HENTZ Gustave

Par Madeleine Singer

Né le 23 janvier 1923 à Sparsbach (Bas-Rhin) ; agrégé de grammaire, maître de conférences à l’université des sciences humaines de Strasbourg (Bas-Rhin) ; membre du comité national du Syndicat général de l’Éducation nationale (SGEN) de 1953 à 1970, en qualité de secrétaire académique de Strasbourg.

Gustave Hentz était l’unique enfant d’un garde- forestier, qui avait donné son prénom à son fils, et de Frieda, Catherine Reeb. Gustave Hentz fit ses études secondaires au collège de Bouxwiller (Bas-Rhin) où il obtint en 1940 la deuxième partie du baccalauréat. Il entreprit alors des études supérieures à l’université de Heidelberg, car l’Alsace ayant été annexée par l’Allemagne hitlérienne en violation du droit international, les Alsaciens étaient traités comme des Allemands de souche. En 1941-1942, Gustave Hentz poursuivit ses études universitaires à Strasbourg et fut alors incorporé de force d’abord dans le Reichsarbeitsdienst, puis dans la Wehrmacht. Après deux campagnes sur le front de l’Est (1943 et 1944), il se trouva en mars 1945 dans le Palatinat avec son unité qui battait en retraite devant l’avance américaine. Au risque de se faire prendre et fusiller comme déserteur, il rejoignit le 24 mars 1945 les lignes américaines. Fait prisonnier et transporté à Cherbourg en vue d’un transfert aux États-Unis, il fut libéré sur intervention des autorités françaises, mais immédiatement incorporé dans l’armée française par suite d’une erreur administrative… Il ne fut rendu à la vie civile qu’après des démarches qui durèrent deux mois.

Après la libération de l’Alsace, il reprit ses études à Strasbourg, obtint la licence de lettres classiques en 1947, le diplôme d’études supérieures l’année suivante, l’agrégation de grammaire en 1950. Il passa alors un an au lycée de Sarreguemines (Moselle), puis fut nommé au gymnase Jean Sturm qui est le plus ancien établissement scolaire de Strasbourg, fondé au temps de la Réforme (1538) par Jean Sturm qui fut professeur au Collège de France. C’est un lycée semi-privé protestant à statut spécial dont la plupart des professeurs étaient déjà rétribués par l’Etat avant les lois Barangé et Debré.

Nommé en 1963 assistant de latin à la faculté des lettres de Strasbourg, Gustave Hentz y devint maître- assistant en 1968 et y prit sa retraite en 1989 en qualité de maître de conférences. Il avait été de 1980 à 1983 directeur de l’Unité d’enseignement et de recherche (UER) des langues anciennes de Strasbourg II (université des sciences humaines), puis de 1986 à 1989 directeur de l’Unité de formation et de recherche (UFR) de linguistique et littératures anciennes, françaises et comparées. C’étaient des fonctions bénévoles, mais très prenantes, qui ne comportaient pas de décharge d’enseignement. Il avait soutenu en octobre 1978 une thèse de troisième cycle sur un agronome latin : Columelle, De l’agriculture, livre I, introduction et commentaire. Il s’était marié en 1951 avec Anne-Marie, Marthe Klein qui était alors maîtresse auxiliaire au lycée de jeunes filles de Mulhouse et devint par la suite professeur certifiée de lettres classiques à Strasbourg. Ils eurent trois enfants qui embrassèrent les professions de médecin anesthésiste-réanimateur, de violoniste professeur de musique et de professeur agrégé de génie électrique.

À peine arrivé à Sarreguemines, Gustave Hentz adhéra au SGEN en février 1951, après avoir comparé les publications du SGEN et du SNES : il avait été, dit- il, « attiré par la laïcité ouverte du premier et repoussé par le laïcisme sectaire du second, peu adapté au contexte particulier de ce qui était encore l’Alsace- Lorraine ». Lorsqu’il entra l’année suivante au gymnase Jean Sturm, il n’y avait aucune section syndicale, ni SNES, ni SGEN ; il fonda celle du SGEN et en fut le secrétaire. En 1953 Robert Walter* qui avait assumé la charge de secrétaire académique depuis la Libération et l’avait transmise en 1952 à Maurice Gollé, suscita la candidature de Gustave Hentz car il lui semblait nécessaire qu’après deux catholiques, il y eut à la tête de la section académique un protestant. Gustave Hentz allait remplir ce rôle pendant dix-sept ans, en étant en même temps membre du comité national en qualité de secrétaire académique.

Pendant ce long mandat, Gustave Hentz dut affronter tous les problèmes majeurs qui se posaient alors au SGEN. Ce fut d’abord le rapport du syndicalisme avec la politique. Pour les élections législatives du 2 janvier 1956, le bureau national avait, sous forme d’une lettre aux candidats, rappelé l’essentiel de ses préoccupations : urgence d’un effort d’équipement et d’un recrutement suffisant de personnel qualifié. Or Jean Brocard, secrétaire général adjoint depuis le 1er avril 1953, était intervenu en faveur de Pierre Mendès France au cours de la campagne électorale. Cela provoqua en Alsace une vive émotion : Gustave Hentz alerta aussitôt Paul Vignaux* qui lui proposa au téléphone que Jean Brocard vint s’expliquer devant le conseil syndical Premier degré du Bas-Rhin. Par lettre du 9 janvier 1956, Gustave Hentz déclara qu’une réponse écrite était suffisante. Dans Syndicalisme universitaire du 18 janvier 1956, Jean Brocard précisa lui- même qu’il avait pris la parole au cours de réunions publiques organisées par le MRP (mouvement républicain populaire) et la SFIO (section française de l’Internationale ouvrière), soit au nom des groupes Reconstruction, soit à titre personnel quand il se trouvait dans la banlieue où il était électeur. C’est ce que Paul Vignaux dira également au congrès national de mars 1956 en répondant à un délégué qui représentait la minorité du Haut-Rhin. Gustave Hentz avait écrit à Vignaux, le 4 février 1956, qu’avec les éclaircissements reçus, il avait pu, lors du conseil syndical Premier degré (Bas- Rhin), appuyer les jeunes qui n’avaient pas partagé l’émotion d’Alfred Stengel*, secrétaire de la section, au sujet des interventions de Jean Brocard dans la campagne électorale.

Une autre année difficile fut 1958, avec la fin de la IVe République et l’arrivée au pouvoir, dans des conditions discutables, du général de Gaulle. Vu la mentalité gaulliste de l’Est, Gustave Hentz dut multiplier les réunions pour expliquer la prise de position du SGEN qui critiquait le référendum relatif à la nouvelle constitution. Quelques années plus tard, lorsque le comité national du 31 octobre 1965 dut examiner un projet de résolution relatif à l’élection présidentielle qui allait avoir lieu pour la première fois au suffrage universel, Gustave Hentz se félicita de ce que le texte exprimait « le refus de dicter le vote des syndiqués » ; il proposa de rendre ce refus plus explicite par une formulation plus développée que le rapporteur accepta. L’année suivante, en octobre 1966, le comité national eut à juger un texte qui, en vue des élections législatives de mars 1967, définissait le rôle de l’organisation syndicale dans la vie politique. Les interventions furent si nombreuses qu’on envisagea de remettre le débat à une session ultérieure. Gustave Hentz qui présidait, proposa de prolonger la séance au-delà de l’heure prévue. L’assemblée se rallia à son point de vue et l’on adopta une résolution qui donnait notamment au bureau national le mandat d’établir un projet de lettre aux candidats qui serait soumis à un comité national restreint.

Plus encore que les questions politiques, le statut scolaire des trois départements de l’Est suscita des polémiques. En effet la loi de 1882 qui instaurait l’école laïque, n’avait pas été appliquée à l’Alsace et à la Moselle qui étaient alors annexées par l’Allemagne. Lors de leur retour à la France en 1918, le régime scolaire ne fut pas modifié. Dès la Libération, le SGEN fut soucieux d’assurer la liberté de conscience des maîtres et des élèves-maîtres : il réclama pour les uns l’autorisation de ne plus donner l’enseignement religieux, pour les autres le droit de ne pas suivre les cours de religion à l’École normale sans être astreints pour autant à une déclaration de non-croyance. Or dans le contexte alsacien, cela faisait problème, car la population était très attachée à ce statut scolaire. Sans nous étendre sur les péripéties d’une histoire que nous avons évoquée dans notre thèse (chapitre VIII et annexe II), rappelons seulement que le bureau académique présidé par Gustave Hentz dut se saisir fréquemment de la question. Dans sa lettre du 4 février 1956, il disait à Paul Vignaux que le mercredi 8 février, accompagné de Paul Caspard et d’Alfred Stengel, il allait avoir une entrevue avec Mgr Elchinger, entrevue provoquée par le questionnaire diffusé par Paul Caspard en Moselle (dont il était le secrétaire Premier degré), questionnaire que ni le Bas- Rhin, ni le Haut-Rhin n’avaient repris : il s’agissait de voir comment on pouvait faire évoluer le statut scolaire local. « Auparavant, disait Gustave Hentz, j’aurai pris la température chez le président du directoire de l’Église luthérienne. Jeudi bureau académique sur la même question ».

Il est impossible de citer tous les textes votés sur ce sujet par les instances locales du SGEN en 1956, en 1957, en 1959, en 1962. Le bureau académique du 4 juin 1963 les rappela en soulignant les exigences du syndicat déjà indiquées précédemment ; il formulait le voeu que les Écoles normales devinssent interconfessionnelles et fussent ouvertes à tous les candidats sans que ceux-ci eussent à faire état de leurs opinions religieuses, que toutes les écoles primaires fussent interconfessionnelles comme c’était déjà le cas dans un certain nombre de communes. Gustave Hentz reçut alors une lettre de Mgr Elchinger, datée du 4 juillet : celui-ci s’élevait contre cette motion et se plaignait de ce que le secrétaire académique du SGEN n’ait « jamais cru utile d’entrer en dialogue avec les autorités religieuses responsables du statut scolaire en Alsace ». Il ne se doutait pas qu’il décernait ainsi à ce secrétaire académique le plus bel éloge possible.

Le SGEN ne refusait pas le dialogue à condition qu’il ne s’agît pas du tête-à-tête réclamé par l’évêque. Dans une motion du 10 décembre 1966, le bureau académique de Strasbourg renouvelait « la proposition qu’il avait faite dès 1947 aux pouvoirs publics de créer une commission d’étude appelée à rechercher et à proposer au législateur une solution d’ensemble aux différents problèmes que ne cesse de poser l’existence du statut scolaire local » ; il demandait que dans cette commission fussent représentés aux côtés de l’administration de l’Éducation nationale, les autorités religieuses, les collectivités locales, les associations de parents d’élèves et les syndicats d’enseignants. Le bureau académique déplorait en même temps qu’aucune réponse favorable n’avait encore été donnée à cette proposition. Quand Gustave Hentz quitta en 1970 le secrétariat académique, la situation n’avait guère évolué, si l’on excepte la lettre rectorale de 1956 qui permettait aux instituteurs de ne plus donner l’enseignement religieux s’ils demandaient à en être dispensés. Il faudra attendre le décret du 3 juillet 1974 pour que l’obligation de principe d’enseigner la religion fut abandonnée au profit du volontariat. Actuellement les Écoles normales et les écoles primaires sont toutes devenues interconfessionnelles ; l’enseignement religieux, facultatif pour les élèves, y est dispensé par des maîtres choisis par les autorités religieuses.

On se doute qu’en Alsace, la déconfessionnalisation de la CFTC en 1964 suscita de nombreuses discussions. Dès 1957 la question avait été évoquée dans deux articles publiés, l’un en août par le bulletin confédéral Recherches, l’autre en juin par Étienne Borne dans l’hebdomadaire MRP Forces nouvelles sous le titre : « Y aura-t-il demain un syndicalisme chrétien ? » En effet au congrès SGEN d’avril 1957, deux sections (le collège de Pontoise et le lycée de jeunes filles de Saint-Cloud) avaient demandé au bureau national d’agir au prochain congrès confédéral en vue de faire supprimer dans les statuts l’épithète de chrétien. Vignaux avait d’ailleurs donné une réponse dilatoire : la question, dit-il, sera examinée par le comité national du SGEN vu qu’il est statutairement trop tard pour la poser au congrès confédéral. Le 6 septembre 1957, Gustave Hentz remercia Vignaux qui lui avait envoyé le numéro de Recherches et lui donna ses impressions sur les deux articles dont il soulignait la similitude ; il attribuait à Théo Braun l’article non signé de Recherches car celui- ci lui avait dit un jour qu’il rédigeait en grande partie cette revue.

La question ne devint d’actualité que lorsque la commission d’enquête, créée au sein de la Confédération sur ce sujet, eut à remettre son rapport pour le conseil confédéral des 21 au 22 juin 1962. Dès le 15 février 1962, Gustave Hentz avait organisé à Obernai (Bas-Rhin) une journée d’études sur « la modification des statuts et le changement de titre de la CFTC » avec le concours de Paul Vignaux et de Claude Pinoteau* : une cinquantaine de militants de toute l’académie y participèrent ; les quatre grandes pages du compte rendu, rédigées par Gustave Hentz, furent diffusées largement car elles répondaient à toutes les objections possibles. Peu après L’Ami du peuple, l’hebdomadaire catholique et diocésain de Strasbourg, consacrait au SGEN trois articles (25 février, 11 mars, et 18 mars 1962) ; il accepta de publier la réponse que Gustave Hentz lui adressa, réponse reproduite dans Syndicalisme universitaire du 28 mars 1962. Gustave Hentz montrait que le problème de la déconfessionnalisation avait été posé publiquement non par le SGEN, mais en 1960 par Maurice Bouladoux alors président de la Confédération. Il ajoutait qu’en isolant la référence à la morale sociale chrétienne de l’ensemble des statuts de la CFTC, il était facile de la présenter comme un mouvement d’action catholique et non comme une confédération qui détermine son action « indépendamment de tout groupement politique et religieux » (article I des statuts). Il avait auparavant soumis son article à Vignaux et soulignait dans sa lettre, le 18 mars 1962, que L’Ami du peuple les « aidait magnifiquement à poser le problème » car les articles du journal montraient combien la référence à la morale sociale chrétienne était dangereuse pour l’indépendance syndicale.

Deux ans plus tard, en juin 1964, Henri Meck*, député de Molsheim, tint contre « la laïcisation de la CFTC » des propos rapportés par le grand quotidien de Strasbourg, les Dernières nouvelles d’Alsace. Le bureau académique de Strasbourg répondit dans ce journal que la morale sociale chrétienne correspondait, d’après l’article I des statuts, à « la préoccupation de préparer le triomphe d’un idéal de paix en faisant prévaloir l’esprit de fraternité et les exigences de justice » ; « en mettant en avant comme Henri Meck la morale sociale chrétienne et en laissant dans l’ombre la définition (acceptable pour les non-chrétiens aussi) qui en a été donnée », on a rendu nécessaire la modification du titre et des statuts de la Confédération. D’ailleurs avant 1936, la Fédération des syndicats chrétiens d’Alsace « portait le nom de Fédération des syndicats indépendants ». Bien entendu Syndicalisme universitaire donna à cette réponse la publicité qu’elle méritait. Quand le congrès extraordinaire de novembre 1964 eut modifié le titre et les statuts de la Confédération, l’académie de Strasbourg, menée par Gustave Hentz, put passer ce cap sans encombre, si l’on excepte quelques démissions inévitables, compensées par de nouvelles adhésions.

En Mai 68, afin de canaliser le mouvement étudiant et d’éviter les débordements, Gustave Hentz participa à toutes les nombreuses réunions qui eurent alors lieu. Or au sein du SGEN ces événements amenèrent la formation d’une « minorité ». Comme au congrès de 1970, on devait élire le secrétaire général, cette minorité opposa, lors du comité national de novembre 1969, son candidat, Jacques George* à Charles Piétri, soutenu par Paul Vignaux. Les interventions de Gustave Hentz, au cours de ce comité national, furent importantes car elles auraient dû permettre un rapprochement des deux camps. Il soulignait en effet les « bienfaits » de l’explosion de Mai qui avait « desserré », voir « brisé » certains carcans. Nous avons donc à réfléchir, dit-il, sur les possibilités de réforme dans cette situation. Certes « l’évolution des formes de l’enseignement et de la fonction enseignante dont les deux rapports proclament la nécessité » exige une contestation de ce qui se fait actuellement, mais nous ne pouvons faire de cette contestation une « institution généralisée et permanente » comme le dit le rapport de Jacques George car elle serait « purement destructrice ». Toutefois ce rapport ayant « stimulé notre réflexion », nous devons, déclara-t-il, « une grande gratitude à ceux qui ont provoqué ce débat ». Au cours d’une suspension de séance, les protagonistes se réunirent autour de Michel Branciard afin de trouver si possible une solution de synthèse, mais la tentative échoua. Lors de la reprise des débats, Gustave Hentz fut un de ceux qui réclamèrent un vote sur les deux rapports, en laissant de côté la question des candidatures. Lui-même vota en faveur du rapport de Charles Piétri ; puis avec neuf autres secrétaires académiques, il s’abstint sur le rapport de Jacques George tandis que dix secrétaires académiques votaient pour ce rapport et trois contre.

Gustave Hentz n’assista pas au congrès de 1970 car il devait travailler pour s’insérer dans la carrière universitaire et était obligé de rattraper le temps perdu. Mais par sa lettre du 19 mars 1970, il tint C. Piétri au courant des résultats de l’assemblée générale du Bas- Rhin qui avait voté massivement en faveur de ce dernier (35 pour, 9 contre, 5 abstentions) et lui annonça que le porte-parole du bureau académique serait Marie-Thérèse Lina*, ancienne responsable nationale des CET. Après le congrès Charles Piétri le remercia, disant que la délégation de Strasbourg avait été « cohérente et efficace ».

Au bureau académique du 21 janvier 1971, Gustave Hentz fut heureux de trouver enfin un successeur en la personne de François Clad qui était jusqu’alors son adjoint. Pendant dix-sept ans, il avait déployé une activité inlassable qui ne concernait pas seulement les questions générales que nous venons d’évoquer. Il tenait en même temps Paul Vignaux au courant de l’actualité politique régionale. Ainsi dans sa lettre du 4 février 1956, il lui annonçait l’envoi sous pli séparé des manifestes électoraux demandés ; il ajoutait que la tête de liste radicale s’était compromise en attaquant le statut scolaire local et demandait à Paul Vignaux de signaler à l’occasion à Pierre Mendès France « qu’avec du sectarisme laïque, on ne fait rien en Alsace ». Le 10 mars 1967, il envoyait à Paul Vignaux des articles de presse relatant les activités de Théo Braun et du MRP « rebaptisé Centre démocrate » ; il sollicitait les conseils de Vignaux au sujet d’un militant de l’UNR (Union pour la nouvelle république) qui voulait adhérer au SGEN, etc.

Gustave Hentz devait en outre suivre dans son académie tous les problèmes du Second degré comme on le voit par ses interventions au cours de la commission administrative qui se tenait à l’occasion de chaque comité national. Il se préoccupait aussi bien de la préparation de l’agrégation que des conditions de l’entrée en Sixième ou de la notation des professeurs. Il plaidait la cause des adjoints d’enseignement qui, collés deux fois aux épreuves pratiques du CAPES, ne pouvaient accéder au cadre des certifiés alors qu’ils avaient déménagé deux fois et perdu leur poste. Il suivait également les problèmes pédagogiques, demandant que les cycles d’observation fussent organisés dans des établissements distincts des lycées et collèges actuels ; il jugeait nécessaire que les enfants de Sixième aient devant eux le même professeur pendant un temps assez long pour faciliter leur adaptation au sortir de l’enseignement élémentaire et réclamait une formation particulière pour les inspecteurs qui interviendraient dans les classes du cycle d’orientation.

Gustave Hentz assurait enfin toutes les fonctions d’un secrétaire académique : présidence du bureau académique, audiences au Rectorat, présence aux sessions régionales de formation comme celle de décembre 1959 où il exposa devant des jeunes réunis à Obernai (Bas-Rhin) l’histoire de la CFTC. Lors des élections aux commissions administratives paritaires académiques qui eurent lieu cinq fois au cours de son mandat (1955, 1958, 1961, 1965, 1969), il lui fallut trouver des candidats en nombre suffisant. Lorsque le congrès de l’UNEF eut lieu à Strasbourg en mai 1956, il fut chargé d’y représenter le SGEN. On le retrouvait même dans la délégation SGEN lors de congrès confédéraux comme celui de juin 1957. On comprend qu’après avoir cumulé toutes ces tâches, Gustave Hentz ait consacré à ses recherches le reste de sa carrière, d’autant plus que la section SGEN de la faculté était déjà structurée et ne réclamait pas son concours. Mais il resta adhérent jusqu’à la retraite et refusa en 1974 de participer à la lettre de démission collective comme Vignaux le lui proposait : il répondit qu’un mouvement interne ayant abouti de façon démocratique à un renversement de majorité au sein du syndicat, il avait à y combattre pour défendre son point de vue et ne démissionnerait que s’il se trouvait en face d’un extrémisme, ce qui n’était pas le cas. Gustave Hentz fut un de ces « grands » secrétaires académiques qui pendant près de deux décennies, avaient fait le SGEN ; la disparition simultanée de plusieurs d’entre eux ne fut pas étrangère à la crise du SGEN après 1970. Gustave Hentz était officier des Palmes académiques.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76422, notice HENTZ Gustave par Madeleine Singer, version mise en ligne le 23 février 2010, dernière modification le 26 février 2010.

Par Madeleine Singer

ŒUVRE : outre la thèse non publiée, deux articles sur l’enseignement du latin au laboratoire de langues (1966 et 1971). — Trois articles sur les agronomes latins, Ktema, Strasbourg, 1979 (n° 4), 1980 (n° 5), ainsi que dans Hommages à Robert Schilling, Paris, Belles Lettres, 1983.

SOURCES : Madeleine Singer, Le SGEN 1937-1970, Thèse Lille III, 1984, 3 vol. (Arch. Dép. Nord, J1471, notamment les cartons 4 et 5 pour les lettres, le carton 25 pour l’académie de Strasbourg) ; Histoire du SGEN, Presses universitaires de Lille, 1987, 669 p. ; Le SGEN. des origines à nos jours, Paris, Le Cerf, 1993, collection « Histoire », 352 p. (Arch. dép. Nord, J1578). — École et Éducation (1953-1955). — Syndicalisme universitaire (1955-1970). — Lettres de Gustave Hentz à M. Singer, 11 mai 1980, 26 septembre 1991, 14 mai 1995, 8 février 1998, 5 avril 1998, 16 août 1998 (archives privées). - Actes du Colloque Almemos de 2004. — François Igersheim, Jean Lecuir, François Uberfill, De la CFTC à la CFDT, 1964. L’évolution confédérale, l’adhésion de la l’Alsace. (Avec un témoignage de Gustave Hentz). Strasbourg 2004. — Françoise Olivier-Utard (dir.), Instits, profs et syndicats en Alsace 1918-2000, Almémos, Strasbourg, 2008, p.108, 242, 260, 278, 286, 312,317.

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