GUÉRIN Lucie [née COUILLEBAULT Lucie, Augustine]

Par Jacques Girault

Née le 11 août 1900 à Graville-Sainte-Honorine (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), morte le 12 juin 1973 à Fleury-Mérogis (Essonne) ; institutrice ; militante communiste ; député (1945-1951) et conseillère générale de Seine-Inférieure, conseillère municipale de Rouen (Seine-Inférieure, Seine-Maritime).

Lucie Guérin dans les années 1940.
Lucie Guérin dans les années 1940.
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946.

Originaire de la banlieue du Havre (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), fille d’un ajusteur, Lucie Guérin, institutrice à Rouen, syndiquée, adhéra au Parti communiste en décembre 1935. Trésorière de la section d’Yvetot (Seine-Inférieure, Seine-Maritime) en 1937, puis en 1938, membre du bureau de la section de Maromme (Seine-Inférieure, Seine-Maritime), membre de la commission « éducation », elle était une des dirigeantes départementales du Comité mondial contre la guerre et le fascisme et du comité Paix et Liberté.

Lucie Guérin se maria en août 1923 à Graville-Sainte-Honorine avec Roger Guérin, instituteur. Le couple divorça en 1960 ; ils eurent un garçon et une fille, Claudine, communiste, qui fut internée au fort de Romainville (Seine, Seine-Saint-Denis) avant d’être déportée à Auschwitz où elle mourut en avril 1943.

Lucie Guérin continua à militer clandestinement avec les communistes (diffusion de tracts, de journaux). Responsable du Secours populaire dans la région rouennaise, elle fut arrêtée le 1er décembre 1941 et fut condamnée à huit ans de travaux forcés, le 8 janvier 1942. Emprisonnée à Rennes (Ille-et-Vilaine), à Châlons-sur-Marne (Marne), à Romainville, elle fut déportée le 13 mai 1944 à Ravensbrück où elle participa aux activités clandestines des communistes jusqu’au 10 avril 1945 avant d’être rapatriée le 7 mai 1945.

De retour en France, Lucie Guérin devint un symbole de l’oppression nazie en Seine-Inférieure et à Rouen où elle reprit son enseignement, habitant boulevard des Belges. Membre du comité de la fédération communiste, elle fut élue au conseil général dans le quatrième canton de Rouen, en septembre 1945. Mais elle fut battue par le candidat du Rassemblement du peuple français (RPF) en mars 1949.

Lucie Guérin figurait en deuxième position sur les listes communistes pour les élections aux deux Assemblées nationales constituantes, les 21 octobre 1945 et 2 juin 1946. Selon les Renseignements généraux, sa présence en position éligible s’expliquait par l’importance de la déportation dans les analyses du PCF. Dans la première assemblée, membre de la Commission des pensions civiles et militaires et des victimes de la guerre et de la répression, elle fut juré à la Haute-Cour. Elle se fixait comme but d’aider les déportés, leurs familles et les enfants en difficulté. Dans la deuxième assemblée, elle fut membre de la commission de la Constitution et continua à s’intéresser au sort de l’enfance, notamment des enfants en retard scolaire, défendant la création des classes de perfectionnement pour ceux qu’on désignait alors comme « enfants arriérés ». Le PCF, pour illustrer son action dans ces deux assemblées, publia deux brochures contenant des interventions de Lucie Guérin sur les questions du sort des déportés et des moyens donnés à l’enseignement.

Lucie Guérin fut réélue député à l’Assemblée nationale, dans la première circonscription, le 10 novembre 1946. Membre des commissions de l’Éducation nationale et des pensions, elle resta juré à la Haute Cour de Justice. Son activité parlementaire se consacra essentiellement à l’enseignement. Elle intervint à plusieurs reprises, notamment pour demander des crédits pour des constructions scolaires. Elle ne fut pas réélue député en juin 1951.

Lucie Guérin, candidate en huitième position sur la liste « d’union ouvrière et démocratique. Pour la Défense des Intérêts Communaux et des Libertés, du Pain, de l’Indépendance Nationale et de la Paix » aux élections municipales de Rouen, fut élue (17eme dans l’ordre du tableau) dans la minorité communiste, le 26 avril 1953. Elle participa aux travaux de la deuxième commission (personnel des services municipaux, services financiers, subventions, secours contre les incendies, élections, contributions, assistance aux familles, prix de vertu, tramways, sécurité) et de la sixième commission (instruction publique, œuvres scolaires, jeunesse, étudiants, inspection médicale scolaire, colonies de vacances, patronages, maison des jeunes). Entre 1953 et 1959, elle intervint souvent sur les questions scolaires (construction des locaux scolaires, travaux dans les écoles, hauteur des crédits nécessaires). Elle prit aussi la parole plus brièvement sur les questions des subventions aux associations particulièrement sur celles concernant la déportation). Candidate à nouveau, les 8 et 15 mars 1959, en septième position sur la liste d’Union républicaine présentée par le PCF, elle ne fut pas élue comme ses autres colistiers. Elle était en outre une des dirigeantes départementales et nationales de l’Union des femmes françaises (UFF).

Lucie Guérin militait aussi à la Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes (FNDIRP) dont elle était la vice-présidente départementale.

Elle reprit son travail d’institutrice dans les classes primaires du lycée Jeanne d’Arc à Rouen où elle enseigna jusqu’à sa retraite. Elle continua à militer dans les organisations communistes. Elle mourut à la maison de santé des déportés.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76646, notice GUÉRIN Lucie [née COUILLEBAULT Lucie, Augustine] par Jacques Girault, version mise en ligne le 28 mars 2010, dernière modification le 26 décembre 2016.

Par Jacques Girault

Lucie Guérin dans les années 1940.
Lucie Guérin dans les années 1940.
Assemblée nationale, Notices et portraits, 1946.

SOURCES : Arch. Nat., F7 15476, dossier 83. — Arch. Mun. Rouen (Marie-José Carel). — RGASPI, 495 270 376. — Arch. comité national du PCF. — Presse. — Site Internet de l’Assemblée nationale. — Sources orales, notamment Colette Privat et Madeleine Odru-Dissoubray.

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