JUGAULT Bernard, Léon, Louis

Par Daniel Grason

Né le 12 septembre 1911 à Asnières (Seine, Hauts-de-Seine), exécuté le 21 août 1944 au Fort de Vincennes à Paris (XIIe arr.) ; dessinateur industriel chez Chausson à Asnières ; militant CGT et communiste ; résistant, F.F.I.

Fils d’un employé des chemins de fer, Bernard Jugault était domicilié 50, avenue Flachat à Asnières. Lors du Front populaire, il organisa les techniciens et les employés des usines Chausson d’Asnières à la CGT. Il en devint le responsable dans l’entreprise, il fut ensuite secrétaire permanent de la section des Techniciens et Employés, trésorier administrateur de l’école de formation professionnelle du Syndicat des Métaux CGT.
Il était membre du comité de section du PCF et participa activement à la campagne électorale des élections législatives du 26 avril et 3 mai 1936, dans la cinquième circonscription de Saint-Denis (Asnières, Gennevilliers, Villeneuve-la-Garenne, Bois-Colombes). Emile Dutilleul*, trésorier du PCF fut élu au second tour avec un millier de voix d’avance sur le candidat de Concentration républicaine Ernest Billiet, maire d’Asnières.
Bernard Jugault avait une solide culture générale, il dirigea deux écoles du PCF comme professeur.
Mobilisé le 25 août 1939, il fut affecté au Dépôt n° 201 à Bruyères (Vosges), comme employé au bureau de la compagnie, poste qu’il avait déjà occupé lors de la mobilisation partielle de 1938. Il mit à profit son poste pour organiser les communistes et les sympathisants, il distribuait des tracts du Parti communiste ramenés de permission et en confectionnait. Il réussissait à effacer la mention P.R. (propagande révolutionnaire) sur les fiches de ceux connus comme communistes. À la dissolution de ce dépôt, il fut muté en Afrique du nord. Démobilisé, il se retrouva sans travail.
Le 20 octobre 1940, au nom d’un « Comité populaire féminin d’entraide aux prisonniers de guerre et à leurs familles », des femmes de Gennevilliers se rendirent en mairie, elles demandèrent à être reçues par le Président de la délégation spéciale. Celui-ci refusa, les femmes ne voulant pas décliner leur identité.

Le 12 novembre, une nouvelle délégation d’une trentaine de femmes réitérait leur démarche. Deux d’entre elles furent reçues par le Président de la délégation spéciale. À la suite de cette entrevue, la cantine scolaire et l’assistance médicale gratuite furent accordées aux familles des prisonniers de guerre. Deux jours plus tard, les domiciles des deux déléguées reçues à la mairie de Gennevilliers étaient perquisitionnés, sans résultat. Les deux femmes furent laissées en liberté.
Dans un tract distribué à Gennevilliers, ce comité demanda sa reconnaissance, repoussant la proposition de règlement individuel de chaque situation, le comité protesta sur le fait que les femmes avaient été considérées comme des suspectes. Le 29 novembre, les deux inspecteurs de la Brigade politique du commissariat d’Asnières perquisitionnèrent au domicile de Bernard Jugault. Ils saisirent deux textes dans lesquels il relatait son activité et plus particulièrement dans l’organisation d’un Comité de chômeurs à Asnières. Il fut soupçonné d’être l’instigateur avec Ernest Taltaud, ancien conseiller municipal communiste de Gennevilliers de l’organisation du Comité populaire féminin d’entraide aux prisonniers de guerre et à leurs familles. Conduit au commissariat d’Asnières, il fut brutalisé, selon le témoignage de sa femme Suzanne, recueilli lors de son audition devant la commission d’épuration de la police le 28 mars 1945.
Bernard Jugault fut condamné à six mois de prison, en application du décret du 26 septembre 1939, reconstitution de parti dissous. Le 20 mai 1942, la Cour d’Appel de la Section Spéciale de Paris le condamnait à cinq ans de prison. Il fut détenu à la prison de Fresnes jusqu’en janvier 1942, interné ensuite à Clairvaux, puis à la Maison d’Arrêt de Châlons-sur-Marne. Dans la nuit du 8 au 9 novembre 1943, il s’évada avec Maurice Chaumeron*, Pierre Kaldor*, Georges Tassier et Albert Brunelet.
Bernard Jugault participa aux combats de la libération de Paris, pris par les Allemands, il fut exécuté le 21 août 1944. Son corps fut retrouvé dans un charnier trois mois plus tard au polygone de Vincennes.
Il s’était marié en août 1935 à Gennevilliers avec Suzanne Clément.
Le conseil municipal donna son nom à une rue d’Asnières, une stèle posée dans le cimetière de la ville honore sa mémoire.
Bernard Jugault a été homologué F.F.I. et au titre de la Résistance Intérieure Française (R.I.F.).

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article76798, notice JUGAULT Bernard, Léon, Louis par Daniel Grason, version mise en ligne le 28 mars 2010, dernière modification le 7 mars 2022.

Par Daniel Grason

SOURCES : Arch. PPo. KB 61, KB 64, KB 100, BA 1996, BA 2373, 109W 2. – Bureau Résistance GR 16 P 313907. – « Le Mouvement syndical dans la Résistance », Les Cahiers de l’Institut CGT d’histoire sociale, n° 12, novembre 1984. – État civil, Paris XIIe arr.

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