BAUDIN Eugène

Par Justinien Raymond

Né le 29 août 1853 à Vierzon (Cher), mort le 11 avril 1918 à Granges-sur-Aube (Marne) ; ouvrier porcelainier ; militant du Comité révolutionnaire central (CRC) ; député.

Eugène Baudin
Eugène Baudin

Ayant fréquenté l’école communale, Eugène Baudin la quitta à l’âge de dix ans pour entrer en apprentissage et exerça le métier d’ouvrier porcelainier qui était celui de son père. En 1869, pour avoir outragé l’empereur dans la lutte contre le candidat officiel aux élections législatives, il fut condamné à deux mois de prison : il avait seize ans. Il gagna bientôt Paris et se serait affilié à l’Internationale. Il participa à la journée du 4 septembre 1870 qui renversa l’Empire, combattit en franc-tireur pendant le Siège, s’enrôla sous la Commune parmi les fédérés et fit le coup de feu au fort d’Issy.

S’il fut condamné à la peine de mort par contumace comme on le répète, les archives n’ont pas gardé trace de cette condamnation. Mais ce qui est certain, c’est qu’il s’exila, passa en Suisse, puis en Allemagne et gagna l’Angleterre. Il n’en revint qu’après le vote de la loi d’amnistie (1880). Il s’enrôla au Comité révolutionnaire central (CRC) qui se réclamait des traditions blanquistes et qu’animait son compatriote Édouard Vaillant avec lequel il se livra dans le Cher à une active propagande. En 1884, il fut élu conseiller municipal de Vierzon. En 1885, avec Félix Pyat et Vaillant, il figura sur la liste de six candidats socialistes à la députation, face à la liste Henri Brisson. Il se classa quatrième avec 15 434 voix. Le 18 août 1886, dans le canton de la Guerche, Baudin conquit le premier siège de conseiller général socialiste du Cher par 1 334 voix contre 1 265 au candidat de droite. Pour participation active à la longue grève des ouvriers métallurgistes de Vierzon, il fut, le 6 novembre, condamné à deux mois de prison. Lorsqu’il eut purgé cette peine et qu’il vint siéger, le 18 avril 1887, à l’assemblée départementale, il en fut expulsé en vertu d’un décret impérial du 2 février 1852 qui stipulait que sa peine comportait privation des droits civiques pour cinq ans. Il en fut peu après relevé. Il fut en outre élu adjoint au maire de Vierzon.

En 1889, dans la deuxième circonscription de Bourges abandonnée par H. Brisson pour un siège parisien, il fut élu député, au second tour de scrutin, par 8 000 voix contre 7 133 au candidat de droite. Cette élection créa un élan dans le Cher sans se traduire par un grand effort d’organisation politique. Toutefois, Baudin aida à la constitution de syndicats parmi les ouvriers bûcherons qui s’agitèrent à partir de 1890 et, en octobre de cette même année, il assista au IVe congrès corporatif national des syndicats ouvriers tenu à Calais. En 1891, il aida à la constitution de syndicats d’ouvriers bûcherons dans son département et les soutint dans leur grève. Il fut réélu en 1893 par 8 562 voix contre 7 187, malgré une très vive campagne menée contre lui.

L’activité du député Baudin fut surtout celle d’un protestataire. Il interpella sur la répression de la manifestation du 7 juin 1891 en l’honneur d’Eugène Varlin. Il s’éleva, en 1892, contre le licenciement de Jean-Baptiste Calvignac à Carmaux. On le retrouvait dans la rue aux grands jours d’action populaire comme en 1893 devant la Bourse du Travail de Paris.
Combattif plus qu’organisateur, doué d’une éloquence entraînante, il se donna avec fougue à la propagande dans le Cher et ailleurs. En 1898, malade, il refusa toute candidature et vécut d’abord à Vierzon de son métier de potier, délaissant l’action politique menée par la génération nouvelle puisque son siège alla à Jules-Louis Breton. Néanmoins, en juillet 1899, il signa le Manifeste des socialistes révolutionnaires condamnant l’entrée d’Alexandre Millerand dans le cabinet Waldeck-Rousseau.

Bientôt, il alla résider à Saint-Briac-sur-Mer (Ille-et-Vilaine), puis à Monaco, vivant toujours de son métier et enfin dans la Marne où il mourut.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article77384, notice BAUDIN Eugène par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 1er novembre 2022.

Par Justinien Raymond

Eugène Baudin
Eugène Baudin

SOURCES et BIBLIOGRAPHIE : Arch. Ass. Nat. dossier biographique. — Hubert-Rouger, La France socialiste, op. cit., p. 143. — Les Fédérations socialistes I, op. cit., p. 204 à 211, passim. — Charles Vérecque, Dictionnaire du socialisme, p. 34. — J. Jolly, Dictionnaire des Parlementaires, t. II.

ICONOGRAPHIE : Hubert-Rouger, Les Fédérations..., op. cit. p. 210. — La France socialiste, op. cit., p. 143.

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