JAEGLÉ André

Par Michel Pinault

Né le 11 mars 1930 à Uccle (Belgique) ; syndicaliste cadre CGT, militant communiste, secrétaire national de l’Union générale des ingénieurs, cadres et techniciens (UGICT) et président de la Fédération mondiale des travailleurs scientifiques (FMTS).

André Jaeglé naquit dans une famille protestante installée en Belgique après la Première Guerre mondiale, comportant des pasteurs des deux côtés. Son père, comptable, au chômage en raison de la crise de 1929, décida le retour en France. Il adhéra à la CGT en 1936 et au PCF en 1943 ou 1944. Sa mère, agent d’assurance et comptable, était une descendante directe de la famille Mieg de Dollfus Mieg & Cie.

Non baptisé et athée, il se maria civilement, le 26 juillet 1952, avec Magdeleine Mary Hassan, née le 15 août 1926, issue d’une famille juive algérienne de Constantine. Le frère de celle-ci, Roger Hassan, fut déporté à Mauthausen pour faits de résistance. Il était communiste, comme sa sœur, Clarisse, veuve de Jean Chaumeil, responsable d’un mouvement de Résistance puis membre du comité central du PCF. L’épouse d’André Jaeglé fut infirmière puis directrice d’établissement d’accueil spécialisé. Elle fut militante syndicale, membre du PCF et animatrice de la CNL dans le XIIIe arrondissement, de 1986 à 2005. Ils eurent trois enfants : Mireille (1953), cadre administratif ; François (1954), directeur commercial ; Agnès (1955), cadre administratif.

André Jaeglé fut ingénieur polytechnicien (promotion 1950). Il devint cartographe et entra à l’Institut géographique national (IGN) en septembre 1953 ; il y fit toute sa carrière jusqu’à son départ en retraite en juillet 1994. Il était le frère de Pierre Jaeglé, physicien, directeur de recherches au CNRS et de Jacques Jaeglé, polytechnicien cadre supérieur à Gaz de France.

Membre du syndicat CGT de l’IGN depuis 1954, il était membre du bureau du syndicat des fonctionnaires CGT de l’IGN de 1954 à 1981, secrétaire national de l’UGICT-CGT de 1963 à 1982, membre de la CE de la CGT de 1969 à 1982, responsable de la revue de l’UGICT, Options, entre 1978 et 1979, trésorier de la FMTS, de 1974 à 1992, secrétaire général de 1992 à 1996, et enfin président de 1997 à 2009.

André Jaeglé fut permanent à partir de 1968, détaché de l’IGN à l’UGICT par un décret de Georges Pébereau, directeur du cabinet d’A. Chalandon « Les 18 années que j’ai passées au secrétariat de l’UGICT ont été, globalement, une source de grandes satisfactions. »

André Jaeglé adhéra au PCF en avril 1950 et en fut membre sans interruption depuis cette date : « Je ne me vois pas transfuge ! », dit-il. Pendant ses études, il participa à la création d’un cercle d’études marxistes semi-clandestin à l’école Polytechnique. C’était l’époque de l’Appel de Stockholm et de la campagne en faveur des Rosenberg. Secrétaire de la section de Saint-Mandé (1956-1964), membre du comité fédéral de la fédération de Seine Nord-Est (1959-1964), il fut « libéré » de ses tâches par la commission des cadres du PCF sur intervention de la CGT pour lui permettre de devenir un des secrétaires de l’UGICT : « On ne m’avait pas averti de cette démarche mais je l’ai considérée comme une libération. ». Membre de la commission des ingénieurs du PCF, dans les années 1970, il participa à la rédaction de la revue ITC alors sous la responsabilité de Michel Laurent, avec lequel il a eu plusieurs désaccords. Il utilisa dans ITC le pseudonyme de Jean d’Alègre. Il fut militant de l’Association science technologie société (ASTS) et signataire de l’Appel des Cent. André Jaeglé fut directeur adjoint du cabinet du ministre des Transports, Charles Fiterman (1983-1984).

Selon André Jaeglé, sa conception de l’engagement militant connut un tournant décisif en 1975, alors qu’il était le numéro deux de l’UGICT. Il eut alors une violente altercation publique avec René Le Guen. Ce fut, selon lui, à la suite de cet incident qu’il fut nommé, en 1978, à la direction de la revue de la CGT destinée aux ingénieurs, cadres et techniciens, Options, dont le rédacteur en chef était alors Olivier Oudiette. Il signa des articles sous le pseudonyme d’André Choisy en 1966. La ligne éditoriale devait être, dit-il, de « partir du vécu ». Mais à la fin de 1979, en particulier à la suite d’un article de Jérôme Bouvier sur le nucléaire, il fut mis fin à l’expérience, René Le Guen déclarant que les journalistes d’Options subissaient l’influence de la « guerre idéologique », un concept et un mot d’ordre directement importés des discours de Georges Marchais, secrétaire général du PCF. André Jaeglé quitta Options et c’est alors, dit-il, qu’il « a commencé à construire (sa) propre vision sur la façon de développer l’action (syndicale). » Ses responsabilités à la direction de la FMTS allaient lui en donner le moyen : « Mon arrivée à la FMTS, dit-il, est le résultat d’une sorte d’OPA géniale de Le Guen sur cette organisation en voie d’essoufflement et s’interrogeant sur son avenir au lendemain de 1968. Après m’avoir envoyé en représentant de l’UGICT dans plusieurs symposiums de la FMTS (Bratislava en 1969, Enschede en 1970, etc.), Le Guen, pour qui la FMTS était le moyen de développer une activité internationale de l’UGICT, m’a fait élire, contre un anglais, au poste de trésorier de la FMTS que quittait Peter Vooster, l’un des fondateurs du Mouvement mondial de la Paix. Je suis devenu, en fait, une sorte d’administrateur de la FMTS, c’est-à-dire celui qui connaissait la machine à fond, puis secrétaire général en 1992, à la suite d’une entente entre les Russes (encore un peu soviétiques) et les Anglais (de moins en moins attachés à la fédération). Ce deal a mis en place un président britannique, Con Russel qui m’a considéré comme un appointed general secretary dans la conception britannique, mais avec, en moins, l’influence que donnent un appareil et de l’argent. Con s’est retiré rapidement et j’ai pu ensuite développer des idées que je crois originales sur quantité de problèmes : science et éthique, liberté, rôle de la science dans la solution des grands fléaux, etc. »

André Jaéglé a été fait commandeur dans l’ordre des palmes académiques, mais « Je ne me suis jamais fait remettre la décoration », dit-il.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76663, notice JAEGLÉ André par Michel Pinault, version mise en ligne le 19 mars 2010, dernière modification le 24 février 2022.

Par Michel Pinault

ŒUVRE : Nombreux articles dans les revues syndicales, spécialement destinées aux cadres, et pour la FMTS ; - « Se battre pour des idées en partant du vécu : bref retour sur une expérience », communication, au titre d’ancien directeur d’Options, au colloque de l’IHS-CGT « Propagande, information, communication », 18-19 novembre 2009.

SOURCES : Fonds André Jaeglé, Arch. dép. de Seine-Saint-Denis (468 J), inventaire en ligne. — Fonds Madeleine et André Jaeglé, Arch. IHS CGT, 51 CFD. — Fiche biographique (janvier 2002). — Correspondance et entretiens divers avec Michel Pinault (2009-2010).

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