BAYART Henri, Jules, Joseph

Issu d’une famille de douze enfants dont le père dirigeait un tissage employant un millier de salariés, Henri Bayart fut l’élève, au collège de Tourcoing (Nord), de l’abbé Louis Fichaux qui allait devenir son ami intime. La vocation sociale du jeune Bayart s’éveilla en 1884 devant la tombe de sa mère, quand son beau-père, Henri Dubar-Ferrier, lui dit : « Sois-en sûr, ta mère qui s’est tant dévouée pour les pauvres te bénira du haut du ciel de ce que tu feras pour les ouvriers. » Membre, non sans quelque réticence, du comité de Roubaix de l’œuvre des cercles catholiques d’ouvriers, il participa en 1885, à Lille, au congrès de l’Association catholique des patrons du Nord, fondée un an plus tôt sous la pésidence de l’abbé Fichaux, et en devint l’un des principaux animateurs. Proche de Harmel, il caressait le rêve de ressusciter les corporations. Il mit alors en place, à Roubaix et Tourcoing, les Confréries Notre-Dame de l’Usine et de l’Atelier, comptant en 1887 trois mille adhérents, patrons et ouvriers de trente-huit usines différentes, et l’année suivante quatre mille membres venus de cinquante établissements.
Depuis juin 1887, Bayart présidait la commission chargée d’élaborer les statuts d’un syndicat mixte de l’industrie roubaisienne. Celui-ci vit le jour le 1er février 1889. Ouvert aux membres de la confrérie, il groupait trois cent vingt-huit adhérents pour vingt entreprises, et des œuvres diverses : sociétés de secours mutuels ou de consommation, caisse de retraites, aide aux familles nombreuses, etc. Ce syndicat, complétant l’édifice imaginé par l’abbé Fichaux et Henri Bayart, était alors considéré comme l’association professionnelle la plus importante dans le département du Nord. Il s’agissait du premier exemple en France de corporation chrétienne associant étroitement confrérie religieuse et syndicat professionnel.