Par Gérard Réquigny
Né le 8 mai 1914 à Aix-les-Bains (Savoie), mort le 20 juillet 1999 à Paris (XIVe arr.) ; professeur , membre du Front national universitaire ; militant syndicaliste du SNES ; militant communiste.
Cinquième d’une famille de sept enfants (ce qui lui valut son second prénom), originaire de la région de Biella dans le Piémont, dont le père, Alaric, était maçon et la mère, Marie Agnisola, ancienne tisseuse en coton, Robert Gruppo fréquenta, après l’école primaire, le cours complémentaire d’Aix-les-Bains (Savoie) comme boursier, entra à l’École normale d’instituteurs d’Albertville (Savoie) en 1930 et obtint le brevet supérieur en 1933.
Dès octobre de la même année, Robert Gruppo occupa un poste d’instituteur à Fourneaux (Savoie) avant d’occuper un poste de surveillant jusqu’en septembre 1935 à l’EN d’instituteurs d’Oran, où il fit venir son jeune frère Roger. De retour en France, il fit une année complémentaire à l’École normale d’instituteurs de Toulouse puis obtint un poste de surveillant d’internat et d’instituteur suppléant au collège Jean-Baptiste Say de Paris, où il revint en 1942 comme instituteur délégué, après deux ans à Gennevilliers.
Robert Gruppo adhéra au Parti communiste français dès l’âge de seize ans, son frère Louis étant secrétaire de la cellule locale d’Aix-les-Bains, et resta fidèle à son parti jusqu’à sa mort.
En raison de leur militantisme communiste, ses frères et sœurs furent victimes de la répression du gouvernement de Vichy. Louis, mobilisé en 1939, prisonnier en juin 1940, évadé en septembre, menacé d’arrestation par la police, entra dans la clandestinité et la Résistance le 13 décembre 1940. Angel fut lui, arrêté en décembre 1940, interné à Fort Barreaux (Isère), puis à Djelfa (Algérie) et au camp de séjour de Bossuet (Algérie) avant d’être ramené à Saint-Paul d’Eyjeaux (Haute-Vienne) ; en 1943, en résidence surveillée à Annecy, il échappa à une deuxième arrestation, prit le maquis et devint commandant des Francs tireurs partisans en Haute-Savoie, puis dans l’Ain et la région lyonnaise. Sa sœur Sylvie fut arrêtée en Savoie et internée à Fort Barreaux (Isère). Roger, mobilisé en 1942, rejoignit Londres en décembre 1943 et fut, sous le nom de « Capitaine Revard », parachuté dans un maquis de l’Ardèche. Et par l’intermédiaire de sa jeune sœur Simone, clandestine depuis 1940, qui assurait les liaisons Paris-Lyon-Marseille et Marseille-Afrique du Nord, Robert prit contact avec la Résistance fin 1941.
Sursitaire, Robert Gruppo fut appelé sous les drapeaux le 16 septembre 1940 et démobilisé le 19 août 1940 ; dès octobre de la même année il rejoignit son poste d’instituteur à Gennevilliers et participa avec ses collègues, anciens militants syndicalistes, à la rédaction et à la diffusion de tracts appelant les instituteurs de la région parisienne à la Résistance. Il participa ensuite à la diffusion, d’abord à Paris puis dans toute la zone occupée, de l’Université libre et de l’Ecole laïque clandestines. En juin 1941, il adhéra au Front national universitaire qui venait d’être constitué, où il fut chargé du recrutement et de l’organisation de groupes FNU à Gennevilliers et dans les localités voisines. En octobre 1942, professeur au collège Colbert à Paris, il devint responsable des sections FNU dans les collèges modernes de la Seine. A partir d’octobre 1943, il prit une part active à la reconstruction clandestine des syndicats de l’enseignement.
En 1944, Paul Delanoue, avec qui Robert Gruppo avait milité au début des années 1930, le mit en contact avec Revel qui lui présenta Jarry, un des responsables du FNU et du syndicat clandestin du secondaire. Délégué du FNU, il entreprit à partir de mai-juin 1944, de reformer des sections syndicales clandestines, puis des comités du FNU dans les collèges modernes de Paris (Colbert, J.-B. Say, Turgot) et de Suresnes. Il diffusa largement l’Université Libre et L’Esquisse d’une politique de l’enseignement du PCF rédigée par Georges Cogniot*, qu’il avait fait dactylographier.
Le dimanche 20 août 1944, les militants du FNU occupèrent le ministère de l’Éducation nationale pour y installer Henri Wallon comme ministre. Robert Gruppo, aspirant de réserve et aspirant FFI, était dans les rangs des combattants armés de la Libération et obtint aussitôt un laissez-passer lui permettant de rejoindre le ministère où il retrouva Bonin, Delanoue, Jarry, Jean et Geneviève Roulon, Maurice et Denise Ollivier, et Edmond Lablénie qui lui fit un accueil chaleureux et le chargea de l’organisation des collèges modernes dans une perspective d’unification du second degré. Alors que les comités se développaient, réunissaient les personnels et prenaient les premières mesures concernant l’épuration et l’organisation de la prochaine rentrée, Gruppo chargea M. J. Place, ancien directeur du collège J.-B. Say, qui avait été mis à la retraite d’office en juillet 1942 et qui lui avait déjà fourni des noms de collègues fiables, de constituer une commission chargée d’étudier les programmes des collèges modernes à appliquer à la rentrée.
Le 30 août, 1 350 professeurs du second degré vinrent acclamer dans la cour d’honneur du ministère le ministre Henri Wallon, avant une grande réunion des personnels des collèges modernes qui eut lieu dans la salle du Conseil supérieur de l’Instruction publique. Gruppo y présenta le FNU, sa position vis-à-vis des syndicats, et fit un appel au renforcement des comités, qui obtint un gros succès. Sous la direction de Lablénie, il poursuivit le travail de propagande et d’organisation dans les collèges modernes. Au premier congrès du FNU en décembre 1944, il fut membre du comité directeur national, représentant du comité des enseignants de second degré.
Rappelé sous les drapeaux du 7 février au 16 août 1945, Robert Gruppo fut membre du comité directeur de l’Union française universitaire à sa création en mars 1945. À la rentrée 1946, il obtint un poste d’instituteur délégué, puis de chargé d’enseignement au collège J.-B Say. Après un an au lycée d’Orléans, il revint au collège de Saint-Germain-en-Laye puis fut affecté au lycée Turgot de Paris. Il s’investit à cette époque dans le militantisme syndical au Syndicat national de l’enseignement secondaire, en particulier pour la défense des chargés d’enseignement dont certains avaient l’impression de ne plus être défendus par le syndicat. Ainsi il fut élu à la commission administrative paritaire nationale des chargés d’enseignement en avril 1955, et fut candidat de cette catégorie pour la liste B lors des élections à la CA nationale de 1955 à 1958. Après son succès au CAPES en 1962, il enseigna comme certifié de mathématiques à l’annexe d’Ivry du lycée Henri IV puis au lycée François Villon de Paris. Il poursuivit son activité syndicale au SNES au sein du bureau de la section académique du Grand Paris dans les années 1960, ainsi qu’au Parti communiste français et au Mouvement de la Paix.
Robert Gruppo fut décoré de la médaille de la Reconnaissance française pour faits de résistance en 1948. Il fut fait chevalier dans l’ordre des palmes académiques en 1955 puis officier dans ce même ordre en 1964.
Par Gérard Réquigny
SOURCES : Archives IRHSES. — L’Université libre, l’Université Syndicaliste. — Brochure de l’ACREN de 1948. — DBMOF (biographie de Louis Gruppo). — Notices sur Angel et Roger Gruppo.