AUCOUTURIER Michel

Par Justinien Raymond

Né le 14 août 1863 à Montluçon (Allier), mort le 1er janvier 1916 à Toulouse (Haute-Garonne) ; ouvrier verrier à Carmaux (Tarn), puis à Albi (Tarn) ; syndicaliste ; coopérateur et militant socialiste du Tarn ; fondateur de la Verrerie ouvrière d’Albi (1896).

Arrivé à Carmaux vers 1888 avec son père et un groupe d’ouvriers embauchés à la verrerie Rességuier, Michel Aucouturier s’y maria bientôt, civilement ; la fille qui naîtra d’abord à son foyer épousera Vincent Auriol, futur président de la République. Dans son action militante aux multiples aspects, action absorbante et alors périlleuse, Aucouturier fut soutenu par sa femme, elle-même militante active que l’on entendit, le 27 janvier 1895, faire l’éloge funèbre de la mère du militant verrier, Jean "Marien" Baudot, enterrée civilement à Carmaux.

Il apparut bientôt comme un des responsables de l’action corporative à Carmaux. Avec le secrétaire du syndicat des mineurs, il signa l’appel pour le 1er mai 1891. En août 1892, il soutint les mineurs en lutte contre la Compagnie houillère. Son autorité était grande auprès de ses camarades verriers. Lors de leur grande bataille de 1895, il présida le comité de grève, fit partie de la délégation chargée le 2 août de rencontrer la direction en vue d’un arbitrage et, après l’échec de cette tentative, incita les verriers à poursuivre la lutte. Les considérants du jugement qui, le 5 octobre, lui infligea quatre mois de prison et 500 f d’amende témoignent qu’on poursuivait en lui un dirigeant écouté et non l’auteur d’un délit caractérisé. Il était accusé d’avoir « tenté d’amener ou de maintenir une cessation concertée du travail », attendu que ces paroles étaient d’autant plus graves qu’elles étaient prononcées par un des orateurs les plus écoutés de la grève, comptant parmi les membres les plus influents du syndicat et du comité dit de défense des grévistes... Le 13 novembre 1895, la cour d’appel de Toulouse réduisit la peine à un mois de prison. Pour « coups et blessures », il fut encore condamné le 2 janvier 1897 à dix jours de prison confirmés en appel le 4 mars : il avait animé, le 29 novembre 1896, à Carmaux, la grande réunion socialiste de protestation contre les peines infligées aux ouvriers arrêtés le 26 octobre pour avoir célébré bruyamment la mise à feu du premier four de la Verrerie ouvrière.

Dès son arrivée à Carmaux, Michel Aucouturier adhéra au Groupe d’études sociales affilié à la Fédération socialiste du Tarn et il y joua un rôle aussi déterminant. Le commissaire de police le jugeait « intraitable sur le terrain politique » et voyait en lui le membre « le plus dangereux » du parti (cf. Arch. Dép.). En mai 1892, il fut élu conseiller municipal de Carmaux. Il le demeura jusqu’en 1896, date à laquelle il alla s’installer à Albi pour travailler à la Verrerie ouvrière dont il fut nommé administrateur. À Albi, il devint vite l’animateur du Cercle socialiste. Il le représenta à la commission exécutive de la Fédération socialiste du Tarn qui le délégua au congrès national de la salle Wagram (1900), au congrès international de Paris (septembre 1900) et au congrès du Parti socialiste français (PSF) à Tours (1902). Il était un admirateur fervent de Jean Jaurès alors qu’en 1893 il avait été réticent devant l’appel à un néophyte pour porter le drapeau socialiste dans une bataille électorale. Aucouturier n’admirait pas seulement l’élu si intimement lié au prolétariat ouvrier, le militant qui était l’âme de la Verrerie ouvrière, mais, ouvrier autodidacte, aimant lire, ayant le goût des idées, il était conquis par la vaste culture et la riche éloquence du député du Tarn.

En 1903, Aucouturier s’installa à Toulouse pour y diriger un dépôt de la Verrerie ouvrière. Toujours militant socialiste, il fut bientôt élu conseiller municipal et, au début de la Première Guerre mondiale, il fut élu adjoint au maire du chef-lieu de la Haute-Garonne.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article77093, notice AUCOUTURIER Michel par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 4 octobre 2022.

Par Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Dép. Tarn, IV M2/75. — La Voix des Travailleurs du Tarn. — Le Cri des Travailleurs du Tarn. — Comptes rendus des congrès socialistes. — Renseignements fournis par la famille. — Diaz Charles, « L’étrange attentat de Carmaux », Cahiers Jaurès, 2007/3 (N° 185), p. 27-50. — Le Mouvement social : bulletin trimestriel de l’Institut français d’histoire sociale, 1971-07. — Notes de Gilles Pichavant.

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