POTREAU Théophile [Théophil, Isidor]

Par Jean-Pierre Bonnet

Né le 25 avril 1895 aux Forges (Deux-Sèvres), fusillé par condamnation par les Allemands le 24 novembre 1943 au Mont-Valérien, commune de Suresnes (Seine, Hauts-de-Seine) ; cheminot visiteur de gare ; syndicaliste CGT, militant communiste ; résistant FTPF.

Théophile Potreau Portrait
Théophile Potreau Portrait

Théophile Potreau était fils de Jean, Clément Potreau cultivateur et de Marie Tison, sans profession ; il se maria le 21 avril 1923 à Parthenay (Deux-Sèvres) avec Élisabeth Maury ; le couple eut trois enfants et demeurait à Versailles. Visiteur de gare à Versailles-Chantiers (Seine-et-Oise, Yvelines), il militait avant la guerre à la CGT réunifiée et au Parti communiste. À la fin de juillet 1940, il devint l’un des piliers du Parti communiste clandestin sur le secteur de Versailles aux côtés de Robert Hernio et de Delattre, un enseignant du collège technique. D’abord chargé de la propagande, il devint le principal responsable politique après le départ de Robert Hernio, en décembre 1940.
Resté en poste à Versailles-Chantiers, Théophile Potreau fut durant deux années commandant des Francs-tireurs et partisans français (FTPF) de la région ouest-parisienne. Il impulsa de très nombreux actes de sabotage, en particulier sur la ligne de grande ceinture Versailles-Juvisy, et participa directement à Versailles à la destruction de wagons de munitions au pont Colbert et en gare des Chantiers. Arrêté le 19 août 1943 à son domicile par des policiers de la Brigade spéciale no 2 pour « activités antinationales », il fut remis aux autorités allemandes ; il fut torturé et incarcéré à Fresnes (Seine, Val-de-Marne). Le 9 novembre 1943 il fut condamné à mort par le tribunal allemand FK558 de Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine).
Théophile Potreau a été fusillé avec Jean-Marie Guyonnet (à l’origine du groupe FTP Alsace-Lorraine) au Mont-Valérien le 24 novembre 1943.
Théophile Potreau fut inhumé au cimetière parisien d’Ivry-sur-Seine (Seine, Val-de-Marne) le 24 novembre 1943 division 40, ligne 46, n°38 puis transféré le 6 janvier 1945 à Versailles.
La famille de Théophile Potreau était totalement engagée dans la Résistance : sa femme fut arrêtée en mai 1944 et resta prisonnière durant un mois dans les locaux de la police allemande de Maisons-Laffite (Seine-et-Oise, Yvelines) ; sa fille Jacqueline, qui servait en qualité d’agent de liaison, fut arrêtée à la même époque, jugée à Saint-Cloud (Seine-et-Oise, Hauts-de-Seine) et internée à Fresnes (Seine, Val-de-Marne) ; ses deux fils, Jean et Bernard, faisaient partie d’un groupe de jeunes FTPF très actif sur le secteur de Versailles.

Théophile Potreau a été reconnu Mort pour la France à titre militaire par le Secrétariat général aux Anciens Combattants le 9 novembre 1945. Il fut homologué Interné résistant (DIR) et membre des Forces françaises combattantes (FFC) et des FFI au titre du réseau Résistance Fer. La Médaille de la Résistance lui fut attribuée à titre posthume par décret du 23 février 1959, publié au JO du 7 mars 1959. Il fut fait chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume, et il reçut la croix de guerre 1914-1918 et la croix de guerre 1939-1945 avec palmes.
Son nom figure sur la cloche du Mémorial de la France combattante au Mont-Valérien, sur les stèles en hommage aux agents de la SNCF morts pendant la guerre 1939-1945 en gare de Paris-Montparnasse et de Versailles-Chantiers ainsi que sur le monument aux morts de Versailles.

Dernières lettres
 
Ma chère petite Babeth,
Mes chers petits enfants,
Que j’ai tant aimés,
Par la présente, je viens vous annoncer une bien triste nouvelle, ma dernière heure va bientôt sonner. Que c’est donc terrible de vous quitter en pleine jeunesse. Soyez bien gentils pour votre pauvre et chère maman, elle qui s’est donnée tant de mal pour nous tous. Secourez la, soignez la de votre mieux. Que l’idée de la secourir soit votre souci de tous les instants, mes chéris, pensez à votre papa qui vous aimait tant et pardonnez-moi, les responsables de nos malheurs seront punis un jour. Soyez de bons travailleurs honnêtes et bons camarades. Ma pauvre Babeth adorée, mes chers enfants, je vous embrasse bien bien fort. Adieu et vive la France. Ma dernière pensée sera pour vous.
Votre papa et ton pauvre mari qui a tant souffert. Bons baisers.
Théo Potreau
Je verrai le prêtre avant de mourir, ma chérie, je vous embrasse encore mille fois.
Théo
 
Fresnes, le 24.11.1943
Mes chers frères et sœurs, neveux et nièces,
Mon cher Gaston,
Je viens t’annoncer la triste nouvelle : ma dernière heure va bientôt sonner. Je te remercie de tes démarches hélas inutiles. Je te demande, mon cher Gaston, de t’occuper de ma pauvre chère Babeth et de mes enfants que j’aimais tant, tous les quatre. Voilà où mon imprévoyance, mon manque de volonté et mes folies m’ont conduit. C’est terrible. Pardonnez-moi , tout le monde, tout le mal que je vous fais. Certes, je ne méritais pas cela. Mais plus rien à faire. Embrasse bien fort tous mes frères, sœurs, neveux et nièces pour moi. Je vous embrasse tous bien fort. Adieu et vive la France.
Théo
Ma pauvre chérie, il faudra que tu voies monsieur Louvet et tu verras aussi pour la caisse de prévoyance. Mille bons baisers de ton petit Théo qui souffre tant.

Voir Mont-Valérien, Suresnes (Hauts-de-Seine)

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7698, notice POTREAU Théophile [Théophil, Isidor] par Jean-Pierre Bonnet, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 24 avril 2022.

Par Jean-Pierre Bonnet

Théophile Potreau Portrait
Théophile Potreau Portrait
Théophile Potreau
Théophile Potreau

SOURCES : DAVCC, SHD Caen AC 21 P 663729, BVIII 4 (notes Thomas Pouty) . — SHD Vincennes GR 16 P 487487 (nc). — Le Mouvement FTPF dans la région de Versailles, brochure parue à la Libération. — Robert Hernio, Avant que les cloches sonnent..., Fédération CGT des cheminots, 2000, p. 19, 27, 29, 32, 41, 50, 193. — MémorialGenweb. — État civil. — "Yvelines : l’hommage à Théophile Potreau, le résistant cheminot oublié", Le Parisien, Yvelines, 21 novembre 2019. — Dernières lettres communiquées par Jean-Pierre Ravery. — Site Internet Mémoire des hommes. — Répertoire des fusillés inhumés au cimetière parisien d’Ivry.

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