POULAIN Gaston (pseudonyme : capitaine FONTAINE Jean)

Par Odette Hardy-Hémery

Né le 4 janvier 1914 à Vred (Nord), mort le 9 juillet 1995 à Aulnoy-lez-Valenciennes (Nord) ; cheminot puis journaliste ; militant communiste ; résistant, responsable FTP ; conseiller général de la région de Valenciennes.

Gaston Poulain était le fils d’un mineur, Clément Poulain, ardent syndicaliste et militant communiste. Son père devait mourir à 56 ans de silicose après la guerre ; sa mère éleva les trois enfants de la famille. Le jeune homme arrêta sa scolarité à 14 ans, après le certificat d’études et s’embaucha à la fosse De Sessevalle à Somain. À 17 ans et demi, il connut une période de chômage puis travailla dans l’entreprise de travaux publics Déjardin. Il était alors responsable des Jeunesses communistes de Vred où il se lia d’amitié avec René Caby* et les trois frères Sans, François Sans*, Élisée Sans* et Georges Sans*, tous fusillés sous l’Occupation. À 20 ans, il accomplit dix-huit mois de service militaire au 41e régiment d’infanterie coloniale à Sarralbe (Moselle). Libéré en 1936, il entra à la SNCF et travailla aux chemins de fer de Douai jusqu’à sa mobilisation en août 1939. Entre-temps, en avril 1938, il épousait Jeanne Lespagnol (voir Jeanne Poulain*), âgée de dix-huit ans, responsable des Jeunes filles de France de Vred : un fils naquit en 1938.
Au cours de la drôle de guerre, Gaston Poulain contracta une pneumonie : il fut transféré à Saint-Dié puis réformé. De retour à Vred, il évacua en juin 1940. Dès son retour, il fut chargé de la direction de la cellule du Parti communiste à Vred par Alcide Lesieur, responsable du secteur (Vred, Pecquencourt, Marchiennes, Somain, Wandignies-Hamage, Fenain, Erre, Hornaing). Cette cellule clandestine comptait alors une quinzaine de membres ; les militants allaient chercher les tracts chez Robert Planchon* à Wandignies-Hamage et les distribuaient dans tout le village. Gaston Poulain était également membre du Syndicat des cheminots reconstitué clandestinement.
En décembre 1940, Gaston Poulain et Jeanne Poulain furent contactés par François Sans, leur ami, pour entrer dans l’Organisation spéciale sous la direction d’Eusebio Ferrari. Tous deux participèrent à l’organisation de la grève des mineurs de mai-juin 1941 aux fosses Barrois et Lemay à Pecquencourt et à la fosse de Sessevalle à Somain. Le groupe disposait d’armes cachées chez François Bacquet* de Guesnain et prit part à des actions de sabotage, en particulier à l’écluse de Warlaing, avec de la dynamite récupérée par les mineurs.
En octobre 1941, Alcide Lesieur fut arrêté ; une soixantaine d’arrestations suivirent. Gaston Poulain fut appréhendé le 15 octobre 1941, interné à Cuincy (Nord) puis à la caserne Négrier à Lille ; il fut ensuite transféré comme otage à Louvain (Belgique) avec François Bacquet. Près d’un an plus tard, la veille même de leur exécution, le 23 août 1942, les deux otages réussirent à s’évader avec cinq autres détenus dont Raymond Delporte, ancien maire communiste de Bruille-les-Marchiennes. Les fugitifs bénéficièrent de la complicité et de l’hospitalité d’un fonctionnaire belge de Charleroi qui leur fit passer la frontière avec l’aide d’un réseau de résistance d’outre-Quiévrain. Gaston Poulain se cacha pendant deux mois à Vred chez un communiste, Marceau Blervacque, puis fut incorporé à la MOI dont le responsable était alors Ernest Lenne*, de Pecquencourt. Avec la MOI, il participa à des sabotages, notamment à la fosse Barrois en décembre 1942. Peu après, avec François Bacquet, il constitua un groupe de sécurité.
A la fin de 1943, Gaston Poulain et François Bacquet étaient mutés dans le Valenciennois afin de constituer la 5e puis, au début juin 1944, après de nombreuses arrestations, la 20e compagnie FTP. Les deux illégaux furent hébergés successivement chez le gardien du cimetière Saint-Roch, puis chez un boucher de Saultain. Commissaire aux effectifs à la 20e compagnie, Gaston Poulain était chargé du recrutement mais participa aussi à certaines opérations, ainsi au sabotage de l’écluse de Raches : l’explosion en plein jour d’une péniche bloqua toute circulation dans le canal en aval de Douai. Gaston Poulain avait alors la liaison avec Albert Tricart*, responsable régional FTP des opérations pour le Valenciennois et la zone de la Sambre-Avesnois ; il rencontrait Émile Gary*, responsable départemental des FTP d’avril 1942 à septembre 1943, détaché au printemps 1944 comme responsable syndical pour le Valenciennois. Il établit également des contacts avec les responsables FTP des autres sections du Valenciennois : Adolphe Marissel* et Jean-Jacques Sauvet* pour la 18e compagnie, Gaston François et Maurice Bouton* pour la 19e, Henri Discret*, Raoul David et Henri Colin pour la 21e compagnie. Des bureaux d’opérations se tenaient chez un électricien d’Anzin, Albert Millot* et regroupaient les dirigeants des différentes compagnies FTP du Valenciennois et les chefs de groupes de la 20e compagnie : c’est au cours de ces réunions qu’étaient décidées les actions.
Peu de temps avant la Libération, un rendez-vous de « direction » devait se tenir au jardin de la Rhonelle. Le lieu de réunion ayant été donné, de nombreux FTP de la 20e compagnie furent arrêtés puis fusillés ou déportés en Allemagne. Après la capture de Jean Repaire le 23 août 1944, Gaston Poulain lui succéda à la tête de la 20e compagnie comme commandant militaire. Malgré ses pertes et son armement insuffisant, cette unité participa très activement aux combats de la Libération et Gaston Poulain fut l’un des libérateurs de la ville de Valenciennes après avoir fait de nombreux prisonniers. Intégré dans l’armée, il en démissionna en 1946 pour ne pas avoir à faire la guerre au peuple d’Indochine.
En mai 1946, Gaston Poulain quitta la SNCF pour devenir pendant trente ans journaliste à Liberté dont il dirigeait l’agence de Valenciennes. Il était aussi secrétaire de la section du Parti communiste de Valenciennes. Conseiller municipal de la ville pendant deux mandats de 1947 à 1959, il fut élu conseiller général de Valenciennes-Est pendant dix-huit ans de 1967 à 1985 et fut député-suppléant de Georges Bustin* de 1968 à 1978. Il était chevalier de la Légion d’honneur.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7715, notice POULAIN Gaston (pseudonyme : capitaine FONTAINE Jean) par Odette Hardy-Hémery, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 13 décembre 2011.

Par Odette Hardy-Hémery

SOURCES : Arch. Musée de la Résistance à Denain. — La Voix du Nord et Liberté du 13 juillet 1995. — Renseignements fournis par la famille.

ICONOGRAPHIE : Source familiale.

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