BAZIRE Henri

Par André Caudron

Né le 9 novembre 1873 à Fontenay-le-Comte (Vendée), mort le 23 juillet 1919 ; avocat, journaliste ; catholique social ; président de l’Association catholique de la Jeunesse française de 1899 à 1904, co-directeur de La libre Parole de 1910 à 1914.

Fils de médecin, élève des jésuites puis de la faculté de droit de Poitiers (Vienne), il s’inscrivit dès 1895 au barreau de Paris où il fut secrétaire de la Conférence du stage et collaborateur du bâtonnier Chenu. Il se fit connaître du grand public en 1900 comme avocat des Assomptionnistes de la Bonne Presse, inculpés du délit de congrégation. Depuis 1891, il s’était engagé au sein de l’Association catholique de la Jeunesse française (ACJF) en participant à son pèlerinage de Rome dont il revint enthousiaste. En 1897, il fut nommé à la fois responsable de la « Chronique du mouvement social » pour la Revue de l’ACJFet premier vice-président de l’association. Son rapport au congrès national de Tours sur le rôle de la jeunesse catholique dans la vie publique fut très remarqué par un accent neuf et hardi, dans la ligne des instructions pontificales sur le Ralliement et de l’enseignement social de Rerum novarum.
En 1899, Bazire succédait à son ami Henry Reverdy, pour quatre ans, à la présidence de l’ACJF. Ce mouvement prit alors son véritable essor, avec onze cents groupes en 1904. Leurs cercles d’études préparaient une génération d’animateurs de syndicats, mutualités, caisses rurales, jardins ouvriers, etc. En relation étroite avec Albert de Mun, Bazire était convaincu que les catholiques ne devaient pas se limiter à la défense religieuse. Pour lui, l’action politique ne pouvait être séparée de l’action sociale. Il fut le principal artisan de l’éveil social chez les adhérents de l’ACJF, tous étudiants à l’origine, et désormais recrutés aussi bien parmi les ouvriers et les ruraux, avec un début de spécialisation des groupes selon les milieux. Bazire, persuadé de la faillite du libéralisme économique, plaçait le devoir de justice sociale avant la charité. L’ACJF lui doit sa célèbre devise : « Sociaux parce que catholiques ».
En 1903, il inaugura la série des « congrès sociaux » du mouvement. Au congrès de Chalon, consacré aux syndicats, Bazire, orateur renommé, invita son auditoire à les multiplier et à les fortifier. L’année suivante, le congrès d’Arras eut pout thème les mutualités. En 1905, Bazire clôtura celui d’Albi sur « les conditions de vie de la jeunesse ouvrière » en montrant que la compétence économique était nécessaire à l’efficacité sociale des militants.
Il se lança ensuite dans le journalisme en brillant disciple de Louis Veuillot. Collaborateur de La Croix, de L’Univers depuis 1905, il devint co-directeur du Peuple français, journal démocrate chrétien de l’abbé Théodore Garnier, en 1908, puis de La libre Parole, avec Joseph Denais, à partir de 1910. Il s’efforça de rajeunir ce titre, devenu l’organe des catholiques « constitutionnels » de l’Action libérale, en cohabitant avec l’ancienne équipe antisémite d’Edouard Drumont. Albert de Mun voyait en Bazire son successeur à la tribune de la Chambre et à la tête des catholiques sociaux. Celui-ci, candidat malheureux en 1906 et 1910, manqua de dix-sept voix, en 1914, le siège de député de la première circonscription des Sables-d’Olonne (Vendée), au profit d’un radical, après une violente campagne de l’Action française. Les amis du vaincu attribuèrent aux royalistes la responsabilité de cet échec.
Capitaine d’artillerie pendant la guerre, titulaire de trois citations, chevalier de la Légion d’honneur à titre militaire, Bazire mourut des suites de son intoxication par les gaz à Verdun en 1917. Il avait publié sa thèse de doctorat : Des conditions du travail imposées aux entrepreneurs dans les adjudications de travaux publics (Paris, Arthur Rousseau, 1898). Sa conférence du 4 avril 1900 au Musée social, « Le Mouvement syndical et les catholiques sociaux », parut dans la revueL’Association catholique du 15 mai 1900.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article77432, notice BAZIRE Henri par André Caudron, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

Par André Caudron

SOURCES : Henri Bazire, ouvrage collectif, Paris, Bloud et Gay, 1922. — Joseph Zamanski, Henri Bazire, Paris, Lethielleux, 1945, 32 p. — Catholicisme, t. I, 1948 (Fr. Veuillot). — Robert Cornilleau, De Waldeck-Rousseau à Poincaré, Paris, Spes, 1927. — Dictionnaire de biographie française, t. V, 1951 (M. Prevost). — Louis Dimier, L’Action libérale dans les élections : le cas Bazire, 1914. — Charles Molette, L’Association Catholique de la Jeunesse Française, 1886-1907 Paris, Armand Colin, 1968, 815 p. — Ernest Pezet, Chrétiens au service de la Cité, Paris, Nouvelles Editions Latines, 1965.

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