BAGNOL Henri

Par Justinien Raymond

Né en 1862 à Pont-Saint-Esprit (Gard), mort le 15 décembre 1905 à Paris, 74, rue Croix-Nivert, XVe arr ; ouvrier apprêteur d’étoffes ; syndicaliste, socialiste et coopérateur ; député de la Seine.

Républicain dès son enfance, Henri Bagnol fut arrêté à l’âge de quinze ans pour avoir combattu Mac-Mahon lors de la crise du 16 mai 1877. Ouvrier apprêteur, il vint bientôt à Paris, s’y adonna à l’action syndicale ainsi qu’à l’action coopérative. Il collabora à la fondation de plus de vingt coopératives de production, celles des fabricants de bouchons, de brosses, de balais, de sacs en papier, etc. Il prit une part active à la création de la Verrerie ouvrière d’Albi. En 1896 et en 1900, il participa aux congrès des coopérateurs. À celui de 1900, où il représentait les bouchonniers de la coopérative « Le Chêne-Liège », il fut rapporteur au cours de la séance du 8 juillet. En 1895, il organisa, dans le XVe arr. de Paris, un secrétariat du travail qui fonctionnait encore à sa mort. Dans le même quartier, il contribua à la naissance et à la vie d’une Université populaire, « l’Émancipatrice », pour laquelle il s’assura la collaboration d’Anatole France. Il appartenait à la loge maçonnique « Les Travailleurs socialistes de France ». Il habitait 212, rue Lecourbe (Paris, XVe arr.) en 1896.
Bagnol rejoignit le mouvement socialiste à vingt ans, en 1882, l’année où, à Paris, il s’orienta vers le « possibilisme ». En 1890, avec les éléments ouvriers de la Fédération des travailleurs socialistes de France (FTSF), il suivit Jean Allemane au Parti ouvrier socialiste révolutionnaire (POSR). Au sein de ces groupements, il poursuivit toujours la même politique démocratique et prolétarienne. Il combattit Boulanger avec Paul Brousse et Jules Joffrin. Il lutta pour la révision du procès Dreyfus aux côtés d’Allemane. Il était un militant actif de l’Union fédérative du Centre, l’organisme parisien du possibilisme puis de l’allemanisme. Il fut son porte-drapeau dans maintes batailles électorales, toujours menées dans le XVe arr. de Paris. Pour le conseil municipal, dans le quartier Necker, il obtint en 1893 1 160 voix sur 7 866 inscrits et 5 926 votants, et, en 1896, 1 651 sur 8 626 inscrits et 6 420 votants, il fut candidat du POSR aux élections partielles de 1899 dans le quartier Necker (Paris, XVe arr.) où il obtint 23,82 % des voix au premier tour et 26,53 % au second. Aux élections législatives de 1898, dans la 1re circonscription du XVe arr., il devança deux autres candidats socialistes avec 2 666 voix contre 1 031 et 703. Aussi, l’année suivante, en décembre, au premier congrès général des organisations socialistes françaises, il représenta cette circonscription au nom du POSR. Il apporta l’adhésion de ce dernier au projet d’union des cinq organisations socialistes, le 8 décembre ; il convia « les militants à l’année prochaine, pour l’union définitive et complète du parti, pour la révolution sociale, pour le prolétariat » (Compte rendu du congrès de Japy, p. 404). En 1901, il participa au congrès de Lyon.
En 1902, après avoir représenté les Ardennes et le Gard au congrès de Tours, Bagnol fut élu député par le XVe arr. de Paris ; il recueillit 4 135 voix au 1er tour de scrutin et, au ballottage, battit Alphonse Humbert par 8 258 voix contre 7 149. Au Parlement, il appartint à la commission du Travail. Il prit une part active à la suppression des bureaux de placement, à la réduction de la journée de travail, à l’abaissement à deux ans de la durée du service militaire. Cette activité lui valut d’être nommé au Conseil supérieur du Travail.
Le premier mandat législatif de Bagnol touchait à sa fin, il venait d’être désigné à l’unanimité moins quatre voix, par les sections socialistes du XVe arr., comme candidat du Parti socialiste SFIO pour les élections de 1906, quand il mourut dans sa quarante-quatrième année. Le dimanche 17 décembre 1905, au cimetière de Bagneux, Emmanuel Chauvière, député du XVe, et Jean Jaurès firent son éloge funèbre.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article77195, notice BAGNOL Henri par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 14 octobre 2022.

Par Justinien Raymond

ŒUVRE : Guide pratique de l’ouvrier blessé, Paris, 1904. (Cette brochure dont nous n’avons pu retrouver d’exemplaires fut écrite par Bagnol à la suite du remaniement de la loi d’avril 1898 sur les accidents du travail, remaniement auquel il prit une part active).

SOURCES : Arch. Nat. F7/12562, notes de police, M 1950. — Arch. Ass. Nat., dossier biographique. — Congrès général des organisations socialistes françaises tenu à Paris du 3 au 8 décembre 1899, compte rendu sténographique, p. 13, 404, 463. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes III, Paris, 1921, p. 142, 145, 170, 173. — L’Humanité, n° du 16 décembre 1905. — Jean Gaumont, Histoire de la coopération, op. cit., t. II. — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979.

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