PONTAL Pierre

Par Maurice Moissonnier

Cheminot au chemin de fer de l’Est lyonnais, militant syndicaliste révolutionnaire ; fondateur de l’Union régionale syndicaliste autonome dans la région Rhône-Alpes.

À la CGT, Pierre Pontal avait combattu la politique confédérale d’union sacrée justifiée au lendemain de la guerre par la direction. Il opta naturellement pour la CGTU au moment de la scission de 1922 et fut élu, le 20 septembre 1922, membre de la commission exécutive des syndicats unitaires du Rhône, puis le 18 octobre secrétaire adjoint, après avoir été désigné comme membre du comité général de l’Union. En août 1923, il fut élu à la commission de propagande créée par l’UD unitaire et assura le secrétariat de cet organisme. Délégué au premier congrès ordinaire de l’Union des syndicats unitaires du Rhône tenu à Villeurbanne au Cercle syndicaliste le 5 août de la même année, il soutint la tendance conduite par l’anarcho-syndicaliste Henri Fourcade* et Théophile Argence*. Les tensions s’aggravèrent avec la direction confédérale de la CGTU dans la préparation du congrès confédéral de Bourges. Au congrès de l’Union régionale, Pontal présenta un rapport sur l’orientation syndicale révolutionnaire. Il insistait sur la nécessité de lutter contre l’État « qui trompe les travailleurs », qui est « un voleur et un assassin ». Le syndicalisme ne pouvait être fondé que sur l’action directe « qui arrache l’ouvrier à son apathie » et dans la perspective de la grève générale. Le syndicat « seul et véritable parti de classe » devait conserver « son entière autonomie et ne subir aucune subordination politique ou philosophique ». Le rapport émettait in fine des doutes explicites sur l’autonomie de la CGTU au sein de l’Internationale syndicale rouge (ISR).
Le 1er janvier 1924, Th. Leclair*, qui avait été élu secrétaire de l’UD le 18 octobre 1922, démissionna et Pontal, en tant que secrétaire adjoint assuma la direction de l’UD jusqu’à son élection officielle le 27 février 1924 comme secrétaire général. Cette élection au comité général de l’Union syndicale du Rhône avait été très disputée (53 voix contre 40) d’autant plus que Portal était secrétaire du syndicat des chemins de fer de l’Est qui s’était prononcé pour l’autonomie. Son élection se doubla donc d’une motion dans laquelle, à la majorité, le comité général se prononça à son tour pour l’autonomie ; les militants communistes quittèrent alors le comité général et le 29 février, Pontal, dans une circulaire fustigea « les farouches moscoutaires [qui] en vertu de l’unité ont décidé de diviser l’Union des syndicats du Rhône en constituant une nouvelle Union départementale ». En mars, un tract de la commission exécutive autonome justifiait la position prise en condamnant « la consécration des commissions syndicales par le congrès de Bourges » et en refusant toute adhésion à l’ISR : « Fidèle au passé du syndicalisme révolutionnaire et à la Charte d’Amiens, le comité général a déclaré qu’il ne saurait quitter une Internationale pour adhérer à une autre Internationale d’affinité qui, en le déviant de son terrain propre, constituerait un danger pour l’unité syndicale, unité dans le syndicalisme révolutionnaire ! »
En fait les choses traînèrent jusqu’en février 1925. La minorité départementale, qui avait jeté les bases, le 28 février 1924, d’une UD unitaire au siège du PC n’avait pas été reconnue par le CCN de la CGTU, mais, à la veille du congrès confédéral de 1924, les minoritaires qui avaient fondé un comité pour le maintien de l’unité dans la CGTU, reçurent l’appui confédéral.
L’institutionnalisation de la scission devint alors totale avec le congrès du 8 février 1925 qui créa une Union régionale syndicaliste formée « des syndicats autonomes, syndicats minoritaires, minorités syndicalistes du Rhône, Loire, Saône-et-Loire, Ain, Isère, Drôme, Ardèche, Savoie et Haute-Savoie » dont le siège était au 86 cours Lafayette à Lyon (ancien siège de la CGT confédérée resté aux mains des autonomes) et élut Pierre Pontal secrétaire général. (La CGT confédérée reconstituée en mars 1922 était installée de son côté rue Cuvier et la nouvelle CGTU se fixa rue Molière).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7670, notice PONTAL Pierre par Maurice Moissonnier, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 23 juin 2012.

Par Maurice Moissonnier

SOURCES : Archives du syndicat des maçons et aides déposées à la BTde Lyon. — Bulletin officiel de l’Union des syndicats ouvriers du Rhône, 1922-1924. — CR du congrès de l’Union des syndicats du Rhône, 5 août 1923, Traquet éditeur.

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