BLONDEL Octave

Par Justinien Raymond

Né en 1846 à Falaise (Calvados), mort le 24 octobre 1917 ; avocat ; journaliste ; conseiller municipal de Paris ; mêlé pendant quelques années au mouvement socialiste.

Octave Blondel avait fait ses études sous la direction de son père qui appartenait à l’enseignement, puis étudié le droit à la faculté de Caen quand il s’inscrivit au barreau de Domfront (Orne). En 1872, il s’occupa de la création d’écoles laïques et fut poursuivi par les magistrats de l’Ordre moral. En 1879, il devint secrétaire de rédaction du Révolutionnaire, journal de Naquet, puis collabora au Radical où il fit en 1882 et 1883 une campagne pour la réforme des tribunaux de commerce. Mais il n’abandonna pas l’Orne où il lutta avec énergie contre le boulangisme : ses articles de 1888 dans Le Foyer républicain, journal radical-socialiste du département, contribuèrent à la défaite locale du mouvement révisionniste.
L’affermissement du régime républicain apporta une récompense à ce combattant de la première heure : en 1888, il fut nommé maire adjoint du IIIe arr. de Paris. Deux ans plus tard, il abandonna cette fonction pour briguer un siège au conseil municipal dans le IIIe arr. (quartier des Arts-et-Métiers). Il n’avait pas été présenté par un des groupements socialistes parisiens, mais sa candidature d’avant-garde et son succès le lièrent immédiatement au mouvement socialiste. Il devint conseiller municipal radical-socialiste des Enfants rouges (Paris, IIIe arr.) en 1890. Il garda cependant un pied dans l’Orne, s’attachant à grouper les ouvriers sur le plan corporatif. Après une conférence qu’il fit à Flers se constituèrent les deux syndicats de l’industrie cotonnière et des teinturiers et blanchisseurs, puis le mouvement s’amplifia.
Réélu conseiller municipal de Paris et conseiller général de la Seine en 1893 et 1896, il attacha son nom à plusieurs réformes : création d’internats primaires, suppression des bataillons scolaires parisiens, réorganisation de l’enseignement du travail manuel, etc. En 1893, il fut élu vice-président du conseil municipal, mais, en 1900, avec 1 794 voix sur 5 667 inscrits il perdit son siège de conseiller ; il était battu par le candidat nationaliste, il se présentait alors sous l’étiquette socialiste indépendant et était investi part le Comité général du P.S. (31,65 % lors des deux tours). E n 1896 il l’avait emporté par 2 360 sur 5 378.
En 1902, Octave Blondel adhéra au Parti socialiste français et, jetant son dévolu sur le département des Deux-Sèvres, y fit partie de la conférence des socialistes indépendants. Il y ranima, en vue des élections, L’Action socialiste, organe des revendications de la démocratie agricole et ouvrière de la région de l’Ouest qui, naguère, avait cessé de paraître. La fédération autonome des travailleurs socialistes des Deux-Sèvres et de la Saintonge, adhérente du PSF, lui offrit la candidature dans la 1re circonscription de Niort. Le mouvement socialiste y était encore à ses débuts. Il était divisé : en face, se dressait la fédération du Parti socialiste de France. Blondel était inconnu dans les Deux-Sèvres, département qui, aux dires du préfet, « par tempérament répugne à toute candidature étrangère » (Arch. Dép.). Il s’efforça de ne pas effaroucher l’opinion. Devant 250 auditeurs à Saint-Maixent, le 19 avril 1902, il se présenta comme un « socialiste pratique » et déclara repousser « le collectivisme qui est la négation de la propriété individuelle » ; il rejeta la violence avec laquelle « on ne fait rien de durable » et affirma vouloir « la transformation politique de la société par les moyens légaux » (Ibid.). Avec 1 901 voix contre 7 610 à l’élu, l’opportuniste Disleau, et 5 168 au royaliste De Lacoste-Lareymondie, il était loin du succès, mais il devançait le candidat du PS de France, Henri Monnier, 1 220 voix.
Alors, Blondel abandonna le mouvement socialiste où l’avait poussé son ardent républicanisme, mais qui ne pouvait le retenir quand il s’unifiait sur une plate-forme révolutionnaire.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article77855, notice BLONDEL Octave par Justinien Raymond, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 30 mars 2010.

Par Justinien Raymond

SOURCES : Arch. Dép. Deux-Sèvres, 3 M 11-31. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes II, p. 572. — Les Fédérations socialistes III, p. 166 à 176, passim. — L’Action socialiste, 23 mars 1902. — Bibl. Nat. Notes biographiques..., op. cit.. — Michel Offerlé, Les socialistes et Paris, 1881-1900. Des communards aux conseillers municipaux, thèse de doctorat d’État en science politique, Paris 1, 1979.

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