GRAILLE Jean, Marcel

Par Antoine Olivesi

Né le 18 mai 1907 à Roquemaure (Gard), mort le 18 mars 1977 à Marseille (Bouches-du-Rhône) ; postier ; résistant ; militant socialiste des Bouches-du-Rhône ; maire (1949-1977) et conseiller général de La Ciotat (1952-1973) ; président du conseil général des Bouches-du-Rhône (1959-1961).

Fils d’un instituteur, Jean Graille, né dans le Gard (était-il protestant ?) fut avant la guerre, contrôleur principal des PTT et termina sa carrière comme inspecteur central. En 1934, il était postier à Roquemaure.

Syndicaliste, il aurait milité au Parti socialiste SFIO, « depuis de nombreuses années » écrit à son sujet, Le Provençal du 18 octobre 1945, alors les Renseignements généraux en font un militant de la Résistance seulement.

Graille fit partie des réseaux de résistance organisés dans les PTT. Il a assuré des liaisons télégraphiques et téléphoniques et transmis l’emplacement des unités allemandes dans le Gard. Il résista dans le cadre des MUR (puis du MLN). Il fut, après la guerre, secrétaire général de la section SFIO de La Ciotat.

Après le retour de Ferri-Pisani* de déportation, celui-ci demanda à être en deuxième position sur la liste SFIO à la première Assemblée nationale constituante, alors que la nouvelle direction proposait un tandem Deffferre*-Leenhardt*. La fédération se déchira et le comité directeur, après un rapport de Jules Moch*, prit position en faveur de Defferre. Graille fit partie de la jeune garde qui participa à la reconstitution de la fédération après la scission ferri-pisaniste et figura comme candidat sur la liste socialiste Defferre-Leenhardt à l’Assemblée constituante en octobre en cinquième place derrière Defferre, Leenhardt, Irène Laure*, Léon Guidicelli* et Irma Rapuzzi*, puis suivit par Renée Jullien* et Paul Trompette*. Il ne faisait pas pour autant partie des actionnaires du Provençal.

Graille devint vite l’un des hommes forts de l’arrondissement socialiste grâce à son implantation solide à La Ciotat : il fut élu conseiller municipal de ville en 1945, adjoint au maire en 1947-1949, enfin le 17 octobre 1949, maire de la commune.

Candidat à l’élection cantonale partielle de février 1952, pour le remplacement de Santini, il obtint 2 403 voix, soit 35 %, derrière le candidat communiste Perrimond (40 %) au premier tour (10 février), et fut élu au 2e tour, grâce aux désistements du MRP et du candidat indépendant, avec 4 037 suffrages (56 %). Vice-président en 1958, il présida l’Assemblée départementale, de novembre 1959 à 1961, en remplaçant Jean Masse.

Durant la IVe République Graille figura de nouveau sur les listes socialistes aux élections législatives en 1951. Sous la Ve République, il fut candidat suppléant en 1958 de Leenhardt (élu député-suppléant), puis en 1962 partagea sa défaite. En vue des élections législatives de mars 1967, il affronta Françis Leenhardt pour la tête de liste socialiste dans 6e circonscription : il finit par être désigné par la section de La Ciotat qui lâcha Leenhardt. Les militants ciotadins reprochaient à l’ancien député de ne pas assez « faire peuple » face au candidat communiste Garcin (la circonscription comprenait aussi Aubagne), contrairement à Graille. Leenhardt menaça Graille de la « Sibérie » (menace qui consistait à disparaître des colonnes du Provençal), en vain. Il fut encore candidat aux élections sénatoriales de 1959 et 1962.

Aux élections cantonales de 1973, Graille perdit son siège au profit d’un candidat communiste, Romand, et fut désavoué par la Fédération des Bouches-du-Rhône du Parti socialiste pour indiscipline et non-respect des accords conclus entre les deux partis dans le cadre du programme commun. Il était alors président de l’Union des maires des Bouches-du-Rhône et toujours maire de La Ciotat.

Jean Graille allait conduire, aux élections municipales de 1977, une liste d’Action communale soutenue par la majorité lorsqu’il fut terrassé, en février, par une commotion cérébrale. Il mourut un mois plus tard et fut inhumé à Roquemaure.

Jean Graille était chevalier de la Légion d’honneur, titulaire de la médaille de la Résistance, Croix de guerre 1939-1945, avec étoile d’argent, était chevalier du mérite touristique, du mérite social et du mérite postal.

Il s’était marié à Souillac (Lot) en avril 1931.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76443, notice GRAILLE Jean, Marcel par Antoine Olivesi, version mise en ligne le 26 février 2010, dernière modification le 29 juin 2010.

Par Antoine Olivesi

SOURCES : Arch. Dép. Bouches-du-Rhône, M 2/III1. Arch. Nat., F/1a/3229. F/1b1/998. F/1cII/111A. F/1cII/202, 302, 305, 307, 433. 561, 703 ; F/1cIV/157 ; CAC, 19770359/18 et 23, 19830172/85, 19780654/75. — Le Provençal, 18 octobre 1945 (photo), et dans les périodes électorales ultérieures ainsi les 12 février et 21 mars 1977 (nécrologie et photo). — Profession de foi aux élections législatives de 1962. — Indicateur Marseillais, notamment en 1960. — A. Olivesi et M. Roncayolo, Géographie électorale des Bouches-du-Rhône... op. cit. — R. Jouveau, Histoire du Félibrige (1914-1941), p. 281. — Notes de Gilles Morin et Anne-Laure Ollivier.— Etat civil.

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