GRAVOILLE Gilles, Albert, Raymond

Par Paul Boulland

Né le 13 novembre 1914 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), mort le 28 mars 1991 à Savenay (Loire-Atlantique) ; aide-comptable, fraiseur ; résistant, déporté ; secrétaire de la fédération PCF de Loire-Inférieure puis de Loire-Atlantique (1945-1964) ; conseiller municipal de Nantes (1953-1965), député de la Loire-Inférieure (1951-1958).

Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

Fils d’un employé du gaz de Nantes, Gilles Gravoille poursuivit sa scolarité à l’école primaire supérieure et obtint le brevet élémentaire et un brevet d’aide-comptable. Ses deux parents furent membres du Parti communiste. Après avoir occupé divers emplois, il entra comme fraiseur à l’usine nantaise de la Société de construction des Batignolles, spécialisée dans la construction de locomotives. Membre des Jeunesses communistes à partir de 1931, il adhéra à la CGT en 1938.

Mobilisé lors de la « drôle de guerre », Gilles Gravoille regagna Nantes en août 1940 et reprit aussitôt contact avec les JC. Il fut immédiatement chargé de la liaison entre plusieurs groupes de quartier puis fut responsable de l’organisation pour les Batignolles en 1941-1942.
Il dirigeait l’activité résistante des Jeunes du Front national pour la liberté et l’indépendance de la France,distribution de tracts, actes de sabotage de matériel roulant ferroviaire, grenadage d’un train de permissionnaires allemands à Mauves-sur-Loire avec un groupe de l’Organisation spéciale (OS). En septembre 1942, il participa dans son entreprise à l’organisation d’un arrêt de travail d’une demi-journée pour protester contre l’envoi de travailleurs en Allemagne et le 22 octobre à la manifestation commémorant la fusillade des otages à Châteaubriant.
Suite à l’arrestation d’un chef de groupe,il fut arrêté à son domicile 57 rue du Douet Garnier, le 22 octobre 1942 par la Sûreté nantaise SPAC ; quatre autres jeunes du réseau furent également arrêtés, René Bain, Alexandre Briand, André Dréano et Loirat. Gilles Gravoille fut jugé à Rennes (Ille-et-Vilaine) le 22 décembre 1942 et condamné à trois ans de prison. Incarcéré à Vitré (Ille-et-Vilaine), à la centrale de Fontevraud (Maine-et-Loire) où il côtoya notamment Marcel Paul,à Blois puis fin 1943, au camp d’internement de Compiègne (Oise), il prit chaque fois part à l’organisation communiste. En mars 1944, il fut déporté de Compiègne vers Mauthausen où il fut responsable politique et organisateur de la solidarité dans son baraquement. Envoyé ensuite aux kommandos de Passau puis de Dresde, il appartint au triangle de direction communiste. Il fut libéré par des partisans tchèques lors de la capitulation allemande, le 8 mai 1945 puis rapatrié le 16 juin 1945.Il a été reconnu adjudant-chef FFI.

De retour à Nantes, Gilles Gravoille reprit le travail et ses activités militantes. Secrétaire de la cellule du quartier Doulon, il entra très rapidement au comité de la fédération communiste de Loire-inférieure. Il fut également secrétaire du comité d’entreprise de l’usine des Batignolles. Élève de l’école centrale du PCF en mai 1947, il y démontra ses qualités intellectuelles et un tempérament d’homme de masse, « populaire » et « très sympathique ». Il intégra peu après le bureau de la fédération. En 1948, il devint secrétaire fédéral à l’organisation. Henry Gouge, premier secrétaire depuis 1945, étant également député, Gilles Gravoille assumait dès cette époque une grande part du travail de direction. Il succéda effectivement à Henry Gouge à la tête de la fédération en 1950, devenant alors permanent. L’année suivante, Gilles Gravoille prit également la tête de la liste communiste aux élections législatives du 17 juin 1951 et, avec 38 397 voix sur 323 721 suffrages exprimés, il fut élu député. À l’Assemblée nationale, il siégea dans diverses commissions : marine marchande et pêches (1951-1955), reconstruction et dommages de guerre (1951, 1953), justice et législation (1954) et presse (1955). Son activité parlementaire fut plus particulièrement tournée vers les questions sociales touchant son département, notamment les problèmes de la construction navale, de la pêche et de la marine marchande. À nouveau candidat aux élections de 1956, il fut réélu avec un score en légère progression (49 967 voix sur 370 633 suffrages exprimés). Il siégea à nouveau à la commission de la marine marchande et des pêches, concentrant son activité sur ces sujets et sur l’agriculture. Après sa réélection, Gilles Gravoille exprima à plusieurs reprises auprès du secrétariat du comité central ses difficultés à cumuler son mandat parlementaire avec la direction politique de la fédération qu’il souhaitait laisser à Georges Girard*. Toutefois la direction le maintint dans ses fonctions.

Battu aux élections législatives de 1958, Gilles Gravoille resta à la tête de la fédération de Loire-inférieure jusqu’à son remplacement par Maurice Rocher* en 1962. Il continua d’assurer le secrétariat à la propagande jusqu’en 1964 puis fut ramené au comité fédéral. Il réintégra le bureau fédéral entre 1966 et 1971, assumant notamment la responsabilité des cadres et de la diffusion des publications communistes. Il quitta définitivement le comité fédéral en 1974, à sa demande et afin de suivre les recommandations du comité central en faveur du renouvellement des cadres.

Gilles Gravoille fut conseiller municipal de Nantes entre 1953 et 1965. Il continua de représenter le Parti communiste aux scrutins législatifs jusqu’en 1981 et aux élections sénatoriales en 1965. Il fut également candidat aux élections cantonales de 1948 et 1961, dans le premier canton de Nantes.

Il avait épousé Marie Boissard, le 3 juin 1939 à Nantes. En 1946, il était père d’un enfant.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76719, notice GRAVOILLE Gilles, Albert, Raymond par Paul Boulland, version mise en ligne le 22 mars 2010, dernière modification le 19 mars 2017.

Par Paul Boulland

Assemblée nationale, Notices et portraits, 1956

SOURCES : Arch. comité national du PCF. — Arch. de la fédération communiste de Loire-Atlantique (notes de Julian Mischi). — DPF, op. cit.. — Attestation du liquidateur national Marcel Mugnier 4-12-1957, fournie par son neveu Gilbert Boissard 2015.

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