JULLIAN Charles

Par Gilles Vergnon

Né le 3 août 1894 à Nîmes (Gard), mort le 20 septembre 1965 à Valence (Drôme) ; outilleur à la Cartoucherie nationale de Bourg-lès-Valence ; syndicaliste et militant socialiste, résistant ; secrétaire de l’UD-FO Drôme-Ardèche de 1948 à 1951, puis de la Drôme jusqu’en 1953 ; conseiller municipal de Bourg-lès-Valence de 1944 à 1959.

Issu d’un milieu modeste (son père Charles Jullian était menuisier, et sa mère Marie-Joséphine née Achard, sans profession), Charles Jullian participa à la Grande Guerre comme “convoyeur maritime”, effectuant vingt-cinq voyages vers Salonique et essuyant le torpillage de son navire le 10 juin 1917. Démobilisé en 1919, il épousa le 1er juillet à Marseille, Madeleine Aumage, qui lui donna trois enfants.

Installé à Valence, il travailla à la Cartoucherie nationale de Bourg-lès-Valence, où il fut vite actif sur le plan syndical, devenant secrétaire adjoint du syndicat CGT de l’entreprise à la veille de la guerre. Dans la Résistance (pseudonyme « Achard »), responsable de « l’Action ouvrière », il travailla en particulier à la reconstitution de la CGT, en liaison avec le lyonnais Marius Vivier-Merle*, en résidence forcée à Montélimar après septembre 1942, qu’il aida dans son évasion en janvier 1944. Il fut aussi responsable, avec Émile Garçon, du service des “faux papiers” pour les MUR de la Drôme.

Conseiller municipal de Bourg-lès-Valence à la Libération, ce vieil adhérent de la SFIO se présenta, pour l’élection de la Constituante en octobre 1945, sur la liste « Résistance sociale et antifasciste », aux côtés du préfet de la Libération, Pierre de Saint-Prix* et de l’ancien commandant des FFI de la Drôme, le capitaine de Lassus. Cette liste, concurrente de la liste SFIO conduite par Marius Moutet, voulait prolonger « le grand souffle d’enthousiasme de la Libération » pour appliquer « depuis A jusqu’à Z » le programme du CNR. Charles Jullian, dont la section SFIO demanda l’exclusion, semblait avoir été séduit par « l’esprit » qui animait la liste, associant fraternité d’armes (Pierre de Saint-Prix parlait d’un « esprit de corps franc ») et égalitarisme : il rappelait avoir connu dans la Résistance Pierre de Saint-Prix « d’abord artificier, puis cuisinier ». Le faible résultat enregistré (6287 voix et 5 % des suffrages exprimés) ramena Jullian au bercail socialiste : il resta conseiller municipal de Bourg-lès-Valence jusqu’en 1959, sans jamais s’investir cependant dans les organismes dirigeants de la fédération.

Charles Jullian joua un rôle de premier plan dans la naissance de Force ouvrière dans la Drôme et l’Ardèche : il fut le premier secrétaire général de l’UD Drôme-Ardèche de juin 1948 à février 1951, quand se constitua brièvement une Union départementale propre à l’Ardèche. Il resta à la tête de l’UD-FO de la Drôme jusqu’en 1953, date à laquelle il fut remplacé par le cheminot Martial Richard*, et continua quelques années à participer aux instances de l’organisation. Charles Jullian n’avait pas demandé le renouvellement de son mandat pour des raisons personnelles.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76473, notice JULLIAN Charles par Gilles Vergnon, version mise en ligne le 28 février 2010, dernière modification le 5 septembre 2011.

Par Gilles Vergnon

SOURCES : Arch. Dép. Drôme, 518 W 2 et 71, 680 J 24 et 113. — Arch. mun. Bourg-lès-Valence. — Arch. Fédération de la Drôme du PS. — Antonio Amanera, Les racines de la passion, Union interdépartementale FO Drôme-Ardèche, Valence, 1997. — Gilles Vergnon, « La fédération SFIO de la Drôme de 1944 à 1948 », Recherche socialiste, 4, 1998, p. 47-54. — Force Ouvrière, hebdomadaire de la CGT-FO, 1er janvier 1948, 17 avril 1952. — Comptes rendus des congrès confédéraux de FO de 1948 à 1950 et de 1954.
État civil de Nîmes. — Notes de Louis Botella.

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