GRÉGOIRE André, Émile. Pseudonyme à l’ELI : POULAIN Émile. Autre pseudonyme : POULO.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

Né le 3 novembre 1908 à Charleville (Ardennes), mort le 11 juin 1988 à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne) ; ouvrier du bâtiment ; secrétaire de la région communiste Paris-Ouest ; commissaire politique des Brigades internationales ; maire communiste de Montreuil-sous-Bois (Seine, Seine-Saint-Denis) de 1958 à 1971.

André Grégoire dans les Brigades internationales (vers 1937)
André Grégoire dans les Brigades internationales (vers 1937)
Il est à gauche sur la photo.
Crédit photo : Collection du Musée de l’Histoire Vivante (Montreuil).

André Grégoire était le fils de Léon Grégoire et de Marie Toupet respectivement mouleur à la main en fonderie et ménagère. Il épousa le 20 décembre 1935 Israële Naturel (voir Israële Grégoire), militante communiste, comptable, titulaire du Brevet élémentaire et dont il eut deux enfants : Raphaël, né le 10 juin 1936 et Monique, née le 4 août 1938.

Durant la Première Guerre mondiale, Charleville étant occupé, la scolarité n’était assurée qu’aux enfants déjà scolarisés et André Grégoire ne put entrer à l’école primaire qu’au mois de mars 1919 ; il y resta jusqu’en juillet 1921.
En septembre 1921, il entra comme manœuvre à l’atelier de polissage Deville à Charleville. Il s’établit ensuite dans la région parisienne où il devint ouvrier du Bâtiment en 1926. En 1929, il fut incorporé au 6e Génie, à Angers.
Dès 1926, André Grégoire milita au Secours Rouge International ; il adhéra en janvier 1928 au Parti communiste et devint membre de la cellule de Neuilly-Plaisance. À partir de 1930, il anima l’Étoile Rouge et sportive de la Marne au Perreux.

En 1932, il participa à la création de la cellule du Parti communiste au Perreux à laquelle sa femme adhéra également. En 1933, à l’issue de la conférence qui créait la région de l’Est parisien, il fut élu membre du comité régional et il devint par la suite membre du sous-rayon de Champigny-sur-Marne. En 1934, il participa activement aux événements des 6, 9 et 12 février.

Un document conservé dans les archives du Komintern le présente comme responsables du “groupe d’auto-défense (service d’ordre des manifestants) ”, mais on ne peut, pour autant, le confondre avec Poulain, secrétaire national du Front rouge en 1928.

Le 9 avril 1934, il arriva à Moscou, avec un passeport français à son vrai nom, pour suivre les cours suivit de l’École léniniste internationale, sous le nom d’Emile Poulain. Il resta dans le secteur I, et logea sur place, jusqu’en avril 1935. Selon d’autres documents biographiques, de mai 1935 à mai 1936, il suivit une école centrale du Parti et il fut collaborateur du Comité central comme responsable du “service anti”. André Grégoire fut affecté à la région Paris-Ouest en juin 1936 pour suivre Argenteuil, Bezons et Cormeilles.

Selon un questionnaire biographique de 1944, il suivit une école à Moscou (l’Ecole léniniste internationale ?) de mai 1934 à avril 1935. Selon d’autres documents biographiques, de mai 1935 à mai 1936, il suivit une école centrale du Parti et il fut collaborateur du Comité central. André Grégoire fut affecté à la région Paris-Ouest en juin 1936. La section communiste d’Argenteuil l’élut secrétaire en novembre 1936 et, le mois suivant, la direction régionale lui demanda de préparer, en collaboration avec Meunier et Baillet, la Ve conférence régionale. Il fut élu secrétaire régional.

Engagé dans les Brigades internationales le 18 février 1937, A. Grégoire fut affecté le 4 mars au commissariat politique de la 11e Brigade. Il participa aux batailles du Jarama, Guadalajara puis, en avril, entra à la 14e Brigade comme commissaire politique du 12e Bataillon. À ce titre, il vécut les opérations de la sierra Guadarama et fut cité à l’ordre de la Brigade. Le 1er septembre 1937, il accéda aux fonctions de commissaire politique adjoint des Brigades internationales. Il eut une nouvelle fois l’occasion d’être cité pour services rendus à la Brigade. En octobre, il reçut l’ordre de Gallo, commissaire général, de se rendre à Barcelone pour y développer la base existante ; il dut rentrer en France étant l’objet de poursuites de la part des autorités militaires pour non exécution d’une période ; il fut condamné à trois mois de prison avec sursis.

En mars 1938, il fut affecté avec Lozeray à la commission coloniale du Parti. En novembre de la même année, Jacques Duclos lui demanda de devenir le secrétaire particulier de Fernand Soupé, maire de Montreuil ; il accepta et fut coopté à la section de Montreuil et au comité régional responsable de la Jeunesse. En novembre 1938, il se fixa à Montreuil.
Mobilisé en 1939, André Grégoire fut fait prisonnier. Par deux fois, il tenta de s’évader ; il fut libéré au début de mai par les Soviétiques près de Dresde ; il revint en France le 15 mai 1945.

Il fut chargé quelques semaines plus tard de faire reparaître la Voix de l’Est, à la rédaction de laquelle il avait déjà participé en 1939 au titre de responsable des Jeunesses communistes de l’Est parisien. Le journal parut fin août 1945. En mars 1946, à la conférence de fusion des Fédérations de la région parisienne, il fut désigné comme responsable de la Presse fédérale de Paris et de sa banlieue. Pendant toute cette période, il faisait partie du secrétariat de la section de Montreuil.

Aux élections municipales d’octobre 1947, sur la liste conduite par Daniel Renoult, qui obtint 48 % des suffrages et 19 élus sur 37, André Grégoire fut nommé 1er adjoint. En 1953, la liste présentée par le Parti communiste obtint plus de 51 % des suffrages et 20 élus sur 37. Daniel Renoult mourut le 17 juillet 1958 et, le 27, André Grégoire fut élu maire de Montreuil. Il fut réélu le 8 mars 1959 avec plus de 53 % des suffrages. En 1965, la liste communiste-socialiste obtint 68 % des voix et il fut reconduit dans ses fonctions, jusqu’au 20 mars 1971 puis devint maire honoraire.
Atteint fin octobre 1966 d’hémiplégie, André Grégoire dut cesser toute activité. Il mourut en juin 1988.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76557, notice GRÉGOIRE André, Émile. Pseudonyme à l'ELI : POULAIN Émile. Autre pseudonyme : POULO. par Jean Maitron, Claude Pennetier, version mise en ligne le 7 mars 2010, dernière modification le 16 juin 2022.

Par Jean Maitron, Claude Pennetier

André Grégoire dans les Brigades internationales (vers 1937)
André Grégoire dans les Brigades internationales (vers 1937)
Il est à gauche sur la photo.
Crédit photo : Collection du Musée de l’Histoire Vivante (Montreuil).
André Grégoire fumant la pipe, février 1965
André Grégoire fumant la pipe, février 1965
Photo de Jan Renard. Sur le bord gauche on reconnaît Jacques Duclos.
Crédit photo : Collection du Musée de l’Histoire Vivante (Montreuil).

SOURCES : RGASPI, 495 270 1013 (documents en russe traduits par Macha Tournié). — Arch. AVER, VIe conférence de la région Paris-Ouest, Argenteuil, 4-5 décembre 1937, 80 p. — Renseignements fournis par la mairie de Montreuil-sous-Bois, 13 octobre 1981. — Cl. Willard et J. Fort, Montreuil-sous-Bois, Temps Actuels, 1982, p. 123. — Témoignage transmis par Raphaël Grégoire. — L’Humanité,14 juin 1988. — Notes de Paul Boulland. — Arch. Fédération communiste de Seine-Saint-Denis, notes de Paul Boulland : copie de son autocritique de 1938, 5 p. ; additif manuscrit à une autobiographie de 1945, 5 p. — État civil, pas de mention de décès en décembre 2009, par erreur. — Site Match ID, Acte n°234 N, Source INSEE : fichier 1988, ligne n°24075. — Notes de Renaud Poulain-Argiolas.

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