BONNARDEL Émile

Par Gilles Pichavant

Né le 24 août 1857 à Valenciennes (Nord) ; ouvrier verrier ; syndicaliste CGT dans le Nord, puis à Albi ; socialiste.

Né à Valenciennes (Nord) le 24 août 1857, Émile Bonnardel devint ouvrier verrier. En 1893 il travaillait à Masnières (Nord). Il devint secrétaire du syndicat des verriers de Dorignies (Nord) en 1895, puis de Masnières en 1897, et enfin président du syndicat des verriers à bouteilles d’Escautpont (Nord) en 1898. A cette époque il était secrétaire des verriers du Nord. Licencié au cours de l’année, il fut accueilli en décembre à la verrerie ouvrière d’Albi, où il reprit son activité professionnelle et militante. Le 23 mars 1899, il participa avec Michel Aucouturier, à une réunion publique d’information sur la Verrerie ouvrière à Angoulême. En octobre 1901, il fit une tournée de propagande sur le même thème dans le Nord.

En 1903, il fut désigné par la verrerie ouvrière, avec Oulmière* administrateur de la VOA, pour remplacer Renoux et Baudot, administrateurs de la VOA, au conseil d’administration de la coopérative la Broderie ouvrière de Cordes (Tarn).

En 1909, Émile Bonnardel était le secrétaire correspondant du syndicat des verriers et similaires de la Verrerie ouvrière d’Albi. Il signala dans La Voix des verriers, que le syndicat, réuni en assemblée générale le 17 janvier 1909, avait décidé que tout le personnel travaillant à la verrerie ouvrière d’Albi s’imposerait 3% sur les salaires pour soutenir les grèves de la corporation des travailleurs du verre adhérents à la Fédération nationale. La même année, en tant que représentant des verriers d’Albi, il apporta son soutien à la grève des délaineurs de Mazamet et à celle des mégissiers de Graulhet.

En octobre 1912 il signa un manifeste des ouvriers signé du syndicat des ouvriers verriers et similaire d’Albi (Tarn), texte issu d’une « commission de réorganisation du travail à tendance communiste », composée de dix huit verriers. Il expliquait les raisons d’un conflit social en cours dans l’usine, suite à la décision de la direction de réorganiser la production et la rémunération, brutalement et sans concertation. Le personnel refusait surtout la suppression du travail aux pièces. Il décida d’arrêter le travail et de prendre la direction de l’usine, ce qui provoqua la démission de l’ingénieur Spinetta. Compte tenu des difficultés dans laquelle la Verrerie ouvrière risquait de se trouver, le travail reprit, en attente d’une réunion de commission d’arbitrage qui se tint à Paris, lors d’une assemblée générale extraordinaire des actionnaires.

En décembre 1913, Émile Bonnardel donna sa démission de représentant du personnel de la verrerie au Conseil d’administration, en même temps que Claustre* et Einhorn*.

Socialiste, en 1893 et en 1898, Émile Bonnardel se présenta aux élections législatives dans la première circonscription de Cambrai (Nord), comme candidat du parti ouvrier français. En 1910, il fut candidat socialiste unifié aux élections législatives de 1910 dans la circonscription de Castres II (Mazamet) qui donna les résultats suivants au premier tour : baron Reille (conservateur), 8763 voix, élu ; Sabatier (radical), 5641 voix ; Bonnardel (socialiste), 1806 voix. Dans cette région où la majorité des classes populaires, ouvriers et paysans, votaient à droite, le score de Bonnardel concrétisait cependant une forte progression des socialistes et une baisse d’influence du baron, suite à l’attitude de chacun pendant la grande grève des délaineurs de janvier à mai 1909.Le 7 août 1920, il prit la parole pour la fédération du Tarn du Parti socialiste, dans une conférence au Théâtre de Montauban, pour célébrer la mémoire de Jaurès.

Demeurant à Mas Sandy à Albi (Tarn), Émile Bonnardel fut premier secrétaire du cercle socialiste d’Albi pendant la Première Guerre mondiale. Son organisation groupait beaucoup d’ouvriers mobilisés affectés aux Établissements du Saut du Tarn ; à la réunion intérieure du 27 août 1916, sur quarante présents, dix étaient des mobilisés dont Bonifas trésorier du cercle. Bonnardel, délégué à un conseil national pendant l’été 1916 se serait vu retirer son droit de vote « parce qu’il appartenait au groupe des minoritaires » (Arch. Nat. F7/13621). Un rapport de police du 3 mars 1918 le qualifia de syndicaliste « minoritaire à outrance ».

Au congrès fédéral socialiste du Tarn, le 5 décembre 1920, il déclara : « La guerre a permis de démasquer les social-traîtres et Moscou a eu raison de poser des conditions pour éviter à la IIIe Internationale le sort de la IIe » (Le Cri des Travailleurs, 11 décembre 1920). La majorité des militants d’Albi ne l’approuvèrent pas et suivirent Doyen au Parti socialiste SFIO après le congrès de Tours (décembre 1920). Bonnardel créa la section communiste d’Albi et en assura le secrétariat. Il fut secrétaire de l’Union locale unitaire CGTU de sa ville du milieu de l’année 1926 au milieu de l’année 1927. En 1932, malgré son âge, la police le citait parmi les animateurs de la cellule communiste des verriers ayant son siège à la Verrerie ouvrière.

Il doit se confondre avec Bonnardel qui, en septembre 1926, prit la parole dans un meeting au Saut-du-Tarn (Tarn], à 6 km d’Albi. Qualifié par l’Humanité de « vieux socialiste de 70 ans [donc né vers 1856] qui comptait plus de 50 ans de lutte », il regretta que « ses camarades SFIO ne soient pas à ses côtés, et fustigea en termes énergiques leur attitude ». Le même avait participé au congrès national du Secours Rouge, où il intervint comme délégué du Tarn dans sa séance du 19 juillet 1926.

Se confond-il avec le Bonnardel qui, en 1922, fut membre de la commission exécutive de la Fédération communiste de Haute-Garonne ? Y a-t-il identité avec Bonnardel, qui fut en 1938, secrétaire de l’Union locale de Toulouse des Amicales de vieux travailleurs ?

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article77964, notice BONNARDEL Émile par Gilles Pichavant, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 20 octobre 2019.

Par Gilles Pichavant

SOURCES : — Arch. Nat. F7/13020, F7/13621, F7/13130. — Arch. Dép. Nord,M 154/66 et M 598/1. — La CGT, op. cit., pp. 457-458. — L’Égalité de Roubaix Tourcoing, 5 mai 1898, 20 décembre 1898. — La Voix des verriers, 1er novembre 1912 (BNF). — La petite République, 26 octobre 1901, 7 novembre 1903 page 4 — R. Cazals, Avec les ouvriers de Mazamet..., Paris, Maspero, 1978 (réédition revue et augmentée en 1995 par le CLEF 89, p. 212). — L’Ordre communiste, 19 août 1922. — La Voix du Midi, 1er janvier 1938. — L’Humanité, 18 août 1920, 20 juillet 1926, 6 septembre 1926. — Le Cri des Travailleurs, 1920-1921. — Ancienne version d’Émile Bonnardel dans le Maitron par Remy Cazal, Jean Maitron et Claude Pennetier.

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