BERNARDOT François, Nicolas, Hippolyte, dit Francis

Par Jacques Gans, Jean Gaumont

Né le 31 octobre 1846 à Nantes (Loire-Inférieure, Loire-Atlantique), mort le 23 mai 1903 à Nantes ; ingénieur des Arts et Métiers d’Angers (Maine-et-Loire) ; employé au familistère de Guise ; disciple de Charles Fourier ; militant et dirigeant coopérateur.

La famille de François Bernardot était originaire des confins de la Franche-Comté et de la Bourgogne. Ses ancêtres étaient entrepreneurs de couverture et le père de Bernardot mourut en tombant du toit d’une église. Tous avaient fait leur Tour de France dans le compagnonnage des artisans du Bâtiment, d’où des affinités avec l’esprit social qui devait s’épanouir chez Francis Bernardot. Après des études primaires, celui-ci entra à l’École professionnelle Livet à Nantes. Il y prépara l’École des Arts et Métiers d’Angers où il fut reçu en 1862. Il en sortit en 1865, le premier de sa promotion. Il fut alors attaché comme sous-ingénieur à différentes usines de la région parisienne. En 1867 il entra au service de la Société d’entreprise de construction du canal de Suez. Il revint en France en 1870 et s’engagea dans les mobiles de la Loire-Inférieure. Il fut promu rapidement capitaine et prit part aux batailles de l’armée de la Loire. Après la guerre, réclamé par son entreprise, il retourna en Égypte et dirigea les travaux commencés sur l’initiative d’Ismaïl Pacha aux canaux d’Ismaïlia. De retour en France en 1874, il participa à la direction de l’entreprise qui construisait le port de Cronstadt. Marié en 1877, il eut la direction d’une usine d’engrais organiques à Ivry-sur-Seine. Il fut alors premier adjoint au maire d’Ivry, et fut candidat à la députation contre Benjamin Raspail dans la première circonscription de Sceaux.
En 1882, il entra au service de la Société du familistère de Guise en qualité de directeur des approvisionnements. Filleul du docteur Ange Guépin, Bernardot était tout acquis aux idées fouriéristes. Au familistère, il fut chargé par André Godin d’études sur la coopération en général, sur la participation aux bénéfices etc... Il créa au familistère une société de prêt mutuel qui devait durer, et il fut l’auteur d’un certain nombre d’autres améliorations d’ordre pratique. Membre du conseil de gérance, avec Godin et Auguste Fabre, il en devint le secrétaire à la mort de Godin en 1888, en compagnie de François Dequenne, un des contremaîtres de l’usine qui était l’un des plus anciens conseillers de la gérance. À la disparition de Dequenne, il demeura encore quelques mois avec le nouveau gérant, L. Colin, jusqu’en 1898.
Durant ces années le familistère étant adhérent de l’Union des coopératives, Bernardot avait pris part en 1889 au congrès national et international de Paris et y avait joué un rôle important. Il fut élu au comité central de l’Union au congrès de Marseille en 1891. Il assista également au congrès suivant et fut élu vice-président du congrès de Grenoble en 1893. Son rôle fut très actif dans toute cette période et il fut délégué en août 1892 à la première assemblée de l’Alliance coopérative internationale (ACI) avec Froment de la société Leclaire. Tous les deux appuyèrent la proposition d’Édouard De Boyve pour la fondation d’une Alliance, soutenus par l’Anglais Holyoake. En 1894, il était au congrès de Sunderland et en 1896 au congrès de Paris de l’ACI. C’est cette année-là qu’il proposa la création d’un drapeau de l’Alliance aux sept couleurs de l’arc-en-ciel, idée qu’il avait trouvée chez Charles Fourier.
Après son départ de Guise, Bernardot retourna à Nantes, sans cesser cependant de faire partie du comité central de l’Union comme membre titulaire. Il le quitta au congrès de 1900.
C’était un orateur doué, pourvu d’une belle voix et d’une grande prestance. Son autorité dans les congrès était considérable. C’était aussi un écrivain ; il composa un roman inspiré par son fils aîné.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article77599, notice BERNARDOT François, Nicolas, Hippolyte, dit Francis par Jacques Gans, Jean Gaumont, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 24 novembre 2022.

Par Jacques Gans, Jean Gaumont

ŒUVRE : Le Familistère de Guise, association du capital et du travail, et son fondateur J.-B. Godin, Guise, 1889. — Kirikette, roman, Guise, 1896. — Collaboration au premier Almanach de la Coopération, 1893 (article sur le familistère de Guise).

SOURCES : Renseignements familiaux. — Notice communiquée par le Familistère de Guise. — Jean Gaumont, Histoire générale de la coopération, passim. — Dr Fauquet : « Les Origines du drapeau de l’ACI », Coopérateur suisse, du 2 octobre 1946.

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