GRANGIER Henri

Par Jean Maitron

Né le 13 janvier 1870 à Montignac-sur-Vézère (Dordogne) , mort le 3 février 1958 à Sarlat-la-Canéda (Dordogne) ; sous-agent des Postes ; militant syndicaliste et socialiste ; conseiller municipal de Paris (XIVe arr.) de 1912 à 1929.

Grangier était socialiste et militant à l’âge de dix-huit ans. Sous-agent des postes à Paris depuis 1899, il exerça les fonctions de secrétaire général adjoint de l’Association générale des sous-agents PTT en 1904-1905 ; il fit campagne dans son journal La Pile (paraissant depuis septembre 1904) pour la transformation de l’AG en syndicat et combattit la tendance participationniste du bureau en place. Mis en minorité au congrès de l’association en septembre 1905, il prit la tête des minoritaires et fonda un syndicat scissionniste et non reconnu par le gouvernement : le Syndicat national des sous-agents, dont il fut le secrétaire général en 1905-1906 et dont il dirigea le journal, le Cri postal, que la CGT finança à ses débuts. En janvier 1906, Grangier fut désigné comme secrétaire du « comité d’action de défense du droit syndical » qui fut créé à Lyon (Rhône) en vue de modifier la loi de 1884 et d’accorder aux ouvriers de l’État et aux fonctionnaires la possibilité de se syndiquer. L’agitation se poursuivit jusqu’en avril. Y prirent part avec Grangier : Caillat, Favier, Grimm, Hartmann, Léger, Moiroud.

Révoqué après la grève des sous-agents de 1906, Grangier fut réintégré peu après. Membre du comité pour la défense du droit syndical, il fut à nouveau révoqué le 25 avril 1907 pour avoir signé la « lettre ouverte » à Clemenceau et fut un des deux seuls à ne pas être réintégrés. Durant la grève de 1909, il demanda à la commission administrative de la SFIO d’aider activement les postiers. Lui-même fonda, avec d’autres révoqués « La Laborieuse », société de distribution de catalogues. Son portrait vers cette époque a été tracé par M. Leclercq et Girod de Fléaux dans Ces Messieurs de la CGT : « Très jeune d’allure, plutôt svelte, la figure distinguée, la moustache noire, la barbe en pointe toujours très bien soignée, le regard perçant sous le chapeau mou de feutre gris (...) Grangier, et ce n’est point là un effet dû seulement à ses lorgnons, a figure d’intellectuel. »

Membre du Parti socialiste, Grangier fut candidat en 1908 dans le quartier de Plaisance, XIVe arr., aux élections municipales ; il recueillit 3 706 voix sur 16 265 inscrits. Non élu, il prit sa revanche en 1912. Il rassembla 5 288 voix et enleva le siège au second tour par 5 943 sur 16 996 inscrits contre 4 399 au candidat radical-socialiste. Il fut réélu au premier tour en 1919 par 6 897 suffrages sur 21 321 inscrits. Il avait échoué aux élections législatives de 1910 dans la 1re circonscription du XIVe arr. : aux deux tours de scrutin, il obtint 4 886 et 7 182 voix sur 18 778 et 16 644 votants. En 1912, la Fédération socialiste SFIO de Seine-et-Oise le délégua au congrès national de Lyon.

En décembre 1920, H. Grangier appartint au comité de résistance socialiste. Réélu au conseil municipal en mai 1925, il fut devancé par le communiste François Salom au premier tour des élections de mai 1929. Grangier se maintint cependant et fut battu par 3 875 voix contre 5 303 au candidat d’Union républicaine et 6 031 à Salom, élu. Pendant son séjour de dix-sept ans à l’Hôtel-de-Ville, le conseiller du quartier de Plaisance s’était spécialisé dans les problèmes de l’Assistance publique et avait défendu les intérêts de son personnel. Secrétaire du conseil municipal en 1919 et vice-président du conseil général en 1925-1926, il présida la commission départementale des habitations ouvrières et du plan d’extension de Paris.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76538, notice GRANGIER Henri par Jean Maitron, version mise en ligne le 6 mars 2010, dernière modification le 7 juillet 2022.

Par Jean Maitron

SOURCES : Arch. Nat., série F7/12792. — Arch. Dép. Rhône 10 M grèves 1905. — Arch. PPo. M 2920. — La Pile, 1904-1905. — Bulletin officiel de l’AG des agents des PTT, 1907. — Brochure : Trois agents des postes devant le conseil de discipline, 1907. — G. Frischmann, Histoire de la Fédération CGT des PTT. — Compère Morel, Grand Dictionnaire socialiste, p. 333. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes, III, pp. 150, 182, 186. — L’Humanité, 15 mai 1912. — Ces Messieurs de la CGT, Paris, 1903, p. 283. — Le Conseil municipal, nos édiles, op. cit.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., p. 398.

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