AVA Charles, François, dit AVA-COTIN

Par Justinien Raymond, Jean-Michel Steiner

Né le 3 juin 1851 à Poezat (Allier), mort le 9 janvier 1884 à Saint-Étienne (Loire) ; instituteur puis employé ; un des premiers militants socialistes de la Loire.

Fils d’Antoine Ava, 31 ans, journalier dans la région de Gannat (Allier) et de Marie Villeneuve, 22 ans, François Ava vivait en 1865 dans la région de Neussargues (Cantal) avec François Cottin, son épouse Jeanne, née Paulhac et leur fils Antoine Jean, âgé de 6 ans.

En 1871, alors qu’il était incorporé dans l’armée territoriale de la Loire, Charles François Ava déclara exercer la profession d’instituteur et habiter rue du-bas Vernay dans le quartier Saint-Roch de Saint-Étienne. Selon le recensement de 1872, il vivait là avec Jeanne Paulhac, marchande âgée de 42 ans et mère d’Antoine Jean Cotin, âgé de 6 ans dont le père, François Cottin était décédé à Thiers le 30 septembre 1870. De cette histoire familiale compliquée entre l’Allier, le Puy-de-Dôme, le Cantal et la Haute-Loire, le jeune militant socialiste a sans doute gagné le double nom d’Ava Cotin sous lequel il se fit connaître dans sa ville d’adoption.

Délégué au congrès de Marseille (1879), Ava-Cotin se prononça pour le collectivisme et lui resta fidèle malgré une correspondance suivie avec Benoît Malon. Il animait à Saint-Étienne (Loire) le premier groupe socialiste de cette ville ouvrière, le cercle « L’Union des Travailleurs » qui siégeait, 9, rue de la Banque [devenue rue Francis Garnier en 1886]. Le 29 février 1880, il rendit compte du congrès de Marseille en réunion publique, et, avec ses camarades, en fit adopter les conclusions. En juin 1881, il organisa à Saint-Étienne le congrès régional ouvrier de l’Est. Le 19 août 1881, deux jours avant le scrutin, des affiches annoncèrent « la candidature collectiviste du citoyen Ava, ouvrier armurier » pour les élections législatives dans la 1ère circonscription de la Loire. Sur 27 534 inscrits et 16 569 votants, César Bertholon, présenté par le Comité républicain radical, obtint 9 624 voix, Charles Amouroux, “candidat ouvrier”, 7 095, tandis qu’Ava n’en recueillit que 80.

Le 19 juin 1882, il prononça une conférence devant le cercle d’études sociales des travailleurs de Firminy sur le thème « de la socialisation des forces productives » (Le Stéphanois, 18 juin 1882). En 1882, il opta pour Jules Guesde dans le conflit qui l’opposait aux possibilistes et qui conduisit à la première scission du Parti ouvrier à Saint-Étienne même. Ava-Cotin avait loué une salle pour la fraction marxiste, en prévision d’un congrès séparé. Mais une maladie de poitrine le contraignit à l’inaction ; avec une poussée anarchiste due à l’action locale de Régis Faure, ce fut une des raisons de l’effacement de l’influence de Guesde à Saint-Étienne au profit de Malon qui suivit Pierre Coupat.

L’enterrement civil d’Ava-Cotin, le 11 janvier 1884, fut une véritable manifestation en faveur du socialisme et de la libre pensée. Le Petit Stéphanois qui avait annoncé le 11 janvier le décès d’un « citoyen remuant, un collectiviste convaincu, à l’époque où l’anarchisme n’avait pas encore détruit le collectivisme », rendit compte de ses obsèques le lendemain :
« Soixante-dix personnes suivaient le convoi. Sur le cercueil, deux couronnes de fleurs artificielles. Derrière le corps marchaient un jeune enfant portant un bouquet dans chaque main, deux délégués du parti ouvrier portant chacun une couronne d’immortelles avec des inscriptions : “Le parti ouvrier révolutionnaire Au regretté F. Ava”, “le cercle d’études sociales de Rive-de-Gier”. Dans le cortège nous avons remarqué les citoyens Taravellier, Croissant, Hector Chalumeau, Dupin, un certain nombre de membres du comité des Deux Cents et quelques délégués du parti ouvrier de Rive-de-Gier, la boutonnière ornée d’une fleur rouge. Au cimetière deux discours ont été prononcés, le premier par le citoyen Bossakiewicz, au nom de la libre pensée et du parti socialiste, l’autre par le citoyen Chalumeau qui a retracé à grands traits l’origine et la vie du défunt dont tous les loisirs ont été consacrés à la cause des travailleurs et pour l’avènement de la Révolution Sociale ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article77155, notice AVA Charles, François, dit AVA-COTIN par Justinien Raymond, Jean-Michel Steiner, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 21 octobre 2022.

Par Justinien Raymond, Jean-Michel Steiner

SOURCES : Arch. Dép. Allier, 2 Mi EC 213 2, Poezat, naissances 1793-1892. — Arch. Dép. Loire, 10 M. 80, et 1 R 1082, armée territoriale 1871, matricule n° 572. — Arch. Mun. Saint-Étienne : 1 F 13, recensement canton sud est de 1876, 4 E 91. — Le Petit stéphanois, 1881 à 1884.

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