BOURGEOIS Clovis, Alcide

Né le 5 mars 1859 à Deville (Ardennes) ; marié, père de quatre enfants dont un illégitime ; ajusteur mécanicien, puis contremaître ; militant syndicaliste révolutionnaire.

Bourgeois avait fréquenté l’école primaire jusqu’à l’âge de dix ans et savait lire et écrire. En 1890, il était employé à Renwez (Ardennes) comme contremaître à la filature Moret. Il fut renvoyé en raison de ses idées socialistes et parce qu’il apparaissait comme l’un des principaux leaders du mouvement ouvrier dans la bourgade : il fréquentait avec assiduité les réunions politiques à Charleville et à Revin où il se faisait remarquer par ses violences de langage vis-à-vis du patronat.
Il alla travailler à Rimogne, puis de là à Revin. Membre très actif de la chambre syndicale, il se dépensa sans compter lors de la grève Faure durant l’hiver 1890-1891. C’est dans cette atmosphère, exalté par la grève, par la lecture des journaux et par les conférences dans les cabarets de la ville, que Bourgeois en arriva à cette idée que puisqu’on ne peut se faire rendre justice par des moyens pacifiques, il faut user de la violence.
Le 1er mai 1891, il fut l’auteur avec son camarade d’atelier Bigel, de tentatives d’incendie dans les bois aux environs de Revin. Il fut l’un des principaux instigateurs des attentats à la dynamite de Charleville et de Revin. C’est lui qui alla, dans la nuit du 11 au 12 juin, placer avec Bigel, à la gendarmerie de Revin, l’engin explosif qu’ils avaient préparé. Il fut l’instigateur de l’attentat contre la maison Deville à Charleville, par vengeance personnelle (il avait été jadis renvoyé de chez cet industriel) alors que ses complices et, en particulier Chuillot, voulaient faire sauter le journal Le Petit Ardennais, en raison de ses commentaires sur les grèves de Revin.
La cour d’assises des Ardennes condamna Bourgeois, le 11 novembre 1891, à sept ans de travaux forcés et dix ans d’interdiction de séjour, pour complicité de destruction d’édifices publics à l’aide de la dynamite.
Enfermé à la maison centrale de Melun, il comparut à nouveau devant la cour d’assises qui le condamna, le 23 novembre 1894, à douze ans de travaux forcés et à dix ans d’interdiction de séjour pour les tentatives d’incendie du 1er mai 1891. En prison, Bourgeois déclara avoir agi dans un moment d’exaltation, ajoutant même qu’il y avait été poussé — ce qui parait peu vraisemblable — par son syndicat et par J.-B. Clément.
Condamné à la déportation en Guyane, il embarqua le 22 février 1895 et obtint en 1902 la remise du restant de sa peine malgré une conduite jugée « médiocre ». Resté en Guyane, il fut condamné à plusieurs reprises pour rupture de ban.

Pour citer cet article :
https://maitron.fr/spip.php?article78197, notice BOURGEOIS Clovis, Alcide , version mise en ligne le 30 mars 2010, dernière modification le 14 mai 2020.

SOURCES : Arch. Dép. Ardennes, série I U, dossiers 2 095 et 2 156 (recherches de M. Vuarnet). — Archives Nationales d’Outre-Mer, Base de données des dossiers individuels de condamnés au bagne, Clovis Alcide Bourgeois — Notes de Valentine Dumas.

ICONOGRAPHIE : Arch. Dép. Ardennes, série I U, dossier 2 156.

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