GROS Arsène

Par Yves Lequin, Gilles Morin

Né le 11 janvier 1881 à Saint-Claude (Jura), mort le 11 février 1961 à Mandres-les-Roses (Seine-et-Oise, Yvelines) ; militant socialiste SFIO et coopérateur ; député du Jura (1928-1942).

Fils d’ouvriers, Arsène Gros devint lui-même ouvrier pipier après trois années d’École primaire supérieure. À la suite de la grande grève des ouvriers de sa corporation en 1906, il fut l’un des fondateurs et administrateurs de la coopérative ouvrière de production “ La Pipe ” qui cessa son activité en 1975. Il en devint par la suite le directeur et le demeura jusqu’à son élection à la Chambre en 1928. Il accéda en 1912 au secrétariat d’une importante société mutualiste sanclaudienne, et, la même année, entra, comme socialiste, au conseil municipal de la ville ; il devait y rester jusqu’en 1940. aussi conseiller d’administration de la coopérative de consommation La Fraternelle (dès 1913).

Après la guerre son activité municipale s’élargit, la municipalité devenant socialiste, en majorité d’abord en décembre 1919, puis à l’unanimité après les élections partielles de mars 1922. Il participa dès lors à l’administration de la caisse d’Épargne, du collège, de colonies scolaires, etc. et à la fondation d’une pouponnière, devenue une école de puériculture, et d’un dispensaire. En 1927, il fut également un des fondateurs de la Condition officielle des Bruyères, organisme paritaire créé sur le modèle de la Condition des Soies de Lyon pour réglementer la commercialisation de la pipe.

La multiplicité de ses responsabilités lui valut en 1928 d’être choisi pour remplacer, comme député, Henri Ponard*, décédé. Il fut effectivement élu en avril 1928, réélu en mai 1932 et mai 1936 avec une stabilité remarquable dans les scores électoraux : 6 344 voix en 1928 sur 12 125 suffrages exprimés, 6 163 en 1932 sur 11 679 et 6 135 en 1936 sur 11 007 suffrages exprimés (chiffres du second tour).

À l’Assemblée nationale, A. Gros s’attacha surtout aux problèmes d’ordre commercial (dans les commissions) et à la défense du travail artisanal, particulièrement représenté dans la région de Saint-Claude. Signalons à titre anecdotique que ses interventions en faveur d’un tabac ordinaire pour les fumeurs de pipe ont été à l’origine du tabac de “ Saint-Claude ”. Il fut membre puis vice-président de la commission du Travail de la Chambre, appartint encore à la commission des douanes et fut secrétaire de l’Assemblée nationale dans la Chambre du Front populaire.
Le 10 juillet 1940, il vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, ce qui lui fut reproché ultérieurement, “ mais il s’en est expliqué au bureau fédéral donnant comme raisons de sa prise de position la confusion et le manque de directives du secrétariat général du Parti ” (selon Louis Paget*, militant socialiste jurassien, lettre de décembre 1974). Son état de santé l’obligea un temps à quitter Saint-Claude durant l’Occupation, étant victime d’attaques de paralysie.
Le Jury d’honneur, présidé par René Cassin, avec l’accord du Comité départemental de la Libération et du préfet du Jura le releva, le 30 octobre 1945, de l’inéligibilité qui l’avait frappé à la suite de son vote du 10 juillet 1940 : « Considérant que M. Gros, avant d’être frappé par la maladie, a participé à cette lutte [contre l’ennemi ou l’usurpateur] par les services rendus à la résistance à Saint-Claude, et par la contribution qu’il apporté à la publication clandestine du Populaire dans cette ville ». (J.O. du 15 décembre 1945). Il avait bénéficié d’attestations de Fernand Michalet*, Louis Lacroix*, Edmond Ponard*, Charles Perrier*, Albert Desbois*. En 1949, la fédération avait maintenu son opposition à cette réintégration, semble-t-il parce qu’il s’était toujours refusé à en faire la demande, mais Jean Courtois avait fait une intervention favorable au comité directeur. En mai 1950, la fédération déposa néanmoins la demande de réintégration sans son consentement préalable et il fut réintégré à la SFIO.

Après la guerre, A. Gros quitta le Jura pour aller habiter la région parisienne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76658, notice GROS Arsène par Yves Lequin, Gilles Morin, version mise en ligne le 17 mars 2010, dernière modification le 23 août 2010.

Par Yves Lequin, Gilles Morin

SOURCES : Arch. Nat., fonds du Jury d’honneur ; F/1cIII/1342. — Archives de l’OURS. — Le Populaire, 5 juillet 1928. — Le Jura socialiste, notamment, avril 1932. — Lettres de Louis Paget, et de Louis Guichard, décembre 1974. — Témoignage de René Dalloz, juillet 1974. — Dictionnaire des parlementaires, 1889-1940. — Georges Vialet, Les coopératives ouvrières de production à Saint-Claude (diamantaires et pipiers), Paris, PUF, s.d. [1925], 258 p. [l’auteur utilise les entretiens qu’il a eus avec A. Gros en tant que directeur-gérant de La Pipe]. — Notes de Alain Melo.

rebonds ?
Les rebonds proposent trois biographies choisies aléatoirement en fonction de similarités thématiques (dictionnaires), chronologiques (périodes), géographiques (département) et socioprofessionnelles.
Version imprimable