France-URSS. Ses parents n’étaient engagés dans aucun parti. Denise Laborie, sa seconde épouse, s’interrogeait sur cette politisation qui se serait faite alors qu’il était interné, ou à sa sortie (le camp avait été libéré par les Soviétiques). Paul Laborie fut en tout cas marqué par son expérience des camps et « parlait de son insouciance avant cette tragique expérience ».

Paul Laborie fut délégué au sixième congrès départemental de l’association France-URSS du 25 mai 1952, préludant au congrès national des 31 mai, 1er et 2 juin à Lyon, avec son épouse d’alors, Renée Laborie*, née Pamart (le couple eut deux enfants). Il entra au comité fédéral du PCF en juin 1957, puis fut promu au bureau fédéral en mai 1961, responsabilité qu’il occupa jusqu’en mai 1965. A partir de 1957, il fut également secrétaire départemental du Mouvement de la paix, et membre du comité de la section PCF d’Amiens. En 1958, il était membre du bureau départemental CGT de l’UGFF (Union générale des fédérations de fonctionnaires) dont le secrétaire était alors Maurice Boucher*, et en 1959, il siégeait au secrétariat de la section d’Amiens.

Signataire de l’appel de Stockholm, il s’illustra également dans l’organisation d’actions pour la paix en Algérie, prenant la parole lors de conférences organisées par le mouvement à Amiens notamment. En octobre 1960, sur l’initiative du comité départemental du Mouvement pour la paix, il participa à la « quinzaine d’action » (pétitions, rassemblements autour des mairies, manifestations, réunions d’information) en faveur de la négociation et de la paix en Algérie. Il organisa une réunion en juin 1960 pour appuyer le congrès national pour la paix en Algérie, réunion qui déboucha sur la création d’un cartel départemental de coordination pour la paix en Algérie (filiale du comité Pleyel) analogue à celui créé au niveau national. D’après un rapport des renseignements généraux, malgré les efforts des dirigeants départementaux du mouvement, l’association n’avait pu organiser de mouvements de masse dans la Somme et dut s’orienter vers une simple campagne de pétitions.

Après avoir abandonné ses activités militantes pendant deux ans suite à son divorce 31 mars 1967 (les époux Paul et Renée Laborie avaient divorcé en juin 1965), il fut élu secrétaire départemental de l’Association France-URSS le 21 mars 1967. Paul Laborie participa alors aux différentes manifestations et actions en faveur de la paix au Vietnam. Membre du comité départemental de la Somme pour la réunion des états généraux pour la paix au Vietnam, il était signataire, d’un appel d’une centaine de « personnalités de la Somme pour la paix au Vietnam » en mai 1967, dont le but était de mobiliser un maximum de personnes aux assises départementales de la paix du 17 mai et de préparer la réunion nationale à Paris, salle Pleyel, les 20 et 21 mai.

Son nom figurait régulièrement dans la presse communiste locale pour annoncer et rendre compte des manifestations organisées par France-URSS (projections de films, réunions, conférences-débats, expositions, voyages en URSS, accueil d’une délégation russe de l’Association URSS-France en mai 1981). Secrétaire départemental de cette association, il conserva cette fonction jusqu’en février 1984, au moins (l’Association France URSS fut dissoute en février 1992).

Militant actif, il fut candidat aux élections municipales de 1971 à Amiens sur la liste « d’union pour un Amiens, social, moderne et démocratique présentée par le PCF, le PS et la CIR ». Figurant en 28e position sur la liste conduite par René Lamps*, il fut élu avec toute la liste. Conseiller municipal communiste d’Amiens, il ne fut pas candidat en 1977, mais lors de la campagne électorale pour les municipales de 1977, il figurait parmi les 150 personnalités politiques locales signataires de l’« appel en faveur de la liste d’union pour un Amiens social, moderne et démocratique » conduite par René Lamps.

Paul Laborie mourut à l’âge de soixante-quinze ans. Il s’était remarié avec Denise Caron. Il eut des obsèques civiles, sans discours, ni drapeaux, selon ses volontés, et fut inhumé au cimetière de la Madeleine à Amiens. Son faire-part de décès ne mentionnait pas les fonctions et responsabilités qu’il avait occupées.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76412, notice LABORIE Paul par Julien Cahon, version mise en ligne le 23 février 2010, dernière modification le 15 août 2011.

Par Julien Cahon

ICONOGRAPHIE : Photographie de Paul Laborie dans le numéro du 22 mars 1971 du Courrier picard.

SOURCES : Arch. Dép. Seine-Saint-Denis, 261J21/77. — Arch. Dép. Somme, 21W326, 21W327, 1124W10. — Bibliothèque Mun. Amiens, AM. Associations : France-URSS. — Le travailleur de la Somme, 1945-1987. — Lettre de Denise Laborie à l’auteur. — Jean Bezaut, Mémorial d’Oranienbourg Sachsenhausen, Strasbourg, 1980. — Le courrier picard, 19 juillet 1997.

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