BONNEVIAL Marie

Née le 28 juin 1841 à Rive-de-Gier (Loire), morte le 4 décembre 1918 à Paris (XVIIIe arr.) ; institutrice ; militante syndicaliste, féministe, socialiste et coopératrice.

Dessin de Marie Bonnevial et Arthur Rozier dans La Petite République du 2 octobre 1900.

Institutrice laïque, Marie Bonnevial habitait, 32, rue de Chartres, à Lyon (Rhône). Elle fut une militante active du mouvement ouvrier lyonnais renaissant après la Commune. Elle avait connu la pauvreté avant de devenir institutrice. Elle fut révoquée après la Commune de Lyon.

Déléguée d’arrondissement de la société de la Libre Pensée, membre de la commission pour la répartition des secours aux familles des détenus politiques, elle fut une des fondatrices, le 2 mai 1872, d’un Cercle littéraire des Dames lyonnaises qui réunit des femmes connues pour leurs opinions avancées. Le 22 octobre 1873, prenant prétexte du non respect de l’article 13 des statuts interdisant les discussions politiques, la préfecture provoqua la dissolution du club. Appartinrent au Cercle littéraire des Dames lyonnaises : Bonnevial Marie, Bourdin, Duguerry Marie, Schneider Albertine.

Aux côtés de Jules Guesde et de Gabriel Deville, ainsi que de Marie Manière et une dame Floch, elle eut à répondre devant la Xe chambre correctionnelle de l’inculpation d’association non autorisée, pour avoir préparé le congrès ouvrier international qui devait s’ouvrir à Paris le 5 septembre 1878. Elle aida à la constitution de syndicats féminins, appartint au syndicat des membres de l’Enseignement qu’elle contribua à fonder en 1872 et qui fut plus tard (1884) inscrit régulièrement à la Bourse du Travail de Paris sous le numéro 212. Ce syndicat qui groupait tous les ordres d’enseignement laïque, mais privé, existait encore en 1907 ; elle le représenta au congrès socialiste de Paris tenu salle Japy en 1899.

Marie Bonnevial assista à plusieurs congrès de la Fédération des Bourses du Travail, et tout d’abord au congrès constitutif qui se tint à Saint-Étienne (Loire), du 7 au 8 février 1892. Elle fut élue déléguée suppléante au Secrétariat national du Travail. Avec elle et au même titre : Besset, Calmels et Legardeur. Furent élus délégués titulaires : Bertrand, Chaput, Lagarde et Léon Martin. Marie Bonnevial assista également au deuxième congrès de la fédération, Toulouse, 12-15 février 1893. Elle fut à nouveau élue déléguée au Secrétariat national du Travail. Avec elle : Dubois, Martin Léon, Roussel, suppléants : Calmels, Camescasse, Legardeur, Seigné. Elle fut renouvelée dans ces fonctions à l’issue du IIIe congrès, Lyon, 25-27 juin 1894. Furent alors délégués comme titulaires : Bonnevial M., Deschamps, Piétrain, Rossignol ; comme suppléants : Abriol, Camescasse, Crépin, Ducousso. En septembre 1901, la « citoyenne » Bonnevial assista comme déléguée au XIIe congrès national corporatif — 6e de la CGT — tenu à la Bourse du Travail de Lyon, où elle représentait les « membres de l’enseignement » de Paris. Marie Bonnevial assurait régulièrement la chronique syndicale du journal La Fronde, 1897-1903.

Elle milita aussi pour le socialisme. Elle participa au congrès socialiste international de septembre 1900, à Paris. Représentante des groupes de la Guadeloupe, elle fut une des douze femmes déléguées au congrès général des organisations socialistes à Paris (1900) puis au congrès de Lyon, 1901. Au cours des scissions qui survinrent, Marie Bonnevial suivit Jaurès et, en 1905, entra dans la fédération de la Seine du Parti socialiste SFIO. Membre de sa commission de préparation, elle avait participé en mars 1902 au congrès PSF à Tours comme déléguée du Rhône et du Vaucluse à l’élaboration du programme du Parti socialiste français. Elle contribua à étoffer la plate-forme de revendications civiles, politiques et sociales propres à assurer à la femme, à la citoyenne et à l’ouvrière son émancipation juridique, politique et économique.
C’est qu’elle avait toujours été une militante féministe. Elle appartenait à la Ligue française des Droits de la Femme dont elle devint secrétaire générale, pour le rester jusqu’à sa mort. En qualité de vice-présidente, elle compta parmi les six membres du bureau qui assura la tenue à Paris du congrès international de la condition et des droits de la Femme, du 5 au 8 septembre 1900. Son entrée, la même année, au conseil supérieur du Travail où elle était la première femme à pénétrer, attestait de sa renommée et des progrès de la cause féministe pour laquelle elle avait combattu.

Marie Bonnevial joua également un rôle actif dans la coopération. Adhérente de « la Ménagère » du XVIIe arr., elle fut élue en 1906 à la commission de contrôle de la Bourse des coopératives socialistes. Elle représenta « la Ménagère » à divers congrès et la BCS au congrès des femmes coopératrices en Angleterre en 1907 et 1909.

Marie Bonnevial fit partie de la délégation de la SFIO au congrès socialiste international de Bâle (novembre 1912). Dans la liste des délégués, son nom est écrit par erreur « Bonnevialle ». En mars 1913, elle était membre du Groupe des femmes socialistes (dont la secrétaire était Élisabeth Renaud). Au moment de sa mort, elle était membre du groupe socialiste du quartier des Épinettes (XVIIe arr. de Paris). L’Humanité salua « une des meilleures militantes de l’action de classe du prolétariat ».

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article78012, notice BONNEVIAL Marie, version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 29 octobre 2022.
Marie Bonnevial (vers 1860-1870)
Marie Bonnevial (vers 1860-1870)
cc Bibliothèques de la Ville de Paris
Marie Bonnevial
Marie Bonnevial
Museo Angers
Dessin de Marie Bonnevial et Arthur Rozier dans La Petite République du 2 octobre 1900.

ŒUVRE : Marie Bonnevial tenait la rubrique syndicale au journal féministe La Fronde qui s’intitulait « Journal politique de tendance républicaine, laïque et socialiste » et que dirigeait Marguerite Durand. Il parut du 9 décembre 1897 à 1903. Elle collabora également à la Revue socialiste de Benoît Malon. — Préface à la brochure de Madeleine Vernet, Cinq années d’expérience éducative [1906-1911], Epône, 1911.

SOURCES : Arch. Dép. Rhône, 4 M 826. — Hélène Heinzely, Le Mouvement socialiste devant les problèmes du féminisme, 1879-1914, DES, Paris, 219 p., dactylographié, 1 carte. s.d. (pp. 14, 89, 91, 92, 101, 102, 112, 114). — Comptes rendus des congrès socialistes. — Hubert-Rouger, Les Fédérations socialistes III, pp. 205 et 207. — J. Gaumont, Histoire de la coopération, op. cit., t. II. — Bernard, Bouët, Dommanget, Serret, Le Syndicalisme dans l’enseignement, op. cit. — Christine Bard, Les filles de Marianne, op. cit.L’Humanité, 28 novembre 1912, 4, 6 et 8 décembre 1918. — La Femme socialiste, 1er avril 1913. — Notes de Julien Chuzeville. — État civil de Paris.

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