PUGNET Pierre [PUGNET Émile, Jules, dit]

Par Francis Colbac, Pierre Couchot, Marie-Louise Goergen

Né le 15 septembre 1898 à Périgueux (Dordogne), mort le 29 janvier 1972 à Paris (XIIIe arr.) ; cheminot ouvrier ajusteur puis contremaître ; syndicaliste CGT et socialiste SFIO ; maire de Périgueux (1945-1959) ; sénateur de la Dordogne (1957-1959).

[Sénat]

Fils d’un boulanger, Pierre Pugnet obtint son certificat d’études primaires puis fut èlève de l’école professionnelle pendant trois ans. Il entra à la Compagnie PO à la fin de 1914 comme employé auxiliaire aux ateliers de Périgueux. Détaché au dépôt d’Orléans en 1916, il fut mobilisé le 17 avril 1917 et affecté successivement au 50e, puis au 108e et au 401e RI et, enfin, à l’armée d’Orient en 1919. Il fut décoré de la croix de guerre pour sa conduite courageuse. Émile Pugnet revint à Périgeux en 1920 comme ouvrier ajusteur et devait y rester jusqu’à la fin de sa carrière en 1955 : chef de brigade d’ouvriers en 1929, il accéda au grade de contremaître en 1936.

Pierre Pugnet ne participa pas à la grève de mai 1920 et s’affilia par la suite au syndicat confédéré. Délégué d’atelier durant trente ans, il fut élu, en 1926, délégué du personnel de maîtrise et ensuite désigné comme responsable du syndicat CGT des cadres. Après 1937, il appartint à de nombreuses commissions sociales de la SNCF, au niveau local, régional et national. Pugnet s’engagea dans la Résistance, « dès 1940 » selon lui, et fit partie, de janvier 1943 à août 1944, du groupe Jean Jaurès des FFI de Périgueux. Il obtint une nouvelle croix de guerre et la médaille militaire au titre de la Résistance. Le Journal officiel du 7 janvier 1955 précise les motifs d’attribution de la médaille militaire : « Sur la brèche dès 1940, fait dactylographier et diffuser régulièrement tous les discours du Général De Gaulle, (...) et Roosevelt. En liaison constante avec mouvements Combat, Libération, NAP, ESD est chargé de nombreuses missions. Met au service de la Résistance le Central téléphonique de la gare de Périgueux. Assure les liaisons entre les Zones et organise le 2e bureau des FFI. Belle figure de patriote. »

Président du Comité clandestin de Libération de Périgueux, Émile Pugnet fut désigné maire de la ville le 5 octobre 1944. Adhérent des Jeunesses socialistes dans sa jeunesse, il n’adhéra formellement à la SFIO qu’en 1946 ou 1947. Lors des élections municipales d’avril 1945, il fut candidat sur la liste d’union de la Résistance, qui fut élue au premier tour dans sa totalité sauf un siège. Cette liste était confrontée, entre autre à une liste socialiste. Réélu maire, il conduisit en 1947 la liste SFIO qui n’obtint que quatre siège contre onze aux communistes. Il conserva cependant son siège de maire grâce à l’apport des élus du RPF, du MRP et du RGR. Il demeura maire jusqu’en 1959. Pierre Pugnet, qui aimait sa ville, mit en œuvre une gestion intransigeante, parfois jugée trop personnelle, mais non dénuée d’efficacité et de volonté novatrice et sociale. Il fut également un partisan et l’un des premiers propagandistes dans le département des projets de construction européenne, cumulant de nombreuses fonctions : membre du comité directeur de l’Union des villes et communes de France ; membre de l’Union internationale des maires ; représentant des maires de Dordogne au comité de l’Association des maires de France ; président de l’Office HLM de Périgueux ; vice-président de l’Union hospitalière du Sud-Ouest. Il présenta le rapport sur la politique foncière aux journées d’études sur les questions municipales et le logement, tenues à Puteaux les 26 et 27 octobre 1960.

Président départemental des Combattants volontaires de la Résistance, après avoir échoué aux sénatoriales de 1955, il fut élu sénateur de la Dordogne à une élection partielle le 13 janvier 1957, toujours sous l’étiquette socialiste. Il le demeura jusqu’en 1959 seulement (passage à la Ve République et élection d’un nouveau Sénat). Au municipales de 1959, la liste de Pugnet arriva en troisième position, se retira et la liste de droite fut élue en entier. Six ans plus tard, aux municipales de 1965, Pugnet se présenta sur la liste d’Yves Guéna, alors que la SFIO participait à la liste centriste de Barrière. Il fut alors exclu par la commission des conflits de la fédération socialiste, qui n’accepta pas sa démission, le 7 mars 1965. Pugnet fut par ailleurs candidat à plusieurs reprises aux élections cantonales à Périgueux, de 1951 à 1958 où, arrivé en 3e position au premier tour, il se maintint et fut battu au 2e tour. Après cet échec et celui des municipales de 1959, il avait réduit ses activités politiques. On relèvait pourtant sa présence au congrès fédéral socialiste de 1960.

Pierre Pugnet était chevalier de la Légion d’honneur. Marié en 1922 à Périgueux avec Marie-Louise Ressaussière, modiste, il était père d’un fils né en 1927.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article7808, notice PUGNET Pierre [PUGNET Émile, Jules, dit] par Francis Colbac, Pierre Couchot, Marie-Louise Goergen, version mise en ligne le 30 juin 2008, dernière modification le 19 avril 2023.

Par Francis Colbac, Pierre Couchot, Marie-Louise Goergen

[Sénat]

SOURCES : Arch. Nat. F/1b1/998. F/1cII/255. F/1cII/289. F/1cII/318. — Arch. Com. Périgueux : procès-verbaux des séances du conseil municipal. — Arch. SNCF de Béziers. — Arch. de l’OURS, dossiers Dordogne et A9/50 MM. — Le Progrès de la Dordogne, 1er juin 1955. — Marie-Françoise Crouzille, La SFIO en Dordogne de 1944 à 1958, TER Histoire, Université de Bordeaux III, 1995-1996. — Notes de Gilles Morin et Jean-Pierre Besse. — État civil.

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