GOURDON Robert, Louis

Par Gilles Morin

Né le 22 janvier 1914 à Vauvert (Gard), mort le 7 juillet 1979 à Vauvert ; avocat puis directeur administratif (chef du service contentieux à l’entreprise d’équipement urbain et rural) ; militant et élu socialiste du Gard (JS, SFIO, PSA, PSU, CIR-FGDS, PS) ; maire (1945-1979) et conseiller général (1958-1979) de Vauvert, député (1948-1958), président du conseil général du Gard (1973-1979), conseiller régional du Languedoc-Roussillon (1973-1979).

Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

Issu d’une vieille famille protestante du Gard, Robert Gourdon, lors de ses études, s’engagea dans le mouvement socialiste. Il fut responsable des Étudiants socialistes de Montpellier au temps du Front populaire. Il obtint une licence en Droit et passa un diplôme d’études supérieures. Il s’inscrivit ensuite comme avocat, à la Cour d’appel de Nîmes, exerçant cette profession tout au long de sa carrière.

Après la Libération, en avril 1945, Gourdon fut élu maire de Vauvert et le demeura jusqu’à son décès. Candidat aux élections cantonales de septembre 1945 à Vauvert, il obtint 1 416 suffrages sur 5 163 exprimés, puis se retira au 2e tour en faveur du communiste Paul qui fut élu. Il figura aussi sur la liste socialiste aux élections législatives d’octobre 1945 en 4e position, puis en novembre 1946 à la deuxième place derrière Paul Béchard. Aussi lorsque celui-ci qui avait été élu député, fut nommé Haut Commissaire en AOF le 6 décembre 1948 et démissionna de l’Assemblée le 12 décembre suivant, Gourdon fut proclamé député le 17 du même mois. Le nouveau parlementaire du Gard, terre viticole, se fit nommer à la commission des boissons. Jusqu’à la fin de la législature, il s’y montra très actif. Il siégea aussi à la commission de la justice et de législation en 1950. Ses votes furent conformes à ceux des autres élus socialistes sur tous les grands sujets de ce temps de guerre froide et de début de construction de l’Europe.

Béchard se représentant aux élections législatives du 17 juin 1951, Robert Gourdon, second de la liste SFIO,, vit son siège sauvé grâce à l’apparentement conclu entre la liste SFIO, les listes UDSR, MRP-CNIP et la liste RGR. Les socialistes ayant obtenu 36 088 voix sur 179 619 suffrages exprimés, obtinrent deux des cinq sièges à pourvoir et Gourdon qui s’était présenté comme défenseur de la viticulture fut reconduit. Membre titulaire de la délégation exécutive du groupe socialiste de l’Assemblée en 1952, il retrouva ses fonctions à la commission des boissons et siégea à celles des immunités parlementaires, de la production industrielle, enfin de la justice et de législation. Il fut également élu juge suppléant à la Haute cour de Justice.

Représentant de l’opposition depuis juin 1951, Gourdon, avec son groupe vota l’investiture de Pierre Mendès France*. Adversaire du projet de Communauté européenne de défense, il fut indiscipliné dans ses votes publics les 19 février 1952, puis vota la motion préjudicielle qui entraîna son échec le 30 août 1954, enfin s’opposa aux accords de Londres et Paris, le 30 décembre 1954. Aussi, il fut l’un des dix-sept exclus pour indiscipline par le conseil national de la SFIO en février 1955. Mais, il fut réintégré en juin suivant, en prévision des élections législatives de 1956. Il appuya, avec succès, la candidature de Béchard, autre dissident socialiste sur la CED, aux sénatoriales de juin 1955 et devint ainsi tête de la liste SFIO aux élections législatives du 2 janvier 1956. Sa liste obtint 32 601 voix sur 200 074 suffrages exprimés et il fut élu.

Robert Gourdon, lors de son troisième mandat vota pour le gouvernement de Front Républicain de Guy Mollet le 31 janvier 1956. Mais il manifesta à plusieurs reprises des réserves sur sa politique algérienne et lors de l’affaire de Suez en novembre 1956 dans les réunions internes du groupe. Il fut néanmoins discipliné sur le projet de loi relatif aux pouvoirs spéciaux en Algérie le 12 novembre 1957, après avoir voté pour l’investiture de Maurice Bourgès-Maunoury le 12 juin 1957, puis de son successeur Félix Gaillard.

Robert Gourdon renforça sa position locale en se faisant élire lors des élections cantonales du 27 avril 1958 conseiller général SFIO de Vauvert, en remplacement du socialiste Monteil qui ne se représentait pas.

En mai 1958, Gourdon contribua avec tous ses collègues socialistes à l’investiture de Pierre Pflimlin, mais alors que la République était à l’apogée de la crise, lorsque le général de Gaulle fut pressenti par le président de la République, il vota en interne dans la SFIO contre l’investiture de Charles de Gaulle le 31 mai. Il confirma son refus à l’Assemblée le 1er juin 1958, puis il vota contre les pleins pouvoirs le lendemain. Son hostilité confirmée à la Ve République valut à Robert Gourdon de perdre son siège lors des premières élections législatives du nouveau régime en novembre 1958 dans la 2e circonscription du Gard.

Gourdon demeura à la SFIO à l’automne 1958, mais les tensions internes à la fédération éclatèrent en 1959. Alors que le sénateur Tailhades était favorable aux nouvelles institutions et se faisait élire à la mairie de Nîmes en mars avec des colistiers UNR, Gourdon et Béchard présentaient des listes d’union avec les communistes au plan local. Gourdon fut ainsi réélu à Vauvert. Le renouvellement des sénateurs en avril 1959 fut donc une occasion de régler les comptes. Gourdon (avec l’appui de Béchard) obtint l’investiture des militants par 758 mandats contre 698, mais Tailhades se présenta sur une liste commune avec les radicaux (madame Crémieux) et l’emporta contre Gourdon (562 voix contre 299 à Gourdon). Tailhades fut donc exclu et Gourdon entra au bureau fédéral en avril 1959. Mais, peu après, le 5 octobre 1959, avec une dizaine d’autres parlementaires socialistes, Gourdon rejoignit officiellement le Parti socialiste autonome(PSA°, au lendemain de l’adhésion de Mendès France et Tanguy Prigent* à ce parti. Ensemble, ils devaient participer à la formation du PSU en avril 1960.

L’ancien parlementaire se contenta désormais d’un rôle au niveau départemental, comme maire et conseiller général. Il était élu dans un canton où, pourtant les voix communistes l’emportaient traditionnellement sur celles des socialistes, en dehors des votes personnels pour lui. Candidat PSU au Sénat, puis aux législatives, en 1962, il fut réélu conseiller général pour ce parti en 1964. Mais, il prit progressivement ses distances avec cette organisation, comme la majorité des conseillers généraux PSU du Gard, après 1965 et rejoignit la FGDS et la Convention des institutions républicaines (CIR). Il devint président de la FGDS du Gard en 1966, puis fut vice-président départemental en mars 1968 et était secrétaire départemental de la fédération de la CIR.

Sans succès, il fut investi par la FGDS, au nom de la Convention des Institutions républicaines (CIR) aux élections législatives de 1967 et 1968. Il se vit opposer u adversaire par le PSU en 1968.

Robert Gourdon fut reconduit au conseil général comme membre du Parti socialiste en 1970 et 1976. Vice président de l’Assemblée départementale en 1973, Gourdon succéda à Béchard comme résident du conseil général de 1973 à 1979.

Le 16 mars 1979, il fut victime d’un grave accident de voiture. Il décéda le 7 juillet 1979 à l’âge de soixante-cinq ans.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76478, notice GOURDON Robert, Louis par Gilles Morin, version mise en ligne le 1er mars 2010, dernière modification le 30 septembre 2010.

Par Gilles Morin

Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

SOURCES : Arch. Nat., F/1cII/117, 146, 203, 440, 561, 761 ; CAC, 19770359/24. CAC, 19780654/73 ; 19830172/69, 72, 87 ; 1986021/1. — Arch. de l’OURS, dossiers Gard. — Arch. FJJ/6EF73/2. — Rapports des congrès de la SFIO, 1944-1967. — Bulletin intérieur de la SFIO, n° 77.

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