BERTHELOT André, Marcel

Par Alain Dalançon, Justinien Raymond

Né le 20 mai 1862 à Paris, mort le 6 juin 1938 à Paris ; professeur ; militant socialiste indépendant à Paris, député de 1898 à 1902, sénateur de 1920 à 1927.

Fils de Marcellin Berthelot, le célèbre chimiste et homme politique, et de Sophie Niaudet, André Berthelot fit de brillantes études aux lycées Saint-Louis, Henri IV et à la Sorbonne. Reçu à l’agrégation d’histoire et géographie en 1884, il fut membre de l’École française de Rome, chargé de mission en Italie et en Hollande, puis nommé maître de conférences et directeur adjoint à l’École pratique des hautes études, chargé de l’histoire des religions grecques et romaines.

André Berthelot entra très jeune en politique en étant élu conseiller municipal du VIe arr. (Monnaie) lors d’une élection partielle (1894) où il obtint 15,93 puis 18,78 % des voix. Devenu secrétaire du Conseil municipal de Paris et du Conseil général de la Seine, il se consacra principalement à la question du chemin de fer métropolitain dont la construction fut décidée sur son rapport. Il fut réélu en 1896 par 1 898 voix sur 4 179 inscrits, il n’acheva pas son mandat et fut remplacé en 1898 par le socialiste indépendant Bernier.

Il se présenta aux élections générales des 8 et 22 mai 1898, dans la 1ère circonscription du VIe arrondissement de Paris, et fut élu, au deuxième tour de scrutin, par 3 731 voix contre 3 193 à M. Monteil, sur 7 048 votants. Il réclama dans son programme politique : « l’application intégrale du vieux programme républicain : révision par une Constituante, chambre unique, référendum, mandat impératif, séparation des Églises et de l’État, suppression du budget des cultes, impôt progressif sur le capital ou le revenu remplaçant les impôts de consommation et les patentes, abolition immédiate de l’octroi ».

Élu sous l’étiquette de « républicain socialiste », il appartint au début de la législature au groupe socialiste, puis, lors de la dislocation de celui-ci, ne se fit inscrire à aucun groupe et vota généralement avec les radicaux-socialistes. Il fut membre de la Commission du suffrage universel et de la Commission du budget et de diverses Commissions spéciales. Il déploya une très large activité en Commission et en séance publique.
Militant socialiste indépendant, il fut délégué de la Seine au congrès de la salle Wagram (septembre 1900). Il fut battu au premier tour de scrutin, aux élections générales du 27 avril 1902 par Charles Benoist, rédacteur politique de la Revue des Deux Mondes, professeur à l’École des sciences politiques, n’obtenant que 2 799 voix contre 4 316 à son adversaire, sur 8 087 votants. Il échoua également aux élections sénatoriales dans le département de la Seine en 1907 et en 1909.

Administrateur du Touring Club de France, il était entré dans l’industrie comme collaborateur du financier belge Édouard Empain, fut administrateur du Métropolitain (1902-1919), et président de la Société parisienne pour l’industrie des chemins de fer et tramways électriques. Il joua un rôle de premier plan dans l’organisation des transports et de l’électrification de la capitale, fut le promoteur, en 1906, de la Société d’électricité de Paris et de la Société des ateliers électriques de Jeumont, enfin, fonda, en 1910 et 1911, la Compagnie de navigation Sud-Atlantique et la Banque industrielle de Chine.

Après la guerre, il fut élu sénateur en janvier 1920, au deuxième tour de scrutin, par 588 voix sur 1 019 votants, parmi les candidats de la liste du bloc républicain national. À la Haute Assemblée, il fit partie du groupe de la gauche démocratique radicale et radicale-socialiste.

Il appartint à la Commission des Affaires étrangères et à la Commission de politique générale des colonies et protectorats. Il présenta une proposition de loi sur l’énergie électrique (1920) et participa aux débats sur : les questions fiscales et financières (1920, 1921 et 1926), les habitations à bon marché (1920), l’énergie électrique (1920), l’aménagement du Rhône (1921), le droit à la retraite des fonctionnaires pourvus d’un mandat électif (1926), la caisse d’amortissement et la révision constitutionnelle (1926) ; mais son action se trouva paralysée par la déconfiture de la Banque industrielle de Chine dans laquelle il avait des intérêts (1923).

Il ne sollicita pas le renouvellement de son mandat de sénateur aux élections du 9 janvier 1927.

Il n’abandonna jamais les études historiques ou scientifiques, au cours de ses diverses activités parlementaires et industrielles.

Il publia dans La Nation de nombreux articles sur l’histoire des quartiers de Paris, devint secrétaire général de la Grande Encyclopédie entreprise, en 1885, par Camille Dreyfus et mena à bien la publication de cette œuvre, achevée en 1901, et dans laquelle il écrivit, de nombreux articles. Il fut pendant un certain temps éditorialiste du journal Le Matin.

Il publia une Histoire intérieure de Rome (1885), des Morceaux choisis des historiens grecs (1888). Il collabora aux tomes 1 et III de l’Histoire générale de l’Europe dirigée par Lavisse et Rambaud (1892-1894).

Il organisa, en 1901, la mission Blanchet pour l’étude du Sahara occidental, la mission chargée de l’étude du chemin de fer de l’Algérie au Tchad (1911), et publia L’Afrique saharienne et soudanaise, ce qu’en ont connu les Anciens (1927), et L’Asie centrale et sud-orientale d’après Ptolémée (1930).

Il avait pour frères le diplomate Philippe Berthelot, le savant Daniel Berthelot et le philosophe René Berthelot.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article77633, notice BERTHELOT André, Marcel par Alain Dalançon, Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 26 novembre 2022.

Par Alain Dalançon, Justinien Raymond

SOURCES : notice biographique extraite du Dictionnaire des Parlementaires français par Jean Jolly (site du Sénat). — Bibl. Nat., Notes biographiques..., op. cit. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes III, op. cit., pp. 172, 175. — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979.

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