Né le 1er janvier 1866 à Dampierre-sur-Salon (Haute-Saône) ; mort à Paris le 19 novembre 1931 (XIVe) ; professeur, journaliste, écrivain, chansonnier ; député, sénateur, ministre radical-socialiste.
Il était le fils aîné de Claude Couyba, boulanger, et d’Amélie Vielle, qui tinrent par la suite l’hôtel du Soleil d’Or. Il avait trois soeurs et un frère.
Agrégé de l’enseignement spécial (section littéraire), licencié ès lettres en lettres et en histoire à la faculté de Lyon, Charles Couyba fut un personnage original de la IIIe république triomphante, qui mêla dans son parcours son double intérêt pour la politique et les arts.
Il collabora en tant que journaliste au Gil Blas, à L’Evénement et La Revue bleue. Il était connu sous le pseudonyme de Maurice Boukay en chantant le soir au cabaret du « Chat noir », où il rencontra Verlaine et Sully-Prud’homme
Il fut élu conseiller général de la Haute-Saône en 1895, et deux ans plus tard, député de la circonscription de Gray (Haute-Saône), siège qu’il conserva jusqu’en 1907. Et il resta maire de sa commune natale, Dampierre, de 1904 à 1919.
Il épousa le 6 octobre 1902 à Neuvelle-les-La-Charité, Hélène Hézard, fille d’Henri Hézard, ancien conseiller général de la Haute-Saône. Ils eurent une fille, Charlotte, née en 1903.
Siégeant à la Chambre dans le groupe de la gauche radicale, il s’occupa surtout des questions relatives à l’enseignement et aux Beaux-Arts, développant ses positions dans divers ouvrages dont Classiques et modernes, la réforme de l’enseignement secondaire en 1901, Les Beaux-arts et la nation, en 1908.
En 1907, il passa du Palais Bourbon au Palais du Luxembourg, élu sénateur de la Haute-Saône, siège qu’il occupa jusqu’en 1920. Du 27 juin 1911 au 14 janvier 1912, il fut ministre du Commerce dans le cabinet Caillaux. Puis il détint le portefeuille du Travail et de la Prévoyance sociale, du 13 juin au 14 août 1914, dans le cabinet de René Viviani.
Homme politique tout autant qu’artiste, il fut président de la SACEM (Société des auteurs et compositeurs de musique) à partir 1907.
Il resta célèbre pour les Stances à Manon mises en musique par Paul Delmet, qui connurent un grand succès à l’époque et longtemps après. Il écrivit aussi des chansons à tendance sociale dans le style de Pierre Dupont. Le Soleil rouge aurait pu être l’Internationale d’Eugène Pottier. En avril 1916, son Hymne arménien fut joué dans le grand amphithéâtre de la Sorbonne sous le présidence de Paul Deschanel, alors président de la Chambre des députés, en hommage à l’Arménie, après le génocide. Georges Brassens interpréta plus tard sa chanson : Tu t’en iras les pieds devant (musique de Marcel Legay).
Charles Couyba s’engagea aussi dans le mouvement pour le théâtre populaire qui se développait au début du vingtième siècle. Le 6 juillet 1901, il exposa à la Chambre des députés, un projet de théâtre populaire parisien qui s’installerait au Châtelet où il proposait de mettre à la portée de tous une culture qui ne s’organise pas en système de valeur. " Cendrillon de la littérature populaire ", la chanson y aurait été programmée à part égale avec " ses grandes sœurs, la comédie et la tragédie ", l’opéra et l’opéra-comique, les concerts ou " les projections lumineuses et colorées ". Il estimait qu’il "n’est pas juste que le pauvre, déjà écrasé par toutes les iniquités fiscales et sociales, continue à payer pour la grande joie du riche. Il n’est pas juste que l’État et les artistes officiels se désintéressent de l’éducation artistique de ceux qui les font vivre et qui leur procurent gloire et profit ".
En 1903, il appartint au comité de personnalités qui encouragea le Théâtre Populaire qu’Émile Berny fonda le 19 septembre dans l’ancien café-concert des Folies-Belleville à Paris. En 1911 et 1912, il apporta son soutien au Théâtre National Ambulant, donnant ses spectacles dans le Nord et l’Est, sous la direction de Firmin Gémier futur premier directeur du TNP à Paris en 1920.
Charles Couyba termina sa carrière comme directeur de l’École des Arts décoratifs, nommé en 1926, succédant à Eugène Morand, poste qu’il occupa jusqu’à son décès. Président d’honneur de la SACEM, il fut aussi président de l’Art à l’école et de la Maison de la poésie.
ŒUVRE : L’Escholier et l’étudiant, saynète infernale, jouée au Casino des arts de Lyon, le 23 mars 1890 et publiée chez A.Pastel, Lyon, 1890. — Chansons d’amour, préface de Paul Verlaine, Dentu, 1893. — Chansons rouges, Flammarion, 1893. — Nouvelles Chansons, rêves, joies, regrets, préface de Sully-Prud’homme, Flammarion, 1895. — Classiques et modernes, la réforme de l’enseignement secondaire, Flammarion, Paris, 1901. — L’Art et la démocratie : les écoles, les théâtres, les manufactures, les musées, les monuments, Flammarion, 1902. —Les Beaux-Arts et la nation, Hachette, 1908. — La Chanson des mois pour la jeunesse, Larousse, 1913. — Livret de Françoise, drame lyrique en quatre actes, musique d Ch.Pons, donné au Grand Théâtre de Lyon en novembre 1913, publié aux éditions Joubert, 1913. — Le Parlement français, H.Laurens, 1914.
SOURCES : France Vernillat, Jacques Charpentreau, Dictionnaire de la chanson française, Paris, 1968. — Pierre Brochon. La Chanson sociale, de Béranger à Brassens, Paris, 1961. — Jolly, Dictionnaire des parlementaires français. — Biographie par Catherine Faivre-Zellner dans le cadre de sa thèse sur Firmin Galtier, héraut du théâtre populaire, Paris III. — Site du musée de la maison de Mauric Couyba à Dampierre. — Notes d’Alain Dalançon.