POSTAIRE Maurice, Jean, Louis, dit « Le Grand »

Par Paul Boulland, Guy Decamps, Madeleine Peytavin

Né le 24 juin 1924 à Cherbourg (Manche), mort le 28 septembre 1981 à Caen (Calvados) ; cheminot ; militant CGT et délégué du personnel, secrétaire de l’Union locale CGT de Cherbourg ; membre du secrétariat de la fédération PCF de la Manche (1950-1977) ; conseiller municipal (1953-1959) puis maire-adjoint (1977-1981) de Cherbourg, conseiller régional de Basse-Normandie (1977-1981).

Maurice Postaire était le cadet d’une famille de sept enfants, son père était cheminot de l’État et sa mère couturière. Après le certificat d’études primaires, il poursuivit sa scolarité au cours complémentaire Dujardin où il reçut le prix Albert-Mahieu. Reçu aux concours de l’Arsenal et du Chemin de fer, il choisit ce dernier, malgré les encouragements de son instituteur à poursuivre ses études. Le 1er octobre 1938, il intégra le Centre d’apprentissage du dépôt de Cherbourg, avant d’embrasser la carrière d’ajusteur SNCF. Il adhéra à à la CGT en septembre 1944.

Après la Libération, il fut muté au dépôt de Paris-Batignolles. Il adhéra au Parti communiste le 1er janvier 1947 et fut membre du bureau de la cellule Jean Catelas des ouvriers du dépôt (XVIIe arr.). Dans ce dernier, il fut assez vite élu délégué au Comité local des activités sociales de Paris-Saint-Lazare. Surtout, il participa aux grèves de 1947 qui furent marquées par de violents affrontements avec les forces de l’ordre. Lors de l’évacuation par la police, il fut arrêté avec une vingtaine d’autres cheminots et suspendu durant un mois, sans traitement.

Revenu à Cherbourg en 1949, il travailla comme ajusteur et entreprit de réorganiser le syndicat, dont il fut le secrétaire de 1950 à 1970. En 1950, il fut membre de la commission régionale d’éducation de la jeunesse de la Fédération CGT des cheminots (région Ouest). Il fut aussi élu délégué du personnel et assura divers mandats syndicaux : élu au comité mixte local (1964-1966) et régional des activités sociales. Il prit la responsabilité de secrétaire de l’Union locale CGT et fit également partie du bureau de l’Union départementale CGT au début des années 1960.

À la suite de l’organisation de manifestations de cheminots et de dockers du port de Cherbourg contre les transports de matériel militaire pour l’Indochine, Maurice Postaire, auteur d’un tract appelant à la mobilisation, fut déplacé par mesure disciplinaire à Alençon (Orne) puis, grâce à la mobilisation locale, à Lison (Calvados) plus proche. En 1953 il revint à Cherbourg où il participa à la grève d’août contre les décrets Laniel. Sa femme Simonne s’occupa de la solidarité dans la rue du Val de Saire à Cherbourg. Après la fermeture du dépôt de Cherbourg, il fut affecté à Caen. Il termina sa carrière comme agent de maîtrise (chef d’équipe en mécanique), après sa réussite à un concours interne en 1976.

Membre du comité fédéral PCF de la Manche en 1950, Maurice Postaire entra rapidement au secrétariat fédéral comme responsable de l’organisation. En 1957, en raison de ses rapports tendus avec le premier secrétaire, Georges Marguerie, décrit par tous les témoins comme un responsable exigeant, il fut ramené au bureau fédéral. La direction du parti, à travers la Section de montée des cadres (SMC), s’étonna de cette rétrogradation qui ne lui paraissait pas justifiée et il retrouva ses responsabilités. Il resta membre du secrétariat fédéral jusqu’en 1972, chargé de l’organisation puis de la propagande, puis passa au bureau fédéral jusqu’en 1977, et enfin au comité fédéral jusqu’en 1979. A cette date, il quitta ses responsabilités fédérales afin de se consacrer entièrement à ses mandats électifs.

En 1953, il fut candidat communiste aux élections municipales de Cherbourg sur la liste conduite par Schmit et siégea jusqu’en 1959. A nouveau élu sur la liste municipale d’Union de la gauche conduite par Louis Darinot, en 1977, il fut nommé maire adjoint, chargé de la jeunesse, des questions scolaires et sportives. Il s’intéressa aussi à la question de la communauté urbaine, dont il fut vice-président. En 1977, il fut également désigné au conseil régional de Basse-Normandie, chargé de la trésorerie. Il y obtint la mise en place d’une mission régionale d’information sur les questions nucléaires. Il fut candidat communiste aux élections législatives à Valognes (1958) et à Cherbourg (1967, 1968 et 1973).

En tant qu’élu, Maurice Postaire développa aussi son intérêt pour le mouvement associatif sportif : il fut président de l’office municipal sportif (OMS), de l’Association sportive de Cherbourg (ASC) de football et basket.

Parti à la retraite en 1980, il décéda l’année suivante, victime d’un accident de la route alors qu’il se rendait à une rencontre qui devait avoir lieu à Granville (Manche) avec le ministre communiste des Transports Charles Fiterman. Ses obsèques réunirent une foule nombreuse, en présence de Louis Mexandeau, ministre des PTT, et de Roland Leroy qui prononça un discours. Peu après, son nom fut donné au stade municipal de Cherbourg.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7691, notice POSTAIRE Maurice, Jean, Louis, dit « Le Grand » par Paul Boulland, Guy Decamps, Madeleine Peytavin, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 12 novembre 2023.

Par Paul Boulland, Guy Decamps, Madeleine Peytavin

Maurice Postaire lors du congrès de la Fédération CGT des cheminots, 9-12 septembre 1958, à Ivry-sur-Seine.

SOURCES : Arch. Comité national du PCF. — Notes de Marie-Louise Goergen. — Discours de Guy Henrio lors de son départ en retraite (11 janvier 1980). — Témoignages de Simonne Postaire, son épouse, et de Georges Truffert, son compagnon de route, collectés par Guy Decamps.

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